Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCRÉDITER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 153).

☞ DÉCREDITER. v. a. Expression usitée dans le commerce. Oter le crédit, faire perdre le crédit à quelqu’un. Voyez crédit. Le moindre soupçon de banqueroute décrédite un Banquier. La mauvaise foi décrédite un Marchand.

Décréditer, se dit plus souvent au figuré, pour faire perdre à quelqu’un l’estime, la considération où il étoit. Voyez Crédit pris au figuré. Alicujus gratiam, auctoricatem, existimationem miuuere, imminuere, detrahere alicui. Il ne faut qu’une lâche action pour décréditer un homme de guerre pour toute sa vie. Les personnes de bon sens ont fort décrédité les équivoques. Bouh. Un méchant livre décrédite un Auteur. La honte de céder à des ennemis tant de fois vaincus, & la crainte de décréditer les armes de l’Empire, le déterminoient à combattre. Flech. La vie d’Epicure a été attaquée pour décréditer plus facilement ses opinions. S. Evr. Les bienfaits que j’ai reçus de vous décréditent les louanges que je vous donne. Boil.

Décréditer, est aussi réciproque. Se décréditer, perdre soi-même son crédit, par sa mauvaise conduite ou par des accidens qui dérangent la fortune & font perdre la confiance publique. On le dit aussi au figuré. Il ne disoit rien de sa disgrace à sa belle, de peur de se décréditer en montrant son malheur. B. Rab. Existimationem perdere, amittere.

☞ On dit d’une opinion qui a été fort en vogue & qui commence à n’avoir plus de cours, qu’elle commence à se décréditer, & d’une chose qui a été fort à la mode, & dont on est revenu, qu’elle est décréditée.

Décrédité, ée. part. pass. & adi. Imminutus existimatione, gratiâ. Un homme décrédité est celui qui ne trouve plus à emprunter la moindre somme. Une boutique décréditée est celle ou l’on ne voit plus de chalands.

On dit aussi qu’une chose est décréditée, quand elle n’est plus de mode.