Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉJEUNER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 185-186).
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DÉJEUNER. v. n. Faire le premier repas du jour, qui se fait avant le dîner. Jentare. Cet homme a toujours déjeûné dès le matin. Il a bien gagné à déjeuner. Déjeuner d’un pâté.

Ce mot vient du Latin dejenare, comme qui diroit, rompre le jeûne, faire une action contraire au jeûne, d’où quelques-uns ont fait aussi par abréviation le mot de dîner, parce qu’autrefois on ne dînoit point quand on jeûnoit.

Déjeuner, ou Déjeuné. s. m. Plusieurs écrivent déjeûné sans r, & on le prononce toujours ainsi. Léger repas qu’on fait le matin avant le dîner. Jentaculum. Muni d’un bon déjeuné. Boil. Les enfans & les vieillards ajoutent aux deux repas ordinaires, le déjeûner & le goûter. Lemery. Ils trouvèrent un bon déjeuner qui les attendoit, & qu’ils mangèrent de fort bon cœur, bénissant Dieu, qui ne leur avoit pas fait manger leur pain blanc le premier. Racine.

Qu’un ample déjeûné
Long-temps nous tienne à table, & s’unisse au dîné. Boil.

On appelle déjeûné-dîné, un grand déjeûné qui ne permet pas de dîner. On dit déjeûné de Clercs, dîner de Procureurs, collation de Commères, souper de Marchands.

Déjeuner, se dit figurément & dans le style familier, en parlant de quelque chose dont on croit qu’on viendra facilement à bout, qui ne peut pas résister long-temps. Cette place ne peut pas tenir long-temps : il n’y en a pas pour un bon déjeûner. Res aliqua levioris momenti ac ponderis. Il a eu peu de bien de sa femme, il n’y en a pas pour un bon déjeûner.