Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉPOSER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 241).
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DÉPOSER. v. a. Témoigner en Justice la vérité d’un fait, déclarer ce qu’on a vu, ou oui. Testari, testificari. On fait faire serment aux témoins de déposer la vérité. Un tel témoin dépose de visu. On dit figurément, Le remords de la conscience est un témoin qui dépose continuellement contre nous.

Déposer, se dit figurément des choses qui servent de preuve à quelque chose, qui tendent à prouver quelque chose : ainsi déposer contre quelque fait ou quelque opinion, c’est prouver, montrer qu’elle est fausse. Infirmare, confutare. Et déposer en faveur, c’est prouver qu’elle est vraie. Confirmare. Pendant que tout justifie notre système, tout dépose contre celui de M. Newton. Gamaches.

Déposer, signifie aussi, mettre en lieu sûr, mettre une chose entre les mains d’une personne pour la garder, pour en avoir soin. Deponere. On oblige de déposer au Greffe une pièce maintenue fausse. On dépose chez un Notaire, aux Consignations, les sommes saisies ; ou celles où il y a des oppositions, ou contestations.

Déposer, se dit aussi des corps morts qu’on met en dépôt dans une Eglise, jusqu’à ce qu’on les transporte ailleurs. Deponere, collocare. On a déposé le corps de ce Seigneur dans une chapelle de sa Paroisse, jusqu’à ce qu’on le transporte dans le tombeau de ses pères.

Déposer, se dit figurément pour confier, remettre. Deponere aliquid apud aliquem, credere aliquid alicui. Le Roi dépose une partie de son autorité entre les mains de ses Magistrats pour rendre justice à ses peuples. On est heureux d’avoir un ami dans le sein duquel on puisse déposer ses pensées, ses secrets, ses joies, ou ses douleurs.

Déposer d’un secret la charge trop pesante. Vill.

Déposer, signifie aussi, destituer quelqu’un d’une dignité, d’une charge, d’un emploi. Alicui magistratum abrogare, aliquem magistratu depellere. Il y a eu des Papes qui ont été déposés dans des Conciles ; des Papes & des Empereurs qui se sont déposés eux-mêmes, qui ont renoncé volontairement à leur dignité. Les Papes ont autrefois prétendu avoir le droit de déposer les Rois. Quelquefois on dépose les Officiers par forfaiture. On le dit plus ordinairement des Officiers Ecclésiastiques : on dit des autres destituer.

Déposer, signifie aussi, quitter une charge, se défaire d’un office, d’un emploi. Abdicare se magistratu, magistratum abdicare. Sylla déposa la Dictature. Ab. Abdiquer vaudroit mieux.

Dans l’Ordre de la Visitation, ce mot, aussi bien que déposé, n’ont rien d’odieux ; ils se disent de la Supérieure qui n’est plus en place, qui est sortie de charge. Bien plus, cette ancienne Supérieure en retient la dénomination, car on ne l’appelle pas autrement que la sœur la déposée.

Déposé, ée. part. Il a la signification de son verbe.