Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉISTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 186).
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DÉISTE. s. m. Homme qui n’a point de Religion particulière, mais qui reconnoît seulement l’existence d’un Dieu, sans lui rendre aucun culte extérieur, en rejetant toute sorte de révélation. Nullius cultor religionis & in solâ Dei existentis confessione conquiescens ; Deista. Les Déistes soutiennent que le plus certain est d’en revenir à la simplicité de la nature, & à la créance d’un Dieu unique, qui est la seule vérité reconnue du consentement de tous les hommes. Ils prétendent que la liberté de la raison est opprimée sous le joug de la Religion, & que les esprits sont tyrannisés par la nécessité qu’on leur impose, de croire des mystères inconcevables, comme si Dieu pouvoir dispenser d’un culte sincère & véritable ceux qui le reconnoissent pour tel. On appelle plus particulièrement Déistes, des gens qui ne sont point tout-à-fait sans Religion, mais qui rejettent toute révélation, croyant seulement ce que la lumière naturelle démontre, qu’il y a un Dieu, une Providence, des récompenses pour les bons, & des châtimens pour les méchans ; qu’il faut honorer Dieu, mais chacun à sa manière & selon sa volonté, comme on convient, disent-ils, que les premiers hommes l’ont fait jusqu’à Moïse ; comme si, supposé que Dieu ait révélé des vérités, & qu’il ait prescrit un culte qu’il veuille qu’on lui rende, on pouvoit ne lui pas obéir ; ou que la révélation pût être douteuse après toutes les preuves que nous en avons.