Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCHIFFREMENT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 137-138).

DÉCHIFFREMENT. s. m. L’action de déchiffrer, l’art d’expliquer un chiffre, de deviner le sens de ce qui est écrit en caractères différens des caractères ordinaires. Literarum occultis notis exaratarum explicatio. Le déchiffrement est une chose où l’on ne réussit pas toujours. Il faut avoir un certain génie pour le déchiffrement des lettres. Jacques de Gevri a fait un Traité du déchiffrement de la langue Françoise. La Bibliographie est le déchiffrement des anciens manuscrits sur l’écorce des arbres, sur le papier & sur le parchemin. Spon. Chaque langue a des règles particulières du déchiffrement. Le livre de Gevri contient celles qui sont propres à la langue Françoise. Les principales sont que lorsqu’un caractère se trouve seul, il faut que ce soit un A, un Y, ou un O, parce qu’il n’y a que ces trois lettres qui fassent un mot à part en françois. 2o. Le caractère qui se rencontre le plus souvent dans l’écriture qu’on veut déchiffrer est ordinairement un E ; car c’est la lettre la plus commune de toutes en notre langue. 3o. Pour connoître un U, il faut prendre le caractère qui est toujours précédé d’un certain autre, qui sera le Q. 4o. L’I se connoît aussi par le moyen du Q ; car comme QUE & QUI sont les seuls en notre langue qui, commençant par un Q, n’ont que trois lettres, lorsqu’on trouve un mot de trois caractères, dont la première est un Q, & dont la dernière n’est pas un E, c’est un I. 5o. Dans les mots de deux caractères l’un ou l’autre est une voyelle. 6o. Des trois premiers caractères d’un mot l’un est une voyelle. 7o. Les voyelles étant une fois déchiffrées, on connoît aisément les consonnes par la liaison qu’ont ordinairement certaines consonnes avec certaines voyelles.