Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIFFICILE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 340).

DIFFICILE. adj. m. & f. Ce qui se fait avec peine. Voyez Facile. Difficilis, difficultatem habens. Il est plus difficile qu’un riche entre en Paradis, qu’un chameau dans le trou d’un aiguille, dit Jesus-Christ en Saint Matthieu. L’Algèbre est une science difficile à entendre. Les Princes sont difficiles à gouverner. Les chemins des montagnes sont âpres & difficiles. Ce passage est difficile, il a fait suer tous les Commentateurs.

Difficile, se dit aussi de l’esprit, en parlant des qualités opposées à la bonne société. Morosus, difficilis. C’est un homme fantasque, difficile. C’est une humeur difficile qu’on ne sauroit contenter. Cette femme fait la difficile par honneur seulement, & pour ne se rendre que dans les formes. B. Rab. Les amis difficiles donnent plus de peine par leur humeur, qu’ils ne rendent de services utiles. S. Evr. On dit aussi de ces Critiques qui trouvent toujours à redire aux plus beaux ouvrages, que rien ne contente, que ce sont des gens bien difficiles.

On appelle figurément temps difficiles, les temps de troubles, de misère, de disette, de guerre civiles ; pendant lesquels les Ministres ont de la peine à gouverner les peuples, & le peuple a de la peine à vivre. Difficilia, dura tempora.

On dit en proverbe, qu’un homme est difficile à ferrer, à chauffer ; pour dire, qu’on a du mal à le persuader, qu’il n’est pas accommodant.