Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/511-520

Fascicules du tome 1
pages 501 à 510

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 511 à 520

pages 521 à 530



point d’autre nom que celui de poissons armés, à cause qu’ils sont tout couverts de petites pointes, grosses & longues comme des fers d’aiguillettes, & pointues comme des aiguilles. Voyez le Dictionnaire des Arts.

A main-armée. Sorte d’adverbe, qui signifie, avec force, & les armes à la main. Armatâ manu. Il est venu enlever tous les fruits de ma terre à main-armée. Il ne manqueroit pas de l’aller trouver sur la frontière ; mais ce seroit pour l’y recevoir à main-armée.

ARMET. s. m. Casque, ou habillement de tête. Galea.

Ce mot vient par diminution de helmette, par corruption, pour elmet, ou de elmetto, comme qui diroit, petit heaume. Pasquier dit que ce mot n’est venu en usage que sous François I, & présentement il n’est guerre usité qu’en parlant des chevaliers errans des vieux Romans. Il n’y a point d’armet qui puisse résister à ses coups. Voit.

Alphonse & Lisamante accourant au rivage,
Donnent sur les brigands, & font voler à bas
Les têtes, les armets, les écus & les bras.

P. le Moine.

On le dit figurément de la tête même ; mais c’est seulement dans le style simple, familier & comique. Cet ivrogne en a dans l’armet, ce vin lui a barbouillé l’armet.

ARMILLAIRE. adj. f. Armillaris. Terme d’Astronomie. C’est une épithète que les Astronomes donnent à une sphère évidée, composée de plusieurs cercles de carton, ou de cuivre, qui servent à représenter & à expliquer plus sensiblement la disposition du ciel, & les mouvemens des astres. La première machine que le P. Verbiest ait fait faire pour l’Observatoire de Peckin, c’est une sphère armillaire zodiacale de six pieds de diamètre. P. le Comte.

☞ Il y a trois sphères artificielles différentes : celle de Ptolomée, celle de Copernic, & celle de Tycho-Brahe, qui représentent la disposition du ciel & les mouvemens des corps célestes, suivant les principes de ces trois Auteurs.

☞ Le mot d’armillaire vient du latin armillaris, armilla, brasselet, collier, anneau.

ARMILLE. Voyez Astragales.

ARMILUSTRIE. s. m. Armillustrium. Nom d’une fête des anciens Romains, dans laquelle ils sacrifioient armés, & au son des trompettes. C’est la mal définir, que de dire, que c’étoit une fête en laquelle on faisoit la revue générale des troupes dans le champ de Mars ; aussi Varron ne dit point que ce mot vienne du latin arma, armes, & de lustrare, faire revue ; mais de ce que le sacrifice se faisoit dans le lieu où se faisoient les revues, ou plutôt, parce que ceux qui le faisoient, tournoient autour de la place où il se faisoit, armés de boucliers ; & il préfère ce sentiment, persuadé que c’est de ce jeu, ou de cette cérémonie, que le lieu où ce sacrifice s’offroit aux Dieux, avoit été appelé armilustrium, ou armilustrum, ab luendo, aut lustro ; id est, quod circumibant ludentes ancilibus armati. Les Gloses expliquent armilustrium, ὁπλοκαθάρσιον, ou ὅπλων κάθαρσις, expiation des armes, ainsi ce mot n’est point composé de lustro, faire revue, mais de lustro, purger, expier. C’étoit un sacrifice pour expier les armes, pour la prospérité des armes du peuple Romain. Il se faisoit le 14e des Kalendes de Novembre, c’est a-dire, le dix-neuvième d’Octobre.

ARMINACHA. Ville de l’Anatolie. Arminacha. Elle est dans l’Aladulie, au pied du mont Taurus, & beaucoup plus orientale que la ville de Tianée. C’est, à ce que l’on croit, l’ancienne Cybistra, ville autrefois épiscopale de la petite Arménie.

ARMINIANISME. s. m. Arminianismus, Arminianorum secta. C’est la doctrine d’Arminius, professeur dans l’Université de Leyde, & des Arminiens, ou de la secte qui l’a suivi. Le point principal de cette doctrine, est qu’Arminius & les Arminiens, trouvant la doctrine de Calvin insoutenable sur la grâce & le libre arbitre, revinrent à celle de l’Eglise, & soutinrent qu’il y a une grâce universelle donnée à tous les hommes ; que l’homme est toujours libre de rejeter, ou de correspondre à la grâce, &c. Une doctrine si claire ne pouvoit plaire aux Calvinistes. Gomar, Professeur en Théologie à Groningue, collègue d’Arminius, qui tenoit pour la grâce particulière, donnée aux seuls prédestinés, & pour le décret positif, tant de réprobation pour les uns, que d’élection pour les autres ; Gomar, dis-je, s’y opposa fortement, & le synode de Dordrecht la condamna. Ces disputes commencèrent dès l’an 1609 ; mais elles n’éclatèrent que deux ans après. Elles passerent de l’école dans le gouvernement, & peu s’en fallut que la république de hollande n’en fût bouleversée. Voyez Arminien.

ARMINIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de secte. Arminianus, a. C’est le nom qu’on donne dans la Hollande à un puissant parti de sectaires qui se sont séparés des Calvinistes. Ils tirent leur nom de Jacques Arminius, fameux Professeur en Théologie dans l’Académie de Leyde. On les nomme aussi Remontrans, à cause d’une remontrance qu’ils présenterent aux Etats Généraux en 1611, où ils exposoient les principaux articles de leur croyance. Quoique Arminius eut étudié sous Bèze, & qu’il eût même été chargé de répondre à un livre qui avoit été publié en Hollande contre les sentimens de ceux de Genève, touchant la prédestination & la réprobation, il ne put se résoudre à soutenir là-dessus l’opinion de Calvin. Il embrassa la doctrine des Pères, & de l’Eglise, qui est tout-à-fait contraire à celle de cet hérésiarque.

Si les Arminiens s’en étoient tenus au sentiment de leur maître, on n’auroit pas eu de quoi les condamner comme novateurs, parce qu’ils prétendent avoir de leur côté les plus anciens Pères, & presque toute la tradition de l’Eglise ; mais leurs successeurs, & principalement Simon Episcogius, ont poussé les choses si loin, qu’ils se sont fort approchés des Sociniens ; & c’est ce qui donna de grands sujets de plainte aux Calvinistes, qui ne purent cependant les réfuter solidement par leurs principes. Car lorsqu’ils ont reproché aux Arminiens, qu’ils renouveloient une ancienne hérésie qui avoit été condamnée dans les Pélagiens, & dans les demi Pélagiens, ceux-ci les ont combattus par les raisons qui avoient été opposées aux Catholiques Romains, au commencent de la réformation. L’autorité seule des hommes, disoient les Remontrans, ne peut servir de preuve légitime, que dans la communion de Rome. Ce n’est pas assez de montrer qu’une opinion a été condamnée, si l’on ne montre en même temps qu’elle a été justement condamnée : Nec satis est damnatam olim sententiam esse, nisi damnandam eam, aut jure, aut ritè damnatam esse constet. Ils parlent de la sorte dans la lettre qu’ils ont fait imprimer à la tête de leur Apologie.

Sur ce principe, que les Calvinistes ne peuvent pas rejeter, les Arminiens ont beaucoup diminué le nombre de ce qu’on appeloit auparavant les articles fondamentaux de la religion. Comme ils ne les trouvoient point tous établis clairement dans les livres sacrés, ils se moquerent des cathéchismes & des formules de foi auxquels on vouloit les assujettir. C’est pourquoi ils furent condamnés dans le fameux synode de Dordrecht, tenu en 1618, où se trouvèrent un grand nombre de Théologiens Calvinistes. M. Simon a parlé au long des Arminiens, de leurs sentimens, & de leurs principaux Ecrivains, dans son Histoire des Commentateurs du nouveau Testament, ch. 54.

L’Auteur d’un petit livre intitulé, de la Religion des Hollandais, imprimé à Paris en 1675, a expliqué à fond la croyance des Arminiens. Voici ce qu’il en dit dans sa deuxième lettre : depuis la mort d’Arminius, & du temps de Vorstius, & d’Episcopius, un très-célèbre docteur d’entre eux, ils ont adopté plusieurs erreurs des Sociniens. La plupart même d’entre eux ont quitté l’opinion de leur premier maître sur les points de la prédestination & de l’élection éternelle. Arminius avoit enseigné, que Dieu a élu les fidèles par la prévision de leur foi : & Episcopius croit que Dieu n’a élu personne de toute éternité ; mais qu’il élit les fidèles dans le temps, lorsqu’ils croient actuellement. Il ne parle qu’en des termes fort douteux & ambigus de la prescience de Dieu, laquelle croit la grande forteresse dans laquelle Arminius d retranchoit. Ces mêmes Arminiens d’aujourd’hui croient que la doctrine de la Trinité des personnes dans une seule essence, n’est point nécessaire au salut ; qu’il n’y a dans l’Ecriture aucun précepte, par lequel il nous soit commandé d’adorer le S. Esprit ; que Jésus-Christ n’est pas un Dieu égal au Père ; que la foi en Jésus-Christ, par laquelle nous sommes sauvés, n’a point été condamnée, ni n’a point eu lieu sous la vieille alliance. La plupart évitent avec soin le mot de satisfaction de Jésus-Christ. Episcopius cependant dit, Jésus-Christ par sa passion a satisfait jusque-là à Dieu, qu’il l’a rendu propice à tout le genre humain. Ils pressent avec grand soin la tolérance de toutes les opinions de ceux qui professent la religion chrétienne, soutenant que tous les chrétiens s’accordent dans les points les plus importans, & comme l’on appelle, essentiels & fondamentaux de la religion ; que jusqu’ici il n’a point été décidé par un jugement infaillible, qui sont ceux d’entre les chrétiens qui ont embrassé la religion la plus véritable & la plus conforme à la parole de Dieu ; que pour cet effet, tous peuvent s’unir pour composer un seul & même corps d’Eglise, & qu’ils doivent s’aimer comme frères ; que l’on ne doit contraindre personne à condamner & à quitter ses sentimens, ou a approuver & suivre ceux autrui.

Si Arminius revenoit au monde, ajoute l’Auteur de ce petit livre, il ne reconnoitroit assurément pas pour ses disciples la plûpart de ceux qui portent son nom. Il y en a cependant qui n’ont rien ajouté à ses sentimens, mais les uns & les autres s’accordent tous en ce point, qu’on doit tolérer tous les chrétiens, ou pour ne composer tous ensemble qu’une même Eglise, ou pour permettre à chacun la liberté de sa religion. Les principaux Ecrivains de la secte des Arminiens, sont Arminius, Episcopius & Grotius. On y peut ajouter Courcelles, qui a composé un corps de Théologie, où il a mis en abrégé ce qui se trouve plus étendu dans les gros livres d’Episcopius, & y ajoute de son fond plusieurs autres choses. Les Sociniens néanmoins mettent ce Courcelles au nombre de leurs Ecrivains.

ARMIRO. Armira. Il y a la ville d’Armiro dans l’ile de Candie. Armiro en Grèce, est dans la Thessalie, au fond du golfe d’Armiro, entre Zéiton & Démétriade.

Le golfe d’Armiro ou de Vollo. Sinus Amiranus, ou Pelasgicus, ou Demetriacus, est dans l’Archipel, sur la côte de Thessalie, entre le golte de Salonique & celui de Zéiton, & il prend son nom tantôt de la ville d’Armiro y & tantôt de celle de Vollo, qui sont sur ses bords.

Armiro, est encore le nom d’une montagne de Portugal. Mons Armirus. Elle est aux confins de l’Alentéjo & de l’Estramadure d’Espagne, près de la ville de Portalégre. On croit que c’est l’Herminius des anciens, que d’autres prennent pour la Strella de nos jours, montagne plus voisine de la mer.

Armiro. Rivière de l’île de Candie. Armirus. Elle coule dans le territoire d’Armiro, près de Castel-Malvesi, & se décharge dans la Méditerranée ; près de Puleo Castro. On la prend pour l’Oaxes des Anciens.

Armiros. Sauvages de l’Amérique, qui habitent le long de la rivière de la Plata. Alvaro donna le nom de Vera à la province qu’ils habitent.

ARMISTICE. s. m. Suspenfion d’armes pour un petit espace de temps. Induciæ. Les troupes du Roi voyant expirer le terme de l’armistice, se mirent en état de passer le Rhin. Les plus pressantes sollicitations auprès des Puissances qui étoient en guerre, pour les engager à convenir d’un armistice, & à entrer en négociation… L’Armistice a été agréé par toutes les Puissances. Merc. Janv. 1736.

Ce mot est formé de deux mots latins, arma, & stare, qui veulent dire étant joints en un, que les armes sont en repos, <se que les expéditions militaires cessent.

Armistice, suspension d’armes, trève. Les Vocabulistes nous donnent ces trois mots comme parfaitement synonymes, puisqu’ils ne les distinguent par aucunes nuances. Ils désignent tous trois une cessation de tous actes d’hostilités entre deux partis qui sont en guerre : mais chacun paroit avoir son caractère particulier. Armistice & suspension d’armes paroissent synonymes, en ce qu’ils désignent une cessation d’hostilité pour un petit espace de temps ; mais le terme de suspension d’armes est plus du langage ordinaire, celui d’armistice, qui est presque tout latin, paroit plus fait pour les savans. Trève est une cessation d’actes d’hostilités peur un temps plus long, & cette convention se fait ordinairement par écrit.

ARMOA. Petite rivière de la Morée. Armoa. Elle est dans l’Arcadie, & se décharge dans l’Alphée. Quelques Géographes croient que c’est l’Amarynthus des Anciens, rivière du Péloponnèse.

ARMOGAM. s. m. Terme de Marine, qui signifie, le beau temps qui est propre à naviguer. Tempus navigationi idoneum. Quand le maître perd son armogan, s’il arrive du dommage au navire, il le doit payer au marchand. ☞ On ne le dit que sur la Méditerranée.

ARMOIRE. s. f. Meuble de bois, fait en forme de buffet, qui sert à serrer des habits, ou autres hardes. Armarium. On trouve armoris. & armoria dans la plus basse latinité, qui se dit d’un coffre ou armoire, qui étoit dans l’église proche l’autel. Voyez Act. Sanct. Jun. T. II, p. 101, C. & 103, C. Armoire à tant de tiroirs, de guichets. On l’appelle ainsi, à cause qu’on y fermoit autrefois les armes, & maintenant les titres de familles, & mille autres choses. C’étoit aussi le lieu où les anciens chevaliers tenoient leurs habits de joûtes & de tournois, leurs écus & leurs armes.

Armoire a vaisselle. C’est un ouvrage de menuiserie, qui sert à mettre la vaisselle & autres choses de cette nature, appartenant à la cuisine.

ARMOIRIE. s. f. On appelait ainsi autrefois les œillets de Poëtes, Voyez Œillet.

ARMOIRIES. s. f. pl. Marques de noblesse & de dignité, composées régulièrement de certaines figures & d’émaux, données ou autorisées par les Souverains pour la distinction des personnes & des maisons. Insignia gentilitia. Les plus belles armoiries, selon l’art, & les plus belles à voir, sont les moins chargées, & celles dont les figures sont faites de simples traits, comme les partitions & les pièces honorables. Il n’y a que quatre couleurs & deux émaux, qui entrent dans les armoiries. ☞ Il est défendu aux roturiers de porter des armoiries timbrées. Faire peindre ses armoiries. On se sert plus ordinairement du mot armes quand on peut éviter l’équivoque des armes ordinaires. Blasonner des armes. Quelles sont vos armes ?

Ce mot vient d’armure, à cause qu’on peignoit autrefois sur les écus, les casques & les cottes d’armes des Chevaliers, les marques qu’ils avoient prises pour se distinguer les uns des autres, tant à la guerre, que dans les tournois.

Les Savans ne font pas d’accord sur l’origine des armoiries. Favin prétend qu’elles ont été dès le commencement du monde ; Ségoin, du temps des enfans de Noé ; d’autres, du temps d’Osiris ; ce qui est appuyé par quelques passages de Diodore de Sicile ; d’autres, du temps des Hébreux, parce qu’on a donné des armes à Moyse, à Josué, aux douze tribus, à Esther, à David, à Judith, &c. d’autres, aux temps héroïques, & sous l’empire des Assyriens, des Médes & des Persans, s’appuyant sur Philostrate, Xénophon & Quint-Curce. Quelques-uns prétendent qu’Alexandre régla les armoiries & l’usage du blason. Le P.Monet veut qu’elles aient commencé sous l’empire d’Auguste ; d’autres, pendant les inondations des Goths ; & d’autres, sous l’empire de Charlemagne. Chorier, dans son Hist. du Dauphiné, T. I, p. 97, remarque que les Tires étoient les boucliers des Gaulois, qui les couvroient entièrement ; que chaque soldat y faisoit peindre quelque marque qui lui étoit propre, & par la vue de laquelle il pouvoit être reconnu entre ses compagnons ; il cite sur cela Pausanias qui le dit en effet ; & c’est là, selon Chorier, l’origine des armes des nobles familles. Il dit ailleurs, que ce seroit le comble de l’ignorance, de croire que les Romains aient entièrement ignoré les armoiries ; mais qu’il n’y en auroit guère moins à soutenir qu’ils en aient eu de propres à chaque famille. Spelman dit que ce sont les Saxons, les Danois & les Normands qui les ont apportées du Nord en Angleterre, & de-là en France. Or il est certain que de temps immémorial, il y a eu parmi les hommes des marques symboliques pour se distinguer dans les armées, & qu’on en a fait des ornemens de boucliers & d’enseignes ; mais ces marques ont été prises indifféremment pour devises, emblèmes, hiéroglyphes, &c, & ce n’étaient point des armoiries comme les nôtres, qui sont des marques héréditaires de la noblesse d’une maison, réglées selon l’art du blason, & accordées, ou approuvées par les Princes. Ainsi avant Marius, l’aigle n’étoit point l’enseigne perpétuelle du Général des Romains : ils portoient indifféremment dans leurs étendards, ou un loup, ou un léopard, ou un aigle, selon le choix de celui qui commandoit. On remarque la même diversité à l’égard des François ; & c’est pourquoi les Auteurs sont partagés lorsqu’ils parlent des armoiries de France. Les uns disent que les François avoient pour armes trois crapauds ; les autres trois croissans ; les autres trois couronnes, & les autres un lion. Comme ces armoiries n’étoient point fixes ni perpétuelles, chaque Auteur a pris pour les armes des François, celles qu’on remarquoit dans les temps qu’il écrivoit. Quelques-uns prétendent que jusqu’à Clovis, les Rois avoient trois crapauds dans leurs armes ; & que ce Prince se fit apporter les fleurs-de-lis par un Hermite ; mais d’autres soutiennent que Louis le Jeune, dans le treizième siècle, est le premier qui ait pris des fleurs de-lis sans nombre ; Charles VI les réduisit à trois. En effet, tous les Auteurs les plus éclairés tiennent que les armoiries des maisons, aussi-bien que les doubles noms des familles, n’ont pas commencé avant l’an 1000. M. le Laboureur prétend que l’usage des armoiries n’est pas plus ancien que les premières croisades des Chrétiens pour l’Orient. L’opinion qui les fait remonter au delà du dixième siècle, a été réfutée par Spelman, André du Chelne, Blondel, les Frères de Sainte-Marthe, de Juftel, l’Espinoy, Chifflet, Bauchet, Du Tillet, & le Père Ménestrier. Ce sont les tournois qui ont fait fixer les armoiries. Henri l’Oiseleur, qui régla les tournois en Allemagne, fut l’occasion de ces marques d’honneur, qui sont plus anciennes chez les Allemands que dans tout le reste de l’Europe. Ce fut alors que commencèrent les cottes d’armes, qui étoient une espèce de livrée composée de diverses bandes de plusieurs couleurs, d’où vinrent la fasce, la bande, le pal, le chevron, la losange, &c. qui ont donné le commencement aux armoiries. Ceux qui ne s’étoient jamais trouvés aux tournois, n’avoient point d’armoiries, quoiqu’ils fussent Gentilshommes. Les Seigneurs qui se croiserent pour aller conquérir la Terre-Sainte, prirent aussi ces marques d’honneur pour se distinguer. Avant ce temps-là, c’est-à-dire, avant le X ou XIe siècle, les armoiries n’étoient point en usage. On ne remarque sur les tombeaux plus anciens que des croix, & des inscriptions gothiques, avec la représentation de la personne. Le tombeau du Pape Clément IV, mort en 1268, est le premier sur lequel on trouve des armoiries. On ne voit non plus des armes sur les sceaux, ou sur les monnoies que depuis le X ou le XIe siècle. La première monnoie de France avec des armoiries est un denier d’or de Philippe de Valois, où il est représenté tenant de la main gauche un écu semé de fleurs-de-lis. Cette pièce d’or battu en 1336, fut nommée écu, à cause de l’écusson des armoiries de France. On trouve bien des figures plus anciennes, ou dans les étendards, ou dans les médailles ; mais ni les Princes, ni les villes n’en ont pas fait des armoiries en forme, & l’on ne trouve aucun Auteur qui fasse mention de l’art du Blason au-dessus de ces siècles-là.

Auffitôt maint esprit fécond en rêveries,
Inventa le blason avec les armoiries :
De ses termes obscurs fit un langage à part, &c.

Boil.

Il n’y avoir originairement que les seuls Nobles qui eussent le droit d’avoir des armoiries ; mais le Roi Charles V, par sa charte de l’an 1371, ayant anobli les Parisiens, il leur permit de porter des armoiries : sur cet exemple, les plus notables Bourgeois des autres villes prirent aussi des armoiries.

Les armoiries n’ont commencé à être pendues dans les églises que vers l’an 1341, dont on voit un témoignage dans l’Histoire de Joinville. D’autres disent que cela ne commença qu’en 1350, par un Evêque d’Utrecht, en faisant les obsèques de son frère. Basilius Poncius, Augustin de Léon en Espagne, a fait une Dissertation en quatre Chapitres, dans laquelle après avoir recherché l’origine des armoiries, & montré qu’il semble qu’il y ait de la vanité à un homme de faire mettre ses armes sur ce qui lui appartient ; il conclut cependant dans le quatrième chapitre, que cela se peut faire sans orgueil.

On dit proverbialement, il n’y a point de plus belles armoiries que celles d’un vilain, il prend ce qu’il veut.

ARMOISE. s. f. Artemisia. Plante appelée par le vulgaire Herbe de la S. Jean. Sa racine est de la grosseur du doigt, branchue, & fibreuse, un peu douce & aromatique au goût. De son collet naissent plusieurs tiges hautes de quatre à cinq pieds, rondes, cannelées, velues, moelleuses, moins grosses que le petit doigt, le plus souvent lavées de pourpre, d’autres fois vertes, & garnies de feuilles, quelquefois pâles ou blanchâtres, assez semblables à celles de l’absinthe ordinaire ; mais leurs segmens sont plus larges dans le bas, & plus longs & plus étroits à leurs extrémités : elles sont outre cela vertes en dessus & blanchâtres en dessous ; ses tiges sont branchues & terminées par des épis de fleurs. Chaque fleur est un amas de petits fleurons de couleur de pourpre, ou blanchâtres, renfermés dans des calices écailleux, arrondis, & d’une ligne de diamètre environ. Ces fleurs ont une odeur foible, aromatique, cependant agréable & approchante de celle de la lavande. Ses semences sont menues comme celle de l’absinthe & succédent aux fleurons. Le peuple croit mal-à-propos qu’on trouve sous la racine de l’armoise un charbon ; qu’il faut l’y chercher la nuit de la veille de S. Jean Baptiste ; & que ce charbon est un souverain remède pour l’épilepsie. L’armoise est recommandée pour les maladies des femmes. On l’emploie en décoction & en syrop. On assure que le moxa des Chinois est un coton qui se ramasse sur une espèce d’armoise de la Chine. On fait brûler ce moxa sur les parties attaquées de la goutte. L’armoise se trouve assez communément par-tout. Elle a pris son nom d’une racine de Carie, appelée Artemisia, d’Artémise femme de Mausole. On croit qu’elle a été la première qui l’a mise en usage. Voyez le Dictionnaire Economique sur les propriétés de l’armoise.

ARMOISIN. s. m. Espèce de taffetas qui vient d’Italie & de Lyon, qui est de moyenne bonté. Le demi-armoisin est le taffetas d’Avignon, qui est de moindre valeur. Il y a de l’armoisin à trois fils. Ce taffetas est ainsi nommé, selon M. Huet, pour ormoisin, parce qu’il vient de l’île d’Ormus. Il s’est fait en Italie & à Lyon. D’autres prétendent que ce mot vient de l’italien armosino, & qu’il a été ainsi nommé, parce qu’on mettoit plusieurs armoiries sur la toilette qui l’enveloppoit.

Armoisin des Indes. C’est un taffetas fabriqué aux Indes Orientales, mais plus foible, & de moindre qualité que les armoisins qui se font en Europe. Les couleurs, sur-tout le cramoisi & le rouge, en sont ordinairement fausses, & ils ont peu de lustre & point du tout de brillant.

ARMON. s. m. Terme de Sellier. C’est une partie du train de devant d’un carrosse. Armus. Il y a deux pièces de bois un peu courbes qui prennent d’un côte sur l’essieu de devant, & qui aboutissent de l’autre au timon. Elles servent à soutenir une cheville, sur laquelle le timon est mobile, pour le lever quand on veut. Ces deux pièces s’appellent les armons ; & ce mot vient apparemment d’armus, à cause qu’ils sont comme les flancs du timon.

ARMONIAC. Voyez Ammoniac.

ARMORIAL. s. m. quelquefois adjectif. Recueil de plusieurs armoiries. Livre qui contient les armoiries de la noblesse du royaume, d’une province. Gentilitiorum insignium index. Le Mercure Armorial de Segoin. L’Indice Armorial de Geliot. L’Armorial allemand de Sibmacher, de Fursten, de Vappembourg, &c. L’Armorial de France, de Bretagne, &c.

ARMORICAIN, AINE. s. m. & f. Armoricus. Le P. Lobineau, dans l’Histoire de Bretagne, & peut-être quelques autres encore, appellent ainsi les anciens habitans de l’Armorique, ou de la Bretagne, que tous les autres appellent Armoriques. Les Arboriques de Procope sont les mêmes que les Armoricains ; ce que dit Procope des Arboriques convient aux Armoricains. Il est mieux de dire Armoriques, avec M. de Cordemoy, & nos autres bons Auteurs ; car nous ne formons en ain que les noms terminés en latin en anus ; Africanus, Africain ; Germanus, Germain ; Alanus, Alain, &c. & les noms en icus, comme Armoricus, se changent en ique ; Asiaticus, Asiatiques ; Italicus, Italique, &c. Il est vrai que Jornandes les appelle Armoriciani ; Mais il faudroit donc dire Armoricien, selon l’analogie. Enfin, Armoricain seroit plutôt ce qui appartient au peuple Armorique, que le peuple Armorique même.

ARMORIER. v. a. Peindre ou graver des armoiries. Gentilitium insigne imprimere, inscribere, signare. Il a fait armorier sa vaisselle, son carrosse. Ce parement d’autel est armorié des ses armes.

Il fit armorier au dos de son carrosse,
& sa mitre & sa crosse. Boil.

Les anciens Auteurs qui ont écrit du Blason, disoient armoyer. Un manteau ducal armoyé ; une cotte d’armes armoyée, &c.

ARMORIQUE. s. m. & f. Aremoricus, ou armoricus. Ancien peuple des Gaules qui habitoit l’Armorique. César fait mention des villes ou cités Armoriques. P. Crassus, un des lieutenans de César, avoit fournis les Armoriques ; c’est-à-dire, les peuples qui ont depuis composé les provinces ecclésiastiques de Rouen & de Tours. Cordem. Clovis soumit le royaume des Bretons avec plusieurs villes Armoriques, comme Rouen & Coutances. Id. Le P. Lobineau prétend que les Arboriques de Procope sont les Armoriques. Voyez Arborique. Et ci-dessus Armoricain.

Armorique. Armorica, aremorica. Ancienne contrée des Gaules. Pendant plus de 800 ans on a compris sous ce nom tout ce qui étoit entre la Seine à l’orient, la Loire au midi, l’Océan au nord & au couchant ; c’est-à dire, ce que l’on a appelé la seconde & la troisième Lyonnoise, ou ce que nous appelons aujourd’hui la Bretagne, la plus grande partie de la Normandie, le Maine, le Perche, & la partie septentrionale de l’Anjou & de la Touraine. L’Auteur de la vie de S. Paterne, dit que ce Saint étoit originaire de l’Armorique, étant de la ville de Coutances. Armoricanâ regione civitate Constantia oriundus. On appelle Armorique toute la côte des Gaules depuis les Pyrénées jusqu’au Rhin. Borel. Ménage, orig. Voyez Aquitaine ci-dessus.

Ce nom est celtique & bas-breton, & signifie un pays maritime ; car en breton, ou celtique, Ar signifie super, sur ; & mor veut dire mare, mer ; sur la mer, sur le bord de la mer, sur la côte. César a remarqué, Lib. VII de Bello Gall. c. 14, que les Gaulois appeloient Armoriques toutes les villes situées sur l’Océan. C’est pour cela que Pline, Liv. IV, ch. 17, dit que l’Aquitaine a aussi été appelée Armorique, comme nous l’avons remarqué sur le mot Aquitaine. Les Belges appeloient les Armoriques, Transsequani, les peuples situés au-delà de la Seine. Cénalis dis que les habitans de l’Armorique appeloient autrefois leur pays Lhidaw-Letavia, c’est-a-dire, littoralis, pays situé sur la côte. Aujourd’hui ils l’appellent Breis. Si l’on en croit d’Argentré, Ar, & mor, sont encore en usage en bas-breton. Le nom de Bretagne ne lui a été donné que depuis la fin du IVe siècle.

ARMORISTE. s. m. qui se dit de ceux qui ont écrit du Blason, qui possedent cette science, ou qui l’enseignent. Gentilitii scuti designator, interpres, enunciator. On les appeloit autrefois Blasonneurs.

ARMOSIE. s. f. Vieux mot. Harmonie.

ARMOT. Île de la mer de Gascogne. Armotia. Elle est sur la côte de Saintonge.

☞ ARMOUCHIQUOIS. Peuples de l’Amérique septentrionale, les mêmes que les almcuchiquois. Voyez ce mot. Quoique Corneille en fasse un article à part.

ARMOYÉ, ÉE. adj. Vieux mot. Blasonné, qu’on porte pour armoiries. On lit dans Froissard, « Et delez lui » étoit Messire Jean de Barrois, a pennon armoyé de ses armes.

☞ ARMURE. s. f. Armatura. Armes défensives qui couvrent & joignent quelque partie du corps : ce qui sert à défendre des atteintes ou des effets du coup. Ce mot se dit seulement dans le détail, en nommant quelque partie du corps ; armure de tête, armure de cuisse, &c. mais on ne dit pas en général les armures. On se sert alors du mot armes. Le casque est une armure de tête. Le brassard est l’armure du bras. Le cuissart, l’armure de la cuisse. Le gantelet, de la main. La cuirasse, l’armure du devant & du derrière du corps, depuis la ceinture jusqu’aux épaules. La côte-de mailles, l’armure de tout le tronc. Ce qu’il y a de plus beau dans Don Quichote, n’est pas de le voir revêtu de ses armes combattre contre des moulins à vent, & prendre un bassin à barbe pour une armure de tête.

On le dit aussi des armes défensives, des animaux. Les écailles servent d’armure aux crocodiles.

Armure, se dit aussi en parlant de la pierre d’aiman, de deux morceaux de fer qu’on met aux poles de cette pierre, & qu’on lie bien ferme avec une petite ceinture de métal. Cette armure augmente considérablement la vertu de l’aiman.

Armure, se dit d’un carrelet à pêcher, composé de la perche & de la gaule, qu’on appelle en larmes, & qui le tiennent tendu.

Armure, dans les manufactures de soie, se dit après que le métier est monté, de l’ordre dans lequel on fait mouvoir les lisses, tant de chaîne que de poil, pour la fabrication de l’étoffe,

Armure, se dit aussi en Serrurerie de la ferrure qu’on met à une poutre ou autre machine nécessaire pour sa conservation, ou pour en augmenter la force.

Armure, se dit encore figurément de tout ce qui sert à nous fortifier, & à nous défendre contre les tentations, les misères & les chagrins de cette vie. C’est en ce sens que l’Ecriture-Sainte parle de l’armure de Dieu, par le moyen de laquelle on peut résister aux mauvais jours. La patience est une armure impénétrable. Maug.

ARMURIER. s. m. Marchand qui vend des armes. On le dit aussi de l’Artisan qui les travaille, soit des armes défensives, soit des armes à feu. Armorum faber, opifex.

☞ Dans la rigueur on ne devroit entendre par armurier, que celui qui faisoit autrefois les armes défensives dont les gens de guerre se couvroient, comme le heaume, le casque, les cuissarts, &c. Distingué en cela de l’Arquebusier qui fabrique ou vend les petites armes à feu, arquebuses, fusils, pistolets, &c. Mais l’usage contraire a prévalu.

ARMUYDEN. Ville des Provinces-Unies. Arnemuda. Elle est dans l’île de Walcharen, en Zélande, près de Middelbourg.

ARN.

ARN, ou ARNE, ou ARNO, ou ARNON. Rivière au-delà du Jourdain, à l’orient. Voyez Arnon.

ARNABO. s. m. Grand arbre des Indes Orientales, qui a l’odeur du citron, & la feuille du saule. Il ne porte point de fruit.

ARNALDISTE. s. m. & f. Arnaldista. Disciple ou sectateur d’Arnaud de Bresse, hérétique du XIIe siècle. Il prétendoit que ceux qui possédoient des biens d’Eglise, seroient damnés ; il attaquoit le baptême, & l’Eucharistie. Après avoir excité bien des troubles à Bresse & à Rome, il fut pendu dans cette dernière ville en 1155, & ses cendres jetées dans le Tibre. On appelle aussi ces hérétiques Poplicains, ou Publicains.

On a aussi donné de nos jours le nom d’Arnaldistes aux sectateurs ou partisans d’Antoine Arnaud.

ARNAUD. s. m. Arnaldus. Nom propre d’homme, que l’on a quelquefois confondu avec Arnold, ou Arnoul. Arnoldus. Probablement dans l’origine, ce n’étoit que la même chose ; mais dans la suite l’usage les a distingués, & il ne faut pas les prendre indifféremment l’un pour l’autre. On trouve aussi la même personne appelée Arnaud, ou Renaud. Ce qui montre que ces deux mots sont le même, & que Renaud est fait d’Arnaud par aphérèse, c’est-à-dire, par le retranchement de la première lettre. Arnaud, ou Renaud de Châtillon, Seigneur de Crac, ville forte, sur la frontière de Syrie, nommée par les anciens la Pierre du désert, fut cause par les actes d’hostilité, qu’il exerçoit pendant la trêve, que la guerre se ralluma entre Baudouin IV, & Saladin en 1182.

Arnaud (Antoine), Docteur de Sorbonne, assez connu dans l’histoire du temps, par ses écrits polémiques.

ARNAY-LE-DUC. Ville du Duché de Bourgogne, en France. Arnæum Ducum. Elle est entre Autun & Dijon.

ARNEBOURG. Ville de la vieille Marche de Brandebourg. Arneburgum. Elle est sur l’Elbe.

ARNÉDO. Ville de l’Amérique méridionale. Arnedum. Elle est sur la côte du Pérou, où elle a un port, à seize lieues au nord de Lima.

ARNEHEIM, ou ARNEM. Ville de la Gueldre hollandoise. Arneheium, Arnecum. Elle est dans le Vélaw, sur le Rhin, à quelques lieues de Nimégue, avec laquelle elle a communication par le canal de Bilt. Le quartier d’Arnem est autrement appelé le Vélaw.

La terre ou le pays d’Arneheim est sur la côte de la nouvelle Zélande, dans les terres australes, au midi de la Terre des Papous.

ARNÉS. Bourg de Suède. Arnesia. Il est dans l’Angermanie, sur une grande baie du golfe de Bothnie.

ARNESTEYN. Ville de Thuringe, en Allemagne. Arusteinum. Elle est dans le comté de Mansfeld, entre la ville de Mansfeld & celle de Quedlimbourg.

ARNHUSEN. Ville du duché de Cussabie près de la Poméranie Ducale. Arnhusia. Elle est voisine de la nouvelle Marche de Brandebourg, au midi de la ville de Colbert.

ARNIQUE. s. f. Plante. Arnica. L’Arnique est une herbe qui croît à la hauteur de deux ou trois pieds, dont les feuilles ressemblent à celles du plantain, & qui porte une feuille jaune : la fleur a les feuilles disposées en rayons, à-peu-près comme celles de la fleur de souci. Cette herbe croît sur les montagnes & dans les prés. Quelques auteurs l’appellent plantain des montagnes d’autres, plantain des alpes, d’autres doronique à feuilles de plantain, d’autres alisima. Schroder en fait mention dans sa Pharmacopée. Il dit qu’elle est sudorifique & diurétique, quelquefois même un peu vomitive. Il ajoute que les paysans du Holstein s’en servent avec succès contre le sang grumelé & coagulé, & contre la fièvre. Il assure en avoir été témoin. Ils la font bouillir dans de la bierre, & ils boivent cette bierre. Étant mise dans le nez, elle fait éternuer & cracher, & soulage beaucoup le cerveau. Voyez les Acta Medicorum Berolinensium, où il y a quantité de cures extraordinaires, faites par l’infusion d’arnique, sur-tout dans les blessures, les coups reçus, les pleurésies, les fractures de côtes, & autres cas où il y a du sang extravasé, qu’elle fait vomir, ou qu’elle dissipe par les sueurs. M. Fehrius, qui rapporte ces cures, dit que l’infusion d’arnique est souveraine contre la fluxion de poitrine, autrement dite péripneumonie, lorsqu’il y a du sang dans les crachats. Il ajoute que la dose est une pincée ou deux dans de l’eau bouillante, & que l’infusion s’en doit faire comme on fait à celle du thé.

ARNO. Rivière d’Italie. Arnus. Elle a sa source dans l’Apennin, coule dans la Toscane, passe à Florence & à Pise, & se jette dans la Méditerranée au-dessous de Pise.

ARNODE. s. m. Nom que les Grecs donnoient à ceux qui alloient dans les festins & dans les assemblées réciter des vers d’Homère. Ils portoient à la main une branche de laurier.

Ce nom vient du grec Ἀρνὸς, qui signifie un agneau, qu’on leur donnoit d’ordinaire pour récompense, & ωδη, chant. On les appeloit aussi Rhapsodistes.

ARNOLDISTE. s. m. Sectateur d’Arnaud de Bresse. Voyez Arnaldiste.

ARNON. s. m. Arnon. Rivière fort rapide, ou grand torrent au-delà du Jourdain à l’orient. Il prend sa source d’une montagne de même nom, qui fait partie de celles que l’Ecriture appelle montagnes de Galaad ; il traverse une partie de la tribu de Gad, toute celle de Ruben, & se décharge dans la mer Morte. Ils campèrent au bord d’Arnon, qui est dans le désert, & se termine à la frontière des Amorrhéens. Car Arnon est à l’extrémité de Moab, entre les Moabites & les Amorrhéens. Nomb. XXI, 13. Saci. Voyez encore Josué, XIII, 16, 17 & Josephe, Ant. Liv. IV, ch. 4. S. Jérôme dit qu’il y avoit un rocher très-haut entre les Moabites & les Ammonites, qui portoit aussi ce nom ; & le P. Lubin dit, que c’est de ce rocher que sortoit le torrent d’Arnon. Enfin ils placent encore au pied de ce rocher une ville du même nom ; & quelques Auteurs prétendent que c’est de cette ville qu’il est parlé Nomb. XXI, 24. Ils se rendirent maîtres de son royaume, depuis Arnon jusqu’à Jéboc. Ils se trompent ; ce sont deux torrens Arnon & Jéboc, qui faisoient les bornes du royaume de Sehon.

☞ ARNON. Rivière de France, dans le Berri, qui a sa source dans la paroisse d’Ivrigny, élection de S. Amand, & se jette dans le Cher entre Mery & Thenion, au-dessous de Vierzon.

ARNOU. s. m. & nom propre d’homme. Arnoul. La vie de S. Arnou est contenue dans une prose d’une extrême longueur, trouvée au monastère de Marquette, & rapportée par Bollandus. Chast.

ARNOUL. s. m. Arnoldus. Nom propre d’homme. On trouve en françois Arnolde, Arnold, Ernold, Arnoul, & même Arnaud. Il faut dire Arnoul, & ne point faire sonner l, si ce n’est devant une voyelle, dans une prononciation grave & soutenue. Pour Arnaud, il est vraisemblable que c’est une faute, & qu’il ne faut point confondre ces deux noms. On a lu ou écrit Arnaldus, où il falloit mettre Arnoldus. C’est ainsi que dans quelques éditions de S. Bernard, on trouve Arnoldus dans le titre de quelques lettres où il y a Arnaldus dans le texte, & où il faut en effet Arnaldus. Arnoul s’est encore dit d’Arnulphus, Arnulphe. Ainsi nous nommons Arnoul fils de Carloman, Roi de Bavière, & puis empereur, que les Auteurs latins appellent Arnolphus.

ARNSBOCKE, ou ARENSBOCKE. Ville d’Allemagne. Arensboka. Elle est dans le Holstein, entre Lubeck & Ploco. Elle est capitale d’une petite préfecture qui porte son nom.

ARNSBOURG. Arnsburgum. Ville de Suède, située sur la côte orientale de l’île d’Œsel, dans la mer Baltique, à l’entrée du golfe de Riga.

Arnsbourg. Citadelle de Koldingue, ville du Jutland. Aquileburgum.

ARNSHEIM. Petite ville du Palatinat du Rhin. Arsnehimum. Elle est dans la préfecture d’Altzey, à quelques lieues de Creutzenach.

ARNSTAD. Ville du Cercle de la haute Saxe, en Allemagne. Arnostadium, Aristadium. Elle est dans la Thuringe, au confluent des rivières de Weige & de Gète.

☞ ARNSTEIN. Voyez Arnesteyn ; c’est la même chose.

☞ ARNTSÉE. Petite ville d’Allemagne, dans la vieille Marche de Brandebourg, au bord du grand lac.

ARO.

AROAISE. Arida-Gamantia. Abbaye célèbre de chanoines réguliers en Artois, laquelle a été autrefois chef d’une congrégation assez étendue.

☞ AROBE. s. m. Poids, Voyez Arrobe. C’est la même chose.

AROCHE. Bourg d’Andalousie, en Espagne. Aruci vicus. Il est dans le territoire de Séville, vers les frontières de l’Estramadure d’Espagne, & sur celles de Portugal, à l’occident de Séville.

La sierra d’Aroche, ou les montagnes d’Aroche. C’est une chaîne de montagnes qui regnent le long des confins de l’Estramadure d’Espagne, depuis la frontière de Portugal, jusqu’en deçà des sources du Guadiamac. Arucitanus mons. C’est une des quatre contrées du territoire de Séville. Ces montagnes tirent leur nom du bourg d’Aroche, qui en est le lieu le plus considérable.

AROËR. Aroër : Ville située sur le torrent d’Arnon, sur les confins des Moabites, des Ammonites & des Amorrhéens d’au-delà du Jourdain. Elle fut donnée par Moyse à la tribu de Gad ; elle s’appela dans la suite Petra, & eut un siège métropolitain. Adrichomius croit qu’elle fut aussi appelée Moab & Rabbath-Moab ; c’est-à-dire, la grande Moab. Deut. II, 36. Depuis Aroër qui est sur le bord du torrent d’Arnon, ville située dans la vallée. Saci, sur le v.2, du ch. XVII d’Isaïe. Quelques Auteurs mettent encore un Aroër dans la Syrie, proche de Damas. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en distinguer deux. Il ne faut point écrire Haroher, comme Maty.

AROMAÏA. Contrée de la province de Terre-ferme, dans l’Amérique méridionale. Aromaïa. Elle est dans la nouvelle Andalousie, entre la rivière de Paria & la Caribane.

AROMAT, ou mieux AROMATE. s. m. Ce mot se dit d’une drogue, d’une plante, ou d’une composition odoriférante, qui a une odeur forte, pénétrante & agréable. On aromatise une composition, lorsqu’on anime les drogues qui y sont entrées, par quelques ingrédiens aromatiques, qui augmentent ou relèvent l’odeur des premières drogues qui ne se faisoient presque point sentir, ou dont l’odeur ne plaisoit pas. Aroma. Les trois Maries achetèrent des aromates pour venir oindre le corps de Notre Sauveur. Nos Traducteurs du nouveau Testament ont évité de se servir de ce terme, Marc XVI, i. Luc. XXIII, 56, &c. mais le P. Bouhours a mis des drogues aromatiques ; le Port-Royal & M. Simon, des parfums. Ce qui montre que ce mot n’est reçu que parmi les Médecins, & que dans l’usage ordinaire il ne faut pas l’employer. Les vrais aromates sont des épiceries qui viennent d’Orient ; comme le poivre, la muscade, l’aloès, le baume, l’encens, &c.

AROMATIQUE. adj. Qui est de la nature des aromates, qui en a l’odeur. Les Apothicaires font plusieurs remèdes composés de drogues aromatiques. Le jour du Sabbat étant passé, Marie-Magdelaine, Marie mère de Jacques, & Salomé, achetèrent des drogues aromatiques pour aller embaumer Jésus. Bouh. Elles préparèrent des drogues aromatiques, & des huiles odoriférantes. Id.

Aromatique. s. m. Poudre toute composée de drogues aromatiques. Il y en a de deux sortes, l’Aromaticum caryophyllatum, & l’Aromaticum rosatum. Voyez le Dict. des Arts.

AROMATISATION. s. f. Terme de Pharmacie, est l’action par laquelle on mêle des aromates dans les drogues & les médicamens ; comme le macis, le girofle, le musc, l’ambre-gris, &c. l’aromatisation est en usage pour augmenter la qualité des médicamens, & pour les rendre agréables au goût & à l’odorat.

AROMATISER. v. a. Mettre des aromates dans quelque substance ou liqueur, pour la rendre agréable au goût & à l’odorat. Aromatis condire. Voyez Aromat.

Ces mots viennent du grec ἀρωμα, qui vient du verbe ἀρω, qui signifie accommoder, rendre propre. Les épices, qui sont une espèce d’aromates, servent à assaisonner les viandes.

AROMATITE. s. f. Aromatitis. Pierre précieuse d’une substance bitumineuse, fort ressemblante par la couleur & l’odeur, à la myrrhe qui lui donne son nom, & que les Grecs appeloient par excellence ἄρωμα. On la trouve en Egypte & en Arabie. Gorræus.

AROMPO. s. m. Animal de la côte d’or, en Guinée, qui vit dans les forêts. Ce nom, qui signifie mangeur d’hommes, lui a été donné par les Nègres, parce qu’il se nourrit de cadavres humains qu’il déterre avec ses ongles.

☞ ARON. Bourg considérable de Perse, à deux lieues de la ville de Cachan, dans l’Iraque.

ARONCHES. Ville de l’Alentejo. en Portugal. Aronci. Elle est sur les confins de l’Estramadure d’Espagne, entre Evora & Portalégre.

ARONDE. s. f. Terme de charpenterie, ☞ qui n’est en usage que dans cette phrase, à queue d’aronde, qui se dit d’une pièce de bois taillée par un bout en forme de queue d’hirondelle, & qui s’assemble avec une autre pièce par le moyen d’une entaille de la même forme. Incisio caudæ, hirondininæ in morem facta. Pour faire un assemblage ferme de deux grosses pièces de bois, il faut les assembler en queue d’aronde.

On dit aussi, en termes de fortifications, qu’un ouvrage à corne est fait en queue d’aronde, quand il est étroit par la gorge, & plus ouvert vers les faces. Et au contraire, quand il est plus étroit par les faces, & que la gorge est plus ouverte pour couvrir une grande courtine, on dit qu’il est fait à contre-queue d’aronde.

Aronde, se disoit autrefois pour hirondelle, hirundo.

Sur l’arbre sec, s’en complaint Philomèle,
L’aronde en fait cris piteux & tranchans. Marot.

☞ ARONDE. Petite rivière de France, en Picardie, qui a la source près de la paroisse de Nouvi, & se perd dans l’Oise, à une demi-lieue de Compiegne.

ARONDEL, ou ARUNDEL. Ville de la Province de Sussex en Angleterre. Les marbres d’arondel. On parle souvent des marbres d’arondel parmi les Savans. Ce sont des marbres sur lesquels se trouve un Traité de Paix fait entre ceux de Smyrne, & les Magnésiens, 244 ans avant Jésus-Christ ; deux décrets des Smyrnéens ; un Traité d’alliance entre les habitans d’Hiérapytna & ceux de Prianse, & une espèce de Chronique, ou du moins les principales époques des Grecs écrites dans l’île de Paies, l’une des Cyclades, 263 ans avant Jèsus-Christ, & d’autres antiquités. Ils ont été ainsi nommés de Thomas, Comte d’Arondel, ayeul du Comte Maréchal d’Arondel, qui les fit venir du Levant à grands frais. Durant les troubles d’Angleterre, la plûpart de ces marbres furent employés à réparer des portes & des cheminées. Ceux qu’on a fauves, sont maintenant à l’université d’Oxford, à qui le Maréchal Comte d’Arondel les a donnés : on les trouve imprimés dans les Marmora Oxoniensia, Marbres d’Oxford, qui parurent à Oxford en 1676, avec les notes des Savans qui ont travaillé dessus.

ARONDELAT. s. m. Le petit de l’hirondelle. Pullus hirundinis. Les arondelats naissent presque aveugles. Ce mot ne se dit plus.

ARONDELIERE. s. f. Herbe. Chelidonia. Voyez Chelidoine : c’est la même chose.

ARONDELLE. s. f. Vieux mot. Hirondelle. Hirundo.

Sur le printemps de ma jeunesse folle,
Je ressemblois l’arondelle qui vole
Puis cà, puis là. L’âge me conduisoit
Sans peur, ne soing, où le cœur me disoit. Marot.

Voyez Hirondelle.

Arondelles de mer. s. f. pl. C’est ce qu’on appelle en termes de mer, les brigantins, les pinasses, les pinques, & autres vaisseaux médiocres & légers. ?

☞ ARONDINACÉE. Terme de Botanique. Plante qui est de la famille des roseaux. Plantes arondinacées. Arundinaceæ plantæ.

ARONDON. Lieu près de Denyzeli, dans l’Anatolie, dans lequel il y a une grande quantité d’antiquités & de ruines magnifiques. P. Lucas, IIIe Voyage.

ARONE. Ville du Milanez, en Italie. Arona. Elle est sur le lac Major, vis-à-vis d’Anguiéra. Saint Charles Borromée naquit en 1538 dans le château d’Arone.

Arone Laros, ou selon d’autres Laro, est une rivière du patrimoine de saint Pierre, en Italie. Elle sort du lac de Bracciano, à Anguillara, & se jette dans la Méditerranée, à trois lieues à l’occident de Porto.

ARONISTE. s. m. C’est ainsi que les Samaritains appellent leurs Prêtres de la race d’Aaron. Aronista.

AROOL. Petite ville de Moscovie. Arola. Elle est dans le duché de Vorotin, sur la rivière d’Occa, environ à vingt lieues au-dessus de Vorotin.

AROP. Terme d’Alchimie. C’est la matière dont on fait la pierre, ou la matière dont on fait le magistère.

AROPH DE PARACELSE. s. m. Ce sont des fleurs préparées avec beaucoup d’art, d’une manière chimique, par la sublimation de la pierre hématite & du sel ammoniac, en parties égales ; ou ce mot ne signifie autre chose que du safran & du pain humectés de vin, & renfermés dans un vaisseau bien exactement fermé, pour être distillés, après avoir séjourné quelques jours dans de la fiente de cheval. Dict. de James.

AROSEN. Ville qu’on appelle aussi Westeras, Arausia, Westerasium. Elle est capitale de la Westmanie, province de Suède. On la trouve sur le bord du lac de Mélor.

☞ AROSSABAYA, AROSBAY, ou ARESBAYA. Ville des Indes, dans la partie septentrionale de la côte occidentale de l’île de Madura.

☞ AROT & MAROT. s. m. Nom des deux Anges que l’imposteur Mahomet disoit avoir été envoyés de Dieu pour enseigner les hommes, & leur ordonner de s’abstenir du meurtre, des faux jugemens & de toutes sortes d’excès. Une très-belle femme les ayant invités à venir dîner chez elle, ils s’échauffèrent tellement à force de boire du vin, qu’ils la solliciterent à l’amour. Elle feignit de consentir à leur passion, mais à condition qu’ils lui apprendroient auparavant les paroles par le moyen desquelles ils disoient qu’on pouvoit aisément monter au Ciel. Quand elle leur eut arraché ce secret, elle ne voulut plus tenir sa parole. Elle fut sur le champ enlevée au Ciel, où ayant fait à Dieu le récit de ce qui s’étoit passé, elle fut changée en l’étoile du matin qu’on appelle Lucifer ou Aurore ; & les deux Anges furent sévèrement punis. De-là, ajoute Mahomet, Dieu prit occasion de défendre le vin aux hommes. Mor. Al-coran.

AROTES. s. m. Nom que les Syracusains donnoient à des personnes de condition libre, que la pauvreté réduisoit à servir pour subsister. Arotes.

Ce mot vient du grec ἀρότες, Laboureur, qui vient d’ἀροω, je laboure ; apparemment parce que la Sicile étant abondante en blé, & son plus grand commerce se faisant en blé, le principal service que l’on tiroit de ces gens, étoit le labourage.

AROUAISE. Village d’Artois, avec une Abbaye. Arousia. Il est près de Bapaume. La Congrégation d’Arouaise est une Congrégation de Chanoines réguliers. Arouaise servoit de retraite aux voleurs ; mais environ l’an 1090, il fut sanctifié pour la demeure de trois saints Hermites : savoir, Heldemar de Tournai, Conon ou Conrad, qui fut depuis Cardinal, & Roger d’Arras, qui bâtirent en ce lieu une cellule ou oratoire qu’ils dédièrent en l’honneur de la sainte Trinité & de saint Nicolas. Lambert, Evêque d’Arras, confirma cet établissement par les lettres du 21 Octobre 1097, adressées à Conon. C’est ce qui fait que plusieurs ne mettent le commencement de cette Congrégation qu’en cette année ; mais il paroît par ces mêmes lettres qu’Heldemar étoit déjà mort, & il est marqué comme premier Prévôt établi par Conon en 1090, dans le catalogue des Abbés de cette Abbaye, donné par MM. de Sainte-Marthe, qui ont aussi rapporté son épitaphe, où il est qualifié Fondateur de cette abbaye qui fut gouvernée par des prévôts jusqu’au temps de saint Bernard ; que Gervais qui étoit le troisième prévôt, & qui avoit succédé en 1124 à Richer, prit la qualité d’Abbé, qui a aussi été donnée à ses successeurs. Sous le gouvernement de ce Gervais, Arouaise devint chef de 28 monastères : mais il y a long-temps que cette congrégation n’existe plus, & le dernier chapitre général se tint en 1470. Ces Chanoines étoient habillés de blanc, &, au rapport du Cardinal de Vitry, ils étoient austères, ne mangeoient point de viande, ne portoient point de linge, & gardoient un étroit silence. P. Hélyot, T. II, p. 106, 107.

☞ AROUANS. Île de l’Amérique méridionale, l’une de celles qui forment les bouches de la grande rivières des Amazones.

AROVAQUE. s. m. & f. Peuple. Arovacus, a, um. Les Arovaques sont un peuple de la Caribane, dans l’Amérique méridionale, qui habite près de la rivière d’Effékébe, aux frontières de Paria en terre-ferme.

AROUCA. Village de la province de Beira, en Portugal. Arouca. Il est sur la rivière de Païva, entre Viseu & Porto. Quelques Géographes croient que c’est l’ancienne Araducta ; d’autres la placent à Ardosa, bourg de l’estramadure de Portugal.

AROUE. s. m. Poids dont on se sert dans le Pérou, le Chily, & autres royaumes & provinces de l’Amérique, qui sont de la domination espagnole. L’aroue, qui n’est autre chose que l’arobe d’Espagne, pèse 25 livres, poids de France.

AROUGHCUM. s. m. Animal de la Virginie. Il ressemble au castor, excepté qu’il vit sur les arbres à la manière des écureuils. Sa peau sert à faire des fourures.

AROURE. s. f. Mesure de terre des anciens Egyptiens, qui contenoit environ les deux tiers de notre arpent. Hérodote parle de certaines troupes des Egyptiens, nommées Calasiries, qui étoient au nombre de 250000, & qui servoient tour à tour dans les gardes du Roi. Il leur donnoit à chacun d’eux, pour s’entretenir, douze aroures de terre. Richard Cumberland dit que chaque aroure faisoit un carré parfait, dont chaque côté étoit de 100 coudées de long. Le même Auteur croit que Sésostris, qui partagea l’Egypte en 36 nomes, fut aussi l’inventeur des aroures. On dit aussi Arure. Voyez ce mot.

AROUSSES. s. f. Vesces sauvages. Arachus. Ce mot est vieux, & hors d’usage.

AROW. Voyez ARAW.

AROY. Rivière de l’Amérique méridionale. Aroisus. Elle sort du lac Cassipe, dans la province de Paria, & se joint à la rivière de ce nom.

ARP

ARPA, ou ARPHA. Divinité, dont il est souvent parlé dans la vie de S. Potin, qui souffrit le martyre l’an de Jesus-Christ 166, ou 168, sous Antonin Pie. Voyez Bollandus, T. I, p. 754, & suiv. au 13. Janv. C’est, selon la remarque de ce Pere, une de ces petites Divinités appelées Dii minorum gentium, de laquelle nous ne savons rien, non plus que de beaucoup d’autres de la même espèce. Elle se trouve cependant jointe dans cette vie à Jupiter, à Ariana & à Minerve.

ARPÆMIN, ou plutôt ARPEMIN, ou ARPA ÉMINI. s. m. Terme de Relation. C’est un Officier des écuries du Grand-Seigneur. C’est lui qui a soin de faire les provisions nécessaires pour les chevaux. Il donne tous les jours autant de paille, de foin, d’orge, qu’il en faut pour chaque cheval, & c’est en petite quantité ; aussi demeurent-ils plus de huit heures au filet par jour, ce qui fait qu’ils s’en portent mieux, & qu’ils sont plus propres à servir ; car ils font des traites de trente lieues sans débrider. A. D. S. M.

ARPAGE. s. m. Arpagus. C’est dans les anciennes inscriptions un enfant mort au berceau. C’étoit l’usage parmi les Romains de ne point faire de funérailles pour les enfans qui mouroient au berceau ; l’on ne brûloit point leurs corps, & l’on ne leur dressoit ni tombeau, ni épitaphe, ce qui a fait dire à Juvénal

Terra clauditur infans
Vel minor igne rogi.

On brûla dans la suite les corps des enfans qui avoient vécu 40 jours, & à qui il avoit poussé quelques dents. Ces morts étoient appelés des rapts. Le mot Arpagi signifie la même chose en grec, & Eustathius nous apprend que c’étoit la coutume des Grecs aux funérailles des enfans, de ne les célébrer ni de nuit, ni au grand jour, mais au lever de l’aurore, avant que le soleil parût, ce qu’ils appeloient le rapt du jour ; Ἡμέρας ἀρπαλίω. Menestr. Hist. de Lyon, p. 57.

ARPAIA. Village du royaume de Naples. Harpodium Hirpinum. C’est l’ancien Caudium, ville des Hirpiens, qui donnoit son nom aux Fourches Caudines, Furcæ Caudinæ, appelés aujourd’hui Détroît d’Arpaïa. Ce village est dans la Principauté Ultérieure, au voisinage de la Terre de Labour, entre Avelle & Sainte-Agathe. Le détroit d’Arpaïa, Fauces Arpaïanæ, anciennement Fourches Caudines, sont deux passages ou cols extrêmement étroits de la vallée de Gardano.

ARPAILLEUR. s. m. C’est un nom qu’on donne à ceux qui vont chercher l’or sur les bords des rivières, qui roulent des paillettes d’or, & parmi des mottes de terre.

☞ ARPAJON. Petite ville de l’Île de France, sur la rivière d’Orge, à une lieue de Montlhery.

☞ ARPAJOU. (quelques-uns écrivent Arpajon) Petite ville de France, en Auvergne, Election d’Aurillac, avec titre de Duché.

ARPANLIC, ou ARPALIC. s. m. État accordé en Turquie à un Officier déposé, ou qui a fini le temps de la commission, accordé, dis-je, pour le faire subsister. Status, conditio inferior ad vitam sustentandam datus, a. Lorsque les gouverneurs de provinces ont achevé le temps de leur commission, s’ils ne sont pas élevés à une charge plus considérable ou semblable, on leur donne le pouvoir de disposer de certains emplois, dont ils retirent de quoi subsister, en attendant une meilleure fortune. Cela s’appelle un Arpanlic. Lorsque le Muphti est déposé, on le gratifie d’un arpanlic, c’est-a-dire, du pouvoir de disposer de quelques emplois de judicature, en de certaines provinces, dont il a la sur—intendance, pour pouvoir subsister avec honneur. A. D. S. M.

☞ ARPEGGIO, ARPÈGE, & ARPÉGEMENT. s. m. Terme de Musique. Manière de frapper successivement & rapidement tous les sons d’un accord, au lieu de les frapper tous à la fois.

☞ ARPÉGER. v. n. Faire des arpegemens. Faire entendre successivement & rapidement les divers sons d’un accord. Ce mot vient de arpa à cause que c’est du jeu de la harpe qu’on a tiré l’idée d’arpegement.

☞ ARPÉGÉ, ÉE. part.

☞ ARPEMIN. Voyez Arpæmin.

ARPENT. s. m. Certaine mesure de la surface des terres, qui est différente selon les diverses provinces, & qui est ordinairement de cent perches carrées, c’està-dire de dix perches de longueur & autant de largeur. Jugerum. L’arpent contient environ un setier de semence. L’arpent de Paris a cent perches, & la perche vingt-deux pieds, qui font deux mille deux cens pieds en carré. Au perche, la perche est de vingt-quatre pieds, & le pied est de treize pouces. L’arpent de Poitou est de quatre-vingts pas de chaque côté. L’arpent de Montargis a cent cordes, & chaque corde a vingt pieds. L’arpent de Clermont en Beauvaisis a cent verges, & chaque verges vingt-six pieds. L’arpent ou le journal en Bretagne a vingt cordes en longueur, & quatre en largeur, chaque corde de vingt-quatre pieds. Dans le duché de Bourgogne, l’arpent de bois est de quatre cent quarante perches, & le journal de terre, de vigne, ou de pré, de trois cent soixante.

Ce mot vient, selon Scaliger, de aripennis, ou de arpendium, ou arvipendium, qui étoit une mesure d’Arpenteur. Aripennis se trouve aussi pour arpent, Act. Sanct. Jun. T. I, p. 189. B. & ailleurs. Pontanus, après Columella, dit que c’est un ancien mot gaulois dont use Reginon dans son Histoire, dérivé de aert, & de pandit, mots danois, signifiant une terre bornée. Du Cange dit qu’il vient de arapennis, dérivé ab arando, ou plutôt de ard, ou erd, terre ; & pand, ou pend, qui signifie carré. C’est la remarque des Jésuites d’Anvers, Acta Sanct. Apr. T. III, p. 72. E. sur les Diplômes de Louis le Jeune, dans lesquels on trouve Agripennum & Arpennum, pour arpent, & non pas erpan, comme ces Auteurs écrivent ; on trouve encore Arpenna, æ, dans un acte de l’an 1051. Act. Sanct. Maii, T. V, p. 59. On trouve aussi Arpennus & Arpentum. Voyez la nouvelle Hist. de Bret. T. II, p. 121 & 295. Isaac Pontanus, dans ses Origines Francicæ, Lib. VI. c. 34, est de même sentiment, à cela près qu’il prétend que pand signifie, ce qui a des limites, ce qui est borné.

On dit par hyperbole d’un homme qui a le nez, le visage trop longs, ou mal proportionnés, qu’il a un nez, un visage d’un arpent, &c.

ARPENTAGE. s. m. Mesurage des terres par arpent. Agrorum mensio, dimensio, metatio. On a fait voir par l’arpentage de cette forêt, qu’elle contenoit tant d’arpens. Quand l’arpentage n’est point déclaré par le contrat, il doit être fait suivant la coutume des lieux où les biens sont situés, & non suivant la coutume du lieu où le contrat est passé.

Arpentage, est aussi ☞ l’art de mesurer les terrains, c’est-à-dire, d’en prendre les dimensions, de les écrire ou tracer sur une carte, & d’en trouver l’aire. L’arpentage, proprement dit, est l’art de lever un plan, & le calcul du toisé. Agros metiendi, metandi ars, Geomatica disciplina.

ARPENTER. v. a. Mesurer des terres pour savoir combien elles ont d’arpens. Metiri, metari.

Arpenter, signifie figurément, marcher beaucoup, ou marcher vite. Discurrere per, &c. Ce solliciteur arpente tout Paris presque tous les jours. Mais cela ne se dit guère que dans le style familier. Courir les monts, arpenter les campagnes. S. Amand.

Arpenté, ée. part.

ARPENTEUR. s. m. Officier qui a serment en justice, & qui est commis pour faire l’arpentage des terres. Decempedator, finitor, agrimensor, Geomaticus. Les instrumens, la trousse, les flèches, la chaîne d’un Arpenteur. Les Arpenteurs ne sont reçus qu’après information de vie & mœurs, & après avoir donné une caution de mille livres par l’ordonnance. C’étoit autrefois au Grand Arpenteur de France à instituer des Arpenteurs : mais Henri II, par une ordonnance de 1554 érigea six Arpenteurs en chaque Bailliage, ou Sénéchaussée de Bretagne, pour exercer leur charge sous le Grand Arpenteur. Cette ordonnance leur donne le pouvoir de mesurer, d’arpenter bois, buissons, forêts, garennes, terres, eaux îles, de mettre des bornes @ de faire des partages, mais le Grand Arpenteur, qu’on appeloit Grand-Maître, se mettoit en possession de ne donner des commissions qu’à ceux des Arpenteurs qui lui donnoient de l’argent, ce qui rendoit leurs offices inutiles. En l’année 1666, le Roi lui fit défense de plus délivrer de commissions ; en 1668 son office fut supprimé, & l’année suivante il fut ordonné par arrêt, que ceux qui avoient des commissions du Grand Arpenteur, prendroient des provisions de Sa Majesté, en payant certaine somme. En 1690, le Roi, par un édit du mois de Novembre, a supprimé tous les anciens offices d’Arpenteurs, & a créé des Experts-Priseurs & Arpenteurs-Jurés, pour faire un même corps avec les Jurés-Experts créés aux mois de Mai & de Juillet de la même année pour faire les arpentages, mesurages & prisées des terres, vignes, prés, bois, pâtis, communes, & toutes les autres fonctions attribuées aux Arpenteurs créés par les édits de 1554 & 1575. Il y a encore des Arpenteurs dans chacune des Maîtrises des Eaux & Forêts, créés par un édit de 1689. Enfin, l’édit de 1690 a créé séparément dix Arpenteurs pour la ville, Prévôté & Vicomté de Paris.

ARPHAD. Nom d’une ville royale, ou d’un petit royaume voisin de la Terre-Sainte, du côté du septentrion. Arphad.

ARPI. Nom des ruines d’une ancienne ville de la Pouille Daunienne, que l’on nommoit Arpi, Argyrippa, & Argus Hippium. On trouve ces débris dans la Capitanate, province du royaume de Naples, entre Lucera & Manfrédonia.

ARPINO. Ancienne ville des Volsques. Arpinum. C’est aujourd’hui un bourg du royaume de Naples. Il est dans la Terre de Labour, au voisinage de la Campagne de Rome, entre Aquino & Sora. Qui est d’Arpino, Arpinas, atis. Arpino fut la patrie de Marius & de Cicéron.

ARQ.

ARQUA. Bourg de l’Etat de Venise. Arqua. Il est dans le Padouan, à quelques lieues au midi de Padoue. Pétrarque vécut long-temps à Arqua, & y mourut.

Arqua, ou Arquata, est un autre bourg d’Italie. Arquatum. Il est du duché de Milan, & dans le territoire de Tortone, entre Tortone & Gènes. Près d’Arquata, sur la rivière de Scrivia, étoit la Liburna, ou le Liburnum des Anciens. Quelques-uns néanmoins le mettent à Villa-Barna, village du Tortonnois.

ARQUATA, est encore un bourg de l’Etat de l’Eglise. Arquatum. Il est dans la Marche d’Ancone, près de l’Abruzze Ultérieure & de la rivière de Tronto, au-dessus d’Ascoli.

ARQUÉ, ÉE. adj. Courbé en arc, en cintre. On dit, qu’un cheval a les jambes arquées, & qu’une poutre est arquée. ☞ Arcuatus, in arcum flexus, curvatus. L’usage de ce mot n’est pas fort étendu. Voyez Arquer.

ARQUEBUSADE. s. f. Coup d’arquebuse. Ferreæ fistulæ ictus, emissio. Il a essuié cinq ou six arquebusades sans être blessé.

☞ On appelle eau d’arquebusade, une eau composée de plusieurs plantes vulnéraires, distillées avec le vin blanc, dont on se sert contre les coups de feu. C’est ce qu’on appelle ordinairement eau vulnéraire.

ARQUEBUSE. s. f. Arme à feu de la longueur d’un fusil, ou d’un mousquet, & qui se bande d’ordinaire avec un roüet. Sclopetus, ferrea fistula. C’est la plus ancienne des armes à feu, montée sur un fût ou long bâton. Elle a, selon Hanzelet, quarante calibres de long, & tire une once & sept huitièmes de plomb, avec autant de poudre. On ne s’en sert plus aujourd’hui.

☞ On appelle arquebuse rayée, celle dont le canon est rayé par dedans.

☞ Et arquebuse à croc, une sorte d’arquebuse dont le canon est si gros & si pesant, qu’on ne s’en sert guère que pour tirer de derrière les murailles d’une place, en l’appuyant quelque part pour tirer. Elle se charge comme le canon, & l’on y met le feu avec une mèche. La première fois qu’on a vu des arquebuses, ce fut dans l’armée impériale de Bourbon, qui chassa Bonnivet de l’état de Milan. Elles étoient si massives & si pesantes, qu’il falloit deux hommes pour les porter, & on les tiroit appuyées sur des fourchettes, & chargées de pierres rondes. Vendenesse, frère de la Palice, & Bayart, à qui Bonnivet avoit abandonné le soin de la retraite, en furent blessés & en moururent.

On donne le nom de jeu de l’Arquebuse à l’exercice de plusieurs jeunes gens assemblés en de certains jours, pour voir à qui tirera le mieux de l’arquebuse.

☞ On donne un prix à celui qui approche le plus près du but. On continue de les appeler Arquebusiers, compagnies d’arquebusiers, quoiqu’ils ne se servent plus d’arquebuses pour s’exercer à tirer, mais de fusils.

Arquebuse a vent. Sorte de machine pneumatique : c’est une arquebuse qu’on charge avec du vent comprimé, & qui ne laisse pas de faire un fort grand effet. Les arquebuses à vent ont été inventées par un bourgeois de Lisieux, nommé Marin, qui en présenta une au Roi Henri IV, quoique quelques-uns croient que cette invention soit dûe à quelques ouvriers de Hollande. M. Blondel la montre dans son Art de jeter les bombes, & l’on en voit la figure & la construction dans le livre des Elémens de l’Artillerie de Rivaut.

Ce mot vient de l’italien arcobusio, ou arco abuso, ainsi dit de arco, qui signifie un arc : & de busio, un trou, à cause du trou par où on met le feu à la poudre dont on charge les arquebuses, qui ont succédé aux arcs des Anciens. Ménage. D’autres croient qu’il vient de arqueraux, qui sont des instrumens de guerre pour jeter des pierres, dont Froissart fait mention ; & prétendent qu’on disoit autrefois acquebuse.

Une arquebuse, avec ce mot, vis abdita, peut être la devise, ou d’un traître, ou d’une personne modeste, ou d’un Prince ou ministre, qui fait réussir ses projets par le secret. L’arquebuse avec ces mots, & manus & mens, marque les entreprises, où il faut penser & agir pour réussir.

ARQUEBUSER. v. a. C’est tirer sur quelqu’un un coup d’arquebuse. Sclopetum displodere, ferream glandem emittere. Il fut arquebusé en passant dans une forêt. Ce mot est un peu vieux. L’usage l’admet pourtant encore, pour signifier le supplice des soldats ou officiers qu’on fait mourir en tirant sur eux des coups d’arquebuse. On mande d’Ulm, que le 28 Avril 1738, le Conseil souverain de la ville, avoit prononcé la sentence contre M. Harsdossar, & que le 30 ce bourguemestre avoit été arquebusé dans la cour de la prison. Merc. Mai, 1738.

ARQUEBUSÉ, ÉE. part.

ARQUEBUSERIE. s. f. C’est le métier d’Arquebusier. Fingendæ fistulæ ferreæ artificium.

ARQUEBUSIER. s. m. Qui porte & tire de l’arquebuse. Miles sclopeto armatus, sclopetarius. Il y avoit en cet endroit une compagnie d’arquebusiers à cheval, qui firent un grand effet.

On appelle aussi arquebusier, l’ouvrier qui fait des arquebuses, des fusils, & autres armes à feu. Sclopetorum, ferrearum, fistularum Faber.

Arquebusier & Armurier, ne sont point synonymes, quoique dans l’usage on confonde ordinairement ces deux mots. Voyez Armurier.

☞ On appelle aussi arquebusiers, ces compagnies de bourgeois qui s’assemblent pour s’exercer à tirer de l’arquebuse.

ARQUER. v. n. Se courber en arc. Arcuari, in arcum flecti, curvari, sinuari. On le dit des poutres, & autres pièces de charpenterie qui sont courbées, ou naturellement, ou parce qu’elles soutiennent un grand poids. On le dit particulièrement de la quille d’un vaisseau, quand elle se dément, & perd sa figure ordinaire par quelque violent effort, soit en mettant le vaisseau à l’eau, soit lorsqu’il échoue.

On dit au manége, qu’un cheval a les jambes arquées, quand il a les genoux courbés en arc ; ce qui arrive aux chevaux qui ont les jambes ruinées. Crura arcuata.

☞ On le dit aussi avec le pronom personnel. Cette poutre arque ou s’arque déjà. Ce vaisseau s’arque.

ARQUERAGE. s. m. Vieux mot. Droit ancien par lequel on étoit tenu de faire un soldat au Seigneur, comme qui diroit Archerage. On dit aussi Archarage & Archairage. Ce mot paroît venir d’arche.

ARQUES. Ville du pays de Caux, fondée sur un territoire, qui portoit anciennement le nom de Asdans, ou Hasdans. Arca. On croit que le château qui a donné naissance à la ville, fut bâti vers l’an 745 ou 749 par Pepin le Bref. Il étoit soutenu sur de très-belles arcades taillées dans le roc ; & c’est de ces arcades-là même que le château & la ville ont tiré leur nom. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, pag. 111. Arques, près de Dieppe, sur la rivière d’Arques. La journée d’Arques, ou la bataille d’Arques, est une bataille donnée en ce lieu par Henri IV, au Duc de Mayenne, qui y fut défait, quoiqu’il y eût plus de trente mille hommes avec lui, & que Henri n’en eût pas la moitié.

La rivière d’Arques, est une petite rivière de Normandie, qui se jette dans la Manche, près de Dieppe.

Arques, ou Arc, est encore un bourg du duché de Bar, en France. Arca. Il est près de la Meuse : c’est à ce qu’on dit, la patrie de la Pucelle d’Orléans, qui s’appela pour cela Jeanne d’Arc. D’autres disent Jeanne Darc, Joanna Darcia.

☞ Quoique la Pucelle portât le nom de Jeanne d’Arques, ou d’Arc, elle n’étoit point de ce lieu-là, ni de Vaucouleurs qui en est éloigné. Sa véritable patrie étoit Dam-Remy, village alors, aujourd’hui petite ville ou bourg qui en a pris le surnom de Dam-Remy-la-Pucelle. La Pucelle étoit une Paysanne ; on a cru qu’elle portoit le nom de son village. Le Commandant de Vaucouleurs l’envoya au Roi : delà on a cru qu’elle étoit de Vaucouleurs. Mais dans l’acte d’anoblissement de la Pucelle & de la famille, où il étoit important que son nom fût écrit exactement, on lit Jeanne Day, & non pas Jeanne d’Arc, ou d’Arques. Une preuve convaincante que Dam-Remy, ou Domp-Remy étoit sa patrie, c’est qu’en faveur de la Pucelle, aussi-tôt après le sacre de Charles VII, en 1429, il fut exempté de toutes tailles, aides, subvention : privilége confirmée en 1459 par le même Prince, & en 1610 par Louis XIII. Ce n’est pas qu’il n’y ait Arc, ou Arques en Barrois ; mais ce lieu n’est ni auprès de Vaucouleurs, ni la patrie de la Pucelle. Voyez Longuerue, Daniel, &c.

ARQUET. s. m. Terme d’ourdissage. Petit fil de fer attaché le long de la brochette ou du pointicelle qui retient les tuyaux dans les époulins ou espolins, où il forme une espèce de ressort. Encyc.

ARQUICO, ou ERCOCCO. Ville de l’Ethiopie supérieure. Arquicum, Erquicum, Adalis, Adulitum. Elle est sur la côte d’Abex, près de l’île de Macua.

Le Golfe d’Arquico, Sinus adulius, est la partie de la mer rouge, qui s’étendoit depuis le détroit de Babelmandel jusqu’à la ville d’Arquico.

ARQUOI. s. m. Vieux mot. Parure, ajustement.

Quand ils voyent ces pucelettes
En admenez & en arquoi.

ARR.

ARR. Voyez Aar.

ARRACAN. s. m. Ville de l’Inde, de-là le Gange. Arracænum. Elle est sur la rivière de Martaban ou Chaberis, à quinze lieues du golfe de Bengale. Elle est capitale du royaume d’Arracan.

Ce royaume a le golfe de Bengale au couchant, celui de Tipoura au nord, ceux de Canarane & de Brama au levant, & celui du Pégu au midi.

ARRACHEMENT. s. m. Action de la personne qui arrache quelque chose, de quelque nature qu’elle soit. Avulsio, evulsio. Arrachement de dents. Arrachement de clous. Ce mot se dit peu.

Arrachement, est aussi un terme d’Architecture. On appelle les arrachemens d’une voûte, les endroits par où elle commence à se former en cintre ; ce qui est au-dessus de l’imposte. On le dit aussi des pierres qu’on arrache d’un mur, pour y en mettre d’autres en saillie, qui puissent servir de liaison avec un mur qu’on veut y joindre.

Arrache-persil. s. m. On nomme ainsi sur la rivière de Loire, les mariniers qui tirent les équipes ou trains de bateaux qui la remontent jusqu’à Roanne. On les nomme communément des Halleurs. On appelle aussi par injure ces gens qui remontent des bateaux avec une corde attachée au cou, & qui sont obligés de se courber jusqu’à terre, des arrache-persil.

D’ARRACHE-PIED. adv. D’une manière continuë, constante, opiniâtre. Continuò. Un Basque fait volontiers dix lieues d’arrache-pied sans se reposer. Cet homme est si studieux, qu’il travaille tous les matins six heures d’arrache-pied sans intermission. Cela n’est bon que dans le style bas & familier. Lorsque quelqu’un travaille avec tant d’assiduité, qu’on dit de lui, qu’il travaille d’arrache-pied, on veut dire par là ce que les latins expriment par labor improbus, assiduus.

ARRACHER. v. a. Déraciner un arbre, une plante, la tirer avec force. Avellere, evellere, revellere, divellere. Les Mahométans ont fait arracher la plupart des vignes de l’Asie. On donne des terres en Canada à ceux qui veulent les défricher, en arracher les arbres & les racines. Il faut arracher les mauvaises herbes d’un jardin.

Ménage dérive ce mot de abradicare, latin ; les autres de ausreissen, mot allemand, qui signifie la même chose.

Arracher, se dit aussi de tout ce qu’on tire avec effort, qu’on ôte avec force ou violence du lieu où il est attaché, soit qu’il ait des racines, ou non. Les harangères qui se battent, s’arrachent les cheveux, s’arrachent les yeux. On arrache la langue aux blasphémateurs, les mamelles aux homicides des Rois. Ce Médecin lui a fait arracher une loupe. Il a fallu arracher son enfant du ventre pour l’accoucher.

On dit en ce sens, arracher les dents. Arracher les clous, les gonds d’une porte. Arracher un cahier d’un livre. Arracher les plumes d’un oiseau.

Arracher, signifie dans le sens figuré, détacher, séparer, éloigner. On ne peut arracher ce jeune homme d’auprès de sa maîtresse. On ne le peut arracher de l’étude, du jeu, du cabaret. On ne le sauroit arracher de Paris. Il fut arraché de sa patrie. Je l’ai arraché à ses délices.

Arracher de l’argent de quelqu’un. C’est en tirer avec peine de celui à qui on a droit d’en demander. On ne sauroit arracher de l’argent de cet homme-là. On arrache ce qu’on peut d’un mauvais payeur.

Arracher, se dit encore figurément de tout ce qu’on ne peut obtenir qu’avec beaucoup de peine & de travail. Extorquere. C’est un homme fort serré & fort discret, il lui faut arracher les paroles l’une après l’autre. La question a été inventée pour arracher la vérité par la force des tourmens. On dit aussi, arracher un secret à quelqu’un. Ablanc. Pour dire, obliger, ou forcer quelqu’un à révéler une chose qu’il ne vouloit pas dire.

Vous seul, vous m’avez arrachée.
A cette obéissance où j’étais attachée. Rac

Les vraies louanges ne sont pas celles qui s’offrent à nous ; ce sont celles que nous arrachons. Fonten. Combien de gens font des aumônes, que l’importunité des pauvres arrache de leur main, & non pas de leur cœur ? Fléch. Les hommes ne souffrent point qu’on leur arrache leurs sentimens sans résistance. Arn. S. Hilaire arrache le consentement, & enlève l’esprit par la force de ses expressions. Du Pin.

L’estime & le respect sont de justes tribus,
Qu’aux plus fiers ennemis arrachent les vertus.

Corn.

Arracher, se dit dans le même sens, des idées, des opinions auxquelles on est attaché. On ne pourra jamais lui arracher cette opinion de l’esprit, de la tête ; c’est-à-dire, on ne pourra jamais l’en détacher entièrement, la lui faire perdre. Peux-tu de mes malheurs m’arracher la mémoire ? S. Evr. Eradere penitùs corde, ex animo.

Heureuse, si tu peux m’en croire par avance,
Et si dès aujourd’hui faisant quelques efforts,
Un sentiment si salutaire
T’arrache des plaisirs qui ne dureront guère,
Pour t’épargner mille remords. Pavill.

☞ Dans cette acception il s’emploie aussi avec le pronom, s’arracher à les plaisirs.

Arracher sa vie, signifie, être pauvre, travailler pour