Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DEUTÉROCANONIQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 304).
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DEUTÉROCANONIQUE. Terme dogmatique de Théologie. Livre sacré de l’Écriture qui a été mis plus tard que les autres dans le Canon, soit parce qu’il a été écrit après que les autres y étoient déjà, soit parce qu’il y a eu quelque doute de sa canonicité. Deuterocanonicus. Les Juifs reconnoissent, dans leur Canon, des livres qui n’y ont été mis qu’après les autres. Ils disent que, sous Esdras, une grande assemblée de leurs Docteurs, qu’ils appellent par excellence la Grande Synagogue, fit le recueil des Livres saints que nous avons encore aujourd’hui dans l’ancien Testament Hébreu ; & il est bien certain qu’elle y mit des livres qui n’y étoient point avant la captivité de Babylone, comme ceux de Daniel, d’Ezéchiel, d’Aggée, &c. & ceux d’Esdras & de Néhémias. De même l’Eglise en a mis quelques-uns dans le Canon qui ne sont point dans celui des Juifs, & qui n’ont pu y être, puisque plusieurs n’ont été composés que depuis le Canon fait du temps d’Esdras ; la Sagesse, l’Ecclésiastique, les Machabées. D’autres n’y ont pas été mis sitôt, parce que l’Eglise n’avoit point encore examiné leur canonicité : ainsi, jusqu’à son Examen & son Jugement, on a pu en douter. Mais, depuis qu’elle a prononcé sur la canonicité de ces livres, ou de ces parties de livres de l’Ecriture, il n’est pas plus permis d’en douter, qu’il ne fut permis aux Juifs de douter de ceux du Canon d’Esdras ; & les Deutérocanoniques ne sont pas moins canoniques que les Protocanoniques, puisque la seule différence qu’il y a entre les uns & les autres, c’est que la canonicité de ceux-là n’a pas été reconnue généralement, & qu’elle n’a pas été examinée & décidée par l’Eglise, sitôt que celle des autres.

Les Livres Deutérocanoniques sont, le livre d’Esther, ou tout entier, ou pour le moins les sept derniers chapitres de ce livre ; Tobie, Judith, le livre de la Sagesse, l’Ecclésiastique, Baruch, les deux livres des Machabées, l’Epître aux Hébreux, celle de S. Jacques, & celle de S. Jude, la seconde de S. Pierre, la seconde & la troisième de S. Jean, avec son Apocalypse. Les parties Deutérocanoniques de livres sont dans Daniel, l’Hymne des trois enfans & l’Oraison d’Azarie, les Histoires de Susanne, de Bel & du Dragon ; le dernier chapitre de S. Marc ; la Sueur de sang, & l’Apparition de l’Ange racontées en S. Luc, C. XXII. l’Histoire de la Femme adultère en S. Jean, C. VIII. Voyez l’Œconomia Bibliorum d’Ederus, p. 19. B. Michaël de Médina. De Rectâ in Deum fide, L. VI, C. 10. Serarius Prolegom. C. 7. Bonfrerius Præloq. C. 3. Ménochius Proleg. C. 7.

Ce mot est Grec & composé de Δεύτερος, second, & Κανονικὸς, Canonique, parce que ces livres ne sont que les seconds Canoniques, les autres l’ayant été avant ceux-ci, ce qui ne signifie pas qu’ils aient moins d’autorité.