Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉPLORER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 239).

DÉPLORER. v. a. Plaindre avec de grands sentimens de compassion. Deplorare, destere, lugere, miserari. Les Prophètes ont prédit & déploré le malheur de Jérusalem long-temps avant qu’il arrivât. Héraclite déploroit sans cesse le malheur de la condition humaine. On ne sauroit trop déplorer l’aveuglement & le malheureux état d’un pécheur. Déplorer la misere du temps. Ablanc. Ce mélancolique passe les journées entières à déplorer les malheurs de la vie, & à raconter des choses lamentables avec une voix triste & langoureuse, comme s’il étoit payé pour pleurer. M. Scud. Ceux que la religion sépare se regardent comme des aveugles, & déplorent l’égarement l’un de l’autre. Fonten. Je veux déplorer toutes les calamités du genre humain. Boss. Il ne se dit que des choses.

Déploré, ée. part. pass & adj. Deploratus. On dit dans un sens figuré, au Palais, qu’une cause est déplorée, qu’une affaire est déplorée ; pour dire, qu’elle ne vaut rien, qu’elle est insoutenable, qu’il n’y a aucune espérance de la faire réussir. On dit figurément, qu’une santé est déplorée, pour dire, qu’on n’en espère rien, qu’on désespère de la guérison du malade. On appelle une maladie déplorée, une maladie sans remède. Acad. Fr. Cette mauvaise phrase a disparu de la dernière édition.