Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉLAISSER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 188).
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☞ DÉLAISSER, v. a. Laisser quelqu’un sans secours, n’avoir point de soin de le secourir. Derelinquere, destituere. Le Sauveur dit à son père, étant sur la croix, Seigneur, Seigneur, pourquoi m’avez vous délaissé. Job se plaignoit d’être délaissé de tous ses amis. La science est triste, affreuse, délaissée. Boil.

☞ Observons avec M. l’Abbé Girard que délaisser ne se dit guère que des personnes. Nous délaissons les malheureux à qui nous ne donnons aucun secours.

☞ On dit plus souvent abandonner que délaisser. Ce dernier a meilleur grâce au participe qu’à ses autres modes, & il a par lui seul une énergie d’universalité, qu’on ne donne au premier qu’en y joignant quelque terme qui la marque précisément. Ainsi l’on dit : c’est un pauvre délaissé, il est généralement abandonné de tout le monde.

☞ Souvent nos parens nous abandonnent plutôt que nos amis. Dieu permet quelquefois que les hommes nous délaissent pour nous obliger à avoir recours à lui. Une personne qui se voit délaissée dans sa misère ne regarde la charité que comme un paradoxe qui occupe inutilement une quantité de vains discoureurs.

Délaisser, signifie aussi, donner, quitter, abandonner. Cedere. Dans les Contrats, on dit qu’on a quitté & délaissé une terre, à titre de ferme, à un tel métayer ; à titre de vente, de donation. Il a été contraint de déguerpir, de délaisser la possession de cet héritage. Voyez Délaissement, terme de Palais.

☞ On dit aussi, en termes de Pratique, délaisser une procédure commencée, délaisser des poursuites, s’en désister.

Délaissé, ée. part. & adj. Relictus, derelictus, destitutus.