Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIACRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 313-316).
DIACRIEN  ►

DIACRE. s. m. Ministre qui sert l’Autel, & qui est promu au second des Ordres sacrés. Diaconus. St. Etienne & Saint Laurent avoient le titre de Diacre.

Les Diacres furent institués au nombre de sept par les Apôtres. Voyez au Chap. VI. des Actes des Apôtres : ce nombre fut long-temps conservé dans plusieurs Eglises. La fonction des Diacres étoit de servir dans les Agapes, & de distribuer le pain & le vin aux communians. Par d’anciens Canons, le mariage n’étoit point incompatible avec l’état & le ministère de Diacre : mais, depuis, le mariage leur a été interdit, le Pape ne leur accorde des dispenses, que pour des raisons très-importantes, & jamais ils ne restent dans leur rang, & dans les fonctions de leur Ordre, quand ils ont dispense & qu’ils se marient ; mais ils retournent au rang des laïques & à la communion purement laïque. Il étoit défendu aux Diacres de s’asseoir avec les Prêtres. Voyez Cardinal.

Les Canons des Conciles défendent la consécration aux Diacres : c’est une fonction sacerdotale. Ils défendent aussi d’ordonner un Diacre s’il n’a un titre, ou s’il est bigame, ou s’il a moins de vingt-cinq ans : l’Empereur Justinien dans sa novelle 123. marque le même âge de vingt-cinq ans, pour un Diacre. Cela étoit en usage pour les Diacres, lorsque l’Eglise n’ordonnoit les Prêtres qu’à l’âge de trente ans. Depuis elle a usé d’indulgence, & il ne faut plus que vingt-trois ans pour être fait Diacre. Voyez le Concile de Trente, sess. 23. chap. 12. Les Diacres avoient la distribution des aumônes, & le soin du temporal de l’Eglise. Sous le Pape Silvestre il n’y en avoit qu’un à Rome. Depuis on en fit sept, & on y a long-temps conservé cet usage : ensuite on en fit quatorze, & enfin dix-huit, qu’on a appelés Cardinaux-Diacres, à la différence des autres. Leur charge étoit d’avoir soin du temporel, & des rentes de l’Eglise, des aumônes des Fidèles, des nécessités des Ecclésiastiques, & même du Pape. Les Soudiacres faisoient la collecte, & les Diacres en étoient dépositaires. Le maniement qu’ils avoient des revenus de l’Eglise accrut leur autorité, à mesure que les richesses augmentèrent. Ceux de Rome, comme Ministres de la première Eglise, se donnoient la préséance ; ils précédoient même les Prêtres : sans doute parce que l’avarice des Prêtres laissa prendre le pas aux Diacres, qui disposoient du bien de l’Eglise. S. Jérôme a crié contre cette entreprise, & prouve que le Diacre est au-dessous du Prêtre. Le Concile in Trullo, qui est le IIIe de Constantinople, Can. 16. Aristinus, dans sa Synopse des Canons de ce Concile, Can. 18. Zonaras, sur le même Concile, Can. 16. Siméon Logothete, sur le 14e canon du même Concile, & Œcumenius, sur le VIe Chapitre des Actes des Apôtres, distinguent les Diacres destinés au service des Autels, de ceux qui avoient soin de la distribution des aumônes des Fidèles. Ainsi la coutume de faire des Diacres, sans autre fonction que de servir le Prêtre à l’Autel, s’étant introduite, alors ce simple Ordre de Diacres n’osa s’élever au-dessus des Prêtres. Pour les autres, qui avoient retenu l’administration des deniers, ils vouloient aussi conserver la supériorité, &, pour se distinguer, ils appelèrent Archidiacre, le premier des Diacres, depuis qu’ils furent multipliés : il en demeura sept à Rome qui avoient soin des rentes Papales & de chanter l’Evangile devant le Pape. Ils furent distribués en sept régions, suivant les sept régions de Rome. Bollandus, dans la vie de Saint Fabien, C. 11. Act. Sanct. Jan. Tom. I. pag. 258. remarque plus exactement qu’il y avoit quatorze régions dans Rome, & sept Diacres, qu’ainsi chaque Diacre étoit préposé à deux régions ; que le premier de tous étoit appelé Archidiacre, Archidiaconus, & les autres Diacres Cardinaux, Diaconi Cardinales. De là vient qu’on trouve Diacre Cardinal dans la 4e, 10e & 11e région. Il les appelle Diacres Régionnaires, Diaconi Regionarii. Justinien, Novell. III. p. 15. ordonne qu’il y ait jusqu’à 100 Diacres dans la grande Eglise de Constantinople. Voyez le Nomocanon de Photius, Tit. I. C. 30. où il rapporte aussi cette loi. Dans l’Eglise de Blaquernes il n’y en avoit que dix-huit, comme il paroît par la même Novelle de Justinien, & par une autre d’Héraclius. Voyez la Bibliothèque du Droit Canon, pag. 1370.

Les Diacres récitoient certaines prières dans les saints Mystères ; & à cause de cela, on nommoit ces prières Diaconiques. Voyez ce mot. Ils avoient soin de contenir le peuple à l’Eglise dans l’ordre & la modestie convenable. Il ne leur étoit point permis d’enseigner publiquement, au moins en présence d’un Evêque, ou d’un Prêtre ; ils instruisoient seulement les Catéchumènes, & les préparoient au Baptême. Ils étoient préposés aux portes de l’Eglise pour les garder : dans la suite, les soudiacres furent chargés de cette fonction, comme le remarque l’Auteur du livre de la Hiérarchie Ecclésiastique, attribué à Saint Denys, C. V. Myst. I. n. 6. aussi-bien que Pachimère & Saint Maxime sur cet endroit. En certains cas ils donnoient le Baptême, toujours néanmoins dépendamment de l’Evêque, & jamais qu’en l’absence des Prêtres : en ce cas même, le Pape Gélase leur défend de le faire que dans l’extrême nécessité. Les Diacres n’ont jamais eu le pouvoir de consacrer, ni même de donner la Communion aux Prêtres : il leur étoit permis dans la pénitence publique de recevoir à pénitence ceux qui se présentoient, ou, comme on parloit, de leur donner la pénitence, de leur administrer même l’Eucharistie en cas de nécessité, sur-tout lorsque l’Evêque ou le Prêtre le leur ordonnoit ; mais jamais ils n’ont eu le pouvoir de réconcilier les pénitens, ou de leur donner l’absolution. Voyez le Concile d’Elvire Can. 32. Alcuin, de Divin. Off. in Capite Jejun. les Constitutions Synodales du Diocèse de Saintes, faites en 1270. par Simon Cardinal-Légat, qui fut depuis Martin IV. le Pontifical Romain, ouvrage du VIe siècle ; l’Ordre Romain, fer. 4. in Capite Jejun. Burchard, L. XIX. du Décret, C. 153. 154. Yves de Chartres, p. XV. C. 161. 162. Odon de Paris, Statut. Synod. 5. &c.

Les Diacres chantoient l’Evangile devant le Pape, quand il venoit célébrer dans une Eglise de leur région ; c’est pourquoi ils furent appelés Diacres Cardinaux, ou principaux Diacres, de la première, seconde & troisième région, comme étant les directeurs, & les administrateurs de l’Eglise Patriarchale. Ainsi les premiers Cardinaux ont été les Diacres de l’Eglise de Rome. On distingua encore à Rome deux sortes de Diacres, par rapport aux fonctions qu’ils faisoient. Les uns s’appeloient Diacres Palatins, ou Diacres du Palais ; & les autres s’appeloient Diacres Stationnaires, ou Diacres des Stations. Les Diacres du Palais étoient attachés à l’Eglise de saint Jean de Latran : c’étoit-là qu’étoit le Palais du Pape. Les Stationnaires faisoient leurs fonctions dans les Eglises où il y avoit des stations marquées.

Il y a chez les Maronites du Mont-Liban deux Diacres qui sont de purs administrateurs du temporel. Le P. Jérôme Dandini, qui les appelle dans sa Relation Li Signori Diaconi, dit que ce sont deux Seigneurs Séculiers, qui gouvernent le Peuple, jugent de tous leurs différends, & traitent avec les Turcs de ce qui regarde les tributs, & de toutes les autres affaires qui se rencontrent. Il semble que le Patriarche des Maronites ait voulu imiter les Apôtres, qui se déchargèrent des affaires temporelles de l’Eglise sur les Diacres qu’ils élurent : Ce n’est pas bien fait, disent-ils de laisser la parole de Dieu pous servir aux tables. Ce fut-là l’occasion du premier établissement des Diacres. Il y a de l’apparence que les Maronites ont voulu conserver chez eux quelque chose de cette discipline Apostolique.

Voyez dans les Acta Sanct. Maii, Tom. VII. Paralip. p. 97, l’ancien habit des Diacres.

Ce mot originairement signifie Ministre, & est formé de Diaconus, mot Latin, qui a été fait de διάκονος qui signifie, Ministre.

Les cérémonies qui se pratiquent quand on ordonne les Diacres, ne sont pas les mêmes dans toutes les Eglises. Dans l’Eglise Romaine on fait les Diacres de la manière qui suit : un Archidiacre présente à l’Evêque ceux qui demandent l’Ordre de Diacre, & l’Evêque demande s’ils en sont dignes ; l’Archidiacre répond qu’ils le sont, autant que la fragilité humaine le peut permettre : alors l’Evêque, étant assis, & revêtu de ses habits pontificaux, déclare tout haut qu’il les admet pour être Diacres, puis il leur fait une courte exhortation, dont la formule est dans le Pontifical : ensuite il exhorte le Clergé & le Peuple à se joindre à lui, pour demander à Dieu les graces nécessaires pour ceux qui vont être ordonnés Diacres : il se lève, & fait une prière par laquelle il demande ces grâces, après quoi on lui ôte sa Mitre, & il chante ou récite une espèce de préface, vers la fin de laquelle il étend la main droite sur la tête de chacun de ceux qui demandent le Diaconat, & qui sont à genoux, & dit, Recevez le Saint Esprit pour avoir de la force, & pour résister au Diable, & à ses tentations. Au nom du Seigneur. Il achève la préface, reprend sa mitre, s’assied, & met l’étole, puis la dalmatique, à ceux qu’il ordonne, en récitant à chaque cérémonie une formule, ou une prière convenable à cette cérémonie : ensuite il leur présente le livre des Evangiles (c’est le Missel) qu’ils doivent toucher de la main droite, tandis que l’Evêque dit, Recevez le pouvoir de lire l’Evangile dans l’Eglise de Dieu, tant pour les vivans que pour les défunts. Au nom du Seigneur. Ainsi soit-il. La cérémonie finit par des prières que l’Evêque récite après s’être levé, & s’être tourné du côté de ceux qu’il vient d’ordonner. Voyez le Pontifical Romain, & les anciens Pontificaux rapportés par le P. Martène, dans son ouvrage des anciens Rits de l’Eglise.

Dans l’Eglise Latine toutes les Eglises particulières pratiquent aujourd’hui, & ont autrefois pratiqué à-peu-près les mêmes cérémonies. On n’a pas néanmoins toujours présenté le livre des Evangiles à ceux qu’on fait Diacres ; & les plus anciens Pontificaux qui rapportent cette cérémonie sont ceux des Eglises d’Angleterre, ou de quelques autres Eglises, mais soumises à la domination des Anglois lorsque ces Peuples étoient Catholiques. Ce n’est pas à dire que cette cérémonie ne puisse être aujourd’hui la matière de l’ordination des Diacres, & que l’Eglise n’ait pu la déterminer ainsi.

Dans l’Euchologe des Grecs on trouve les cérémonies suivantes pour l’ordination des Diacres. Deux Diacres présentent à l’Evêque, qui est sur son trône, celui qui doit être ordonné Diacre : ils font trois tours autour de l’Autel, en disant, Saints Martyrs qui combattez avec courage. Alors celui qui veut être fait Diacre s’approche de l’Evêque, qui le marque trois fois à la tête, lui fait ôter sa ceinture, & lui ordonne d’ôter la serviette, ou la nappe : après avoir fait cela, il s’approche de la table sacrée, la touche du front, & fléchit le genou droit ; puis, tandis que l’Archidiacre dit à haute voix, Soyons attentifs, l’Evêque étend la main droite sur la tête de celui qui doit être fait Diacre, & il l’ordonne en prononçant la forme en ces termes : La grâce divine qui guérit ce qui est infirme, & qui donne ce qui manque, éleve au Diaconat N. Soudiacre très-pieux. Prions pour lui, afin que la grâce du Très-Saint Esprit vienne sur lui. Les assistans disent trois fois, Seigneur, ayez pitié : l’Evêque marque trois fois à la tête d’un signe de croix le nouveau Diacre, qui dit pendant cette cérémonie, Prions le Seigneur. L’Evêque ensuite récite deux prières différentes, tenant toujours la main étendue sur la tête du nouveau Diacre : entre ces deux prières l’Archidiacre récite la Diaconique. Après que l’Evêque a achevé la dernière des deux prières qu’il récite, il met l’étole au nouveau Diacre ; puis on chante quelques courtes prières, qui terminent la cérémonie de l’ordination des Diacres.

Les Coptes ont un Rit particulier pour l’ordination des Diacres. Ce Rit renferme les cérémonies que voici. Celui qui présente quelqu’un pour être ordonné Diacre, l’amène & le conduit à l’Autel devant l’Evêque : là il met le genou droit à terre sur les degrés de l’Autel : l’Evêque prend l’encens, & le bénit, en disant une prière assez longue : elle est suivie d’une seconde que l’Archidiacre récite, & de trois autres qui sont dites par l’Evêque : durant la première & la dernière de ces trois oraisons, il a le visage tourné du côté de l’Autel, c’est-à-dire, à l’Orient ; &, durant la seconde, il est tourné du côté de l’Occident, & il a la main droite étendue sur la tête de celui qu’il ordonne : il se tourne encore vers lui après la troisième de ces prières, & il le marque au front de son pouce, en disant : Nous vous appelons dans la sainte Eglise. Ainsi soit-il. Après quoi l’Archidiacre dit : Un tel est Diacre dans la sainte Eglise, l’Eglise Apostolique, l’Eglise de Dieu. Ainsi soit-il. Ensuite l’Evêque dit : Nous ordonnons Diacre un tel sur l’Autel, c’est-à-dire, sur telle Eglise orthodoxe, au nom du Père, & du Fils, & du Saint Esprit. Ainsi soit-il. Puis il fait trois croix sur le front du nouveau Diacre, &, après s’être tourné vers l’Orient, il récite une prière, laquelle étant finie, il met l’étole sur l’épaule gauche du nouveau Diacre (Baltheum) il faut traduire par le mot d’étole ce mot de La version Latine que le Père Kirker, Jésuite, a faite du Rituel des Coptes. En mettant l’étole au Diacre, l’Evêque récite une prière à la Sainte Trinité. Alors le Diacre, & tous ceux qui ont assisté à son ordination, s’approchent de l’Autel. Le Rituel des Coptes avertit qu’ici l’ordination du Diacre est finie ; mais il ajoûte encore quelque chose qui termine toute la cérémonie.

Les Nestoriens qui sont en Syrie & ailleurs pratiquent les cérémonies suivantes dans l’ordination des Diacres. L’Evêque prie pour ceux qui se présentent pour recevoir le Diaconat : ils approchent de l’Autel, & l’Evêque commence un canon (c’est une prière qui n’a rien de particulier que le nom de canon) puis il monte sur son siège, & ceux qui doivent être ordonnés se tiennent au-dessous du chandelier, où ils adorent étant prosternés, ce qu’ils font toujours tandis qu’on récite, ou qu’on chante des canons. Ce qui se chante ensuite ce sont des hymnes, ou des canons, que l’Evêque & l’Archidiacre chantent, tellement cependant que l’Archidiacre ne fait qu’annoncer la prière appelée hymne ou canon, en disant, Prions, ayons la paix, ou la paix soit avec nous : ces prières sont chantées par l’Evêque sur différens tons. Dans cette cérémonie il faut remarquer les choses suivantes. 1o. L’hymne n’a ni la forme, ni le caractère de nos hymnes, c’est une prière ordinaire. 2o. L’Evêque prépare un parfum agréable avant que de chanter l’hymne. 3o. Dans un des canons on nomme six des Diacres dont il est parlé au chapitre des Actes des Apôtres, le nom de Timon est omis : on nomme aussi les Apôtres Pierre & Paul, & les Evangélistes Matthieu & Marc, sans donner à ces quatre Saints le nom de Saint ou de Bienheureux : enfin, l’on joint à tous ces noms ceux de Sergius, de Bacchus, de George & de Cyriaque, qui sont appelés Martyrs, & on prie Dieu de les joindre avec ses serviteurs Juste & Athanase. Toutes ces prières finissent par une qui n’est appelée ni hymne, ni canon, mais prière, oratio.

Lorsqu’elles sont achevées, l’Evêque fait mettre à genoux devant l’Autel ceux qui demandent le Diaconat ; pour lui, il se lève & fait une prière ou oraison mentale, tandis qu’ils chantent quelque prière : alors l’Archidiacre leur fait mettre le genou droit seulement contre terre, le gauche demeurant élevé : ils mettent aussi leurs mains sur leurs oreilles ayant les doigts élevés en haut : l’Evêque quitte son bâton pastoral pour dire une prière, durant laquelle il a la main droite étendue sur ceux qu’il ordonne, & la gauche étendue comme un homme qui prie : à la fin de cette prière il fait un signe de croix sur la tête de ceux qu’il ordonne, & après que l’Archidiacre a averti de prier pour eux, l’Evêque dit encore une prière assez longue, ayant chacune des deux mains étendue comme auparavant : à la fin de cette prière il fait encore un signe de croix sur leurs têtes. Il leur commande de se prosterner pour adorer, & ensuite de se lever ; & alors il leur met sur l’épaule gauche l’étole qu’ils ont sur le cou. L’Archidiacre donne à l’Evêque le livre de l’Apôtre (c’est la sainte Ecriture,) l’Evêque présente à ceux qu’il ordonne ce livre pour le toucher, ce qu’ils font d’une manière particulière, le touchant du doigt appelé index, depuis le bas jusqu’au haut du côté droit, en tirant vers le gauche : durant cette cérémonie l’Evêque dit ces paroles : Un tel a été séparé, a été sanctifié, a été perfectionné, a été consacré, pour accomplir le ministère Ecclésiastique du Diaconat, & l’Œuvre du Lévite Etienne, Au nom du Père, & du Fils, & du Saint Esprit. Puis il donne le baiser au nouveau Diacre, que l’Archidiacre fait tourner autour de l’Autel à droite & à gauche, ce que tous font de même, s’il y en a plusieurs. L’Evêque, après avoir ôté aux nouveaux Diacres le livre qu’il leur a présenté, reprend son bâton pastoral, monte sur son siège, & dit quelque prière ou canon, après quoi il donne la bénédiction aux nouveaux Diacres. Voyez le Rituel des Nestoriens traduit en Latin par le P. Jean Morin.

Chez les Jacobites & chez les Eutychiens la Chirotonie, ou l’ordination des Diacres, se fait ainsi. Celui qui se présente pour être ordonné s’approche de l’Autel ayant la tête nue, puis il s’incline tandis qu’on fait l’oblation : lorsqu’elle est achevée l’Evêque lui coupe en forme de croix des cheveux sur la tête, il lui fait une exhortation sur les devoirs de son état, & le remet entre les mains de celui qui le présente. L’Evêque le reprend aussi-tôt par la main droite, en lui disant, Le Saint Esprit vous appele : il le fait approcher de l’Autel, & lui fait mettre le genou droit en terre : alors le premier des Diacres dit à haute voix une prière appelée louange, præconium, (Ce n’est qu’une prière ordinaire.) Après cette prière l’Evêque fait quelques cérémonies qui concernent le sacrifice ; ensuite desquelles il revient à celui qu’il doit ordonner, il applique les mains sur sa tête, puis les élève, étend les bras & les abaisse en tremblant ; ce qu’il fait trois fois de suite, ayant pendant ce temps là les yeux élevés vêts le Ciel, qu’il regarde avec crainte : puis il étend la main droite sur la tête de celui qu’il ordonne, & lui couvre la tête & les mains d’un voile appelé phaina : tandis que sa droite est toujours étendue, il porte la gauche trois fois autour de la tête de celui qu’il ordonne.

Cela fait, l’Evêque & les Diacres agitent & remuent des espèces d’éventails, (flabellum) & les Diacres récitent une prière, à la fin de laquelle l’Evêque se tourne vers l’occident du côté de celui qu’il ordonne, étend la main sur sa tête, lui fait un signe de croix entre les yeux, en disant : Il a été ordonné dans la sainte Eglise de Dieu, l’Archidiacre ajoûte : un tel Diacre à l’autel saint de la maison de la mere de Dieu, & des saints Apotres, & des quarante victorieux Martyrs, & de tel Saint seigneur de tel lieu : (qui y préside) l’Evêque ajoûte : un tel Diacre à l’autel saint du Lieu orthodoxe qui vient d’être nommé : le Diacre dit : Bénissez, Seigneur ; l’Evêque ajoûte : Au nom du Père, ainsi soit-il ; & au nom du fils ; Et au nom. du S. Esprit pour la vie du siècle des siècles, ainsi soit-il. Alors l’Evêque prend par la main celui qui est ordonné, il le fait lever, & ayant pris l’oraire, orarium, (c’est l’étole) il le porte de la main en tournant au-dessus de sa tête en disant : A la louange & l’honneur de la gloire & l’exaltation de la sainte & consubstantielle Trinité, & la paix & l’édification de la sainte Eglise de Dieu ; puis il met cet oraire sur l’épaule gauche du nouveau Diacre, & lui donne l’éventail : alors chacun de ceux qui sont présens récite le répons. A la louange, &c. Enfin, l’Evêque prend l’encensoir, y met des parfums, & le donne au Diacre, qui fait des encensemens autour du peuple, tandis qu’on récite le répons qui a déjà été dit deux fois, A la louange, &c. Voyez les Rituels des Jacobites & des Eutychiens, de la traduction & de l’édition du P. Jean Morin.

Les Maronites font au commencement de l’ordination des Diacres à-peu-près les mêmes cérémonies que les Jacobites. Apres qu’on a présenté celui qui doit être ordonné, qu’on a fait des encensemens & récité quelques prières, l’Evêque donne la tunique & l’oraire à celui qu’il ordonne ; & ensuite on lui fait lire quelque chose de la première Epître de Saint Paul à Timothée, puis réciter une prière assez longue : on lui donne l’encensoir, il encense l’Autel en tournant autour, il fait le tour de l’Eglise en portant l’Epître, & après l’avoir quitté il agite le voile en disant une prière ; après quoi il s’incline : l’Evêque met la main sur sa tête, & dit : Il a été ordonné dans la sainte Eglise. (Il avoit déjà reçu auparavant l’imposition des mains, mais il n’est point marqué en quel endroit de la cérémonie de l’ordination.) Alors l’Archidiacre déclare à haute voix qu’un tel est ordonné Diacre, &c. Ce nouveau Diacre donne le baiser à l’Autel & à l’Evêque, participe aux saints mystères, & la cérémonie finit. Voyez la Version des Ordinations des Maronites du P. Jean Morin.

L’éventail, flabellum, dont il est souvent parlé dans les Pontificaux, & qu’on donnoit aux Diacres dans la cérémonie de leur ordination, a été en usage dans l’Eglise Latine, aussi bien que dans l’Eglise Grecque ; mais bien plus dans la Grecque que dans l’Eglise Latine, où le froid du climat rend les mouches & les autres insectes semblables moins incommodes : & parce que c’étoit une des fonctions des Diacres de chasser les mouches durant le saint sacrifice, on leur donnoit un éventail en les ordonnant.

Diacre d’honneur. Diaconus honorarius, ou assistens. Le Diacre d’honneur est un Diacre qui assiste celui qui dit une Messe solennelle, sans faire aucune fonction de Diacre : il est seulement revêtu des ornemens de son Ordre. Quelques Auteurs disent que les Diacres d’honneur dans leur institution n’avoient point l’Ordre de Diacre, & qu’ils pouvoient par conséquent se marier ; mais, parce qu’ils approchent de si près des autels, on jugea à propos dans la suite de ne point recevoir de Diacres honoraires qui n’eussent l’Ordre de Diacre, & qui ne fussent obligés au célibat.

Diacre d’Office. Diaconus ministrans. Le Diacre d’office est celui qui assiste un Prêtre qui dit la Messe, & qui fait les fonctions de son Ordre de Diacre, en quoi il diffère du Diacre d’honneur, qui ne fait aucune fonction de son Ordre, & qui assiste simplement. Les jours les plus solennels il y a à la Messe un Diacre d’honneur & un Diacre d’office.