Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉTROMPER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 291).
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DÉTROMPER, v. a. Désabuser ; faire connoître à quelqu’un son erreur. Errorem alicui eripere, ab errore aliquem evellere. Il faut détromper l’homme de l’illusion par laquelle il se représente grand à soi-même. Nic. On a bien de la peine à détromper les gens préoccupés. On l’a détrompé de la mauvaise opinion qu’il avoit de vous. On est quelquefois moins malheureux d’être trompé de ce qu’on aime, que d’être détrompé. Rochef. L’emploi principal de la Morale consiste à détromper la raison de l’erreur de l’imagination & des sens. S. Evr. Pour être détrompé de l’amour, je n’en suis pas guéri ; tandis que mes réflexions le condamnent, mon cœur se déclare pour lui. Le Monde a beau nous tromper par de funestes espérances : peu de personnes s’en détrompent. M. Esp.

On le dit aussi avec le pronom personnel. En Physique on se détrompe tous les jours des erreurs de l’Antiquité. Errorem deponere. Sortir d’erreur.

M. de Vaugelas dit qu’il a vu venir à la Cour le mot détromper, c’est-à-dire, que ce mot s’est établi de son temps.

Détrompé, ée. part. Ab errore liberatus. Cet homme est un bel esprit, bien détrompé du monde, des erreurs populaires.

Mon cœur préoccupé
Lui-même appréhendoit de se voir détrompé.