Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCERNER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 133).
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DÉCERNER, v. a. Ordonner quelque chose par une délibération de Sénat, d’Assemblée de ville, par autorité publique. Decernere. Le Sénat de Rome décernoit le triomphe à ceux qui avoient étendu les bornes de l’Empire. On lui décerna les honneurs divins. Vaug. Le petit triomphe fut décerné à Germanicus. Ab. On lui décerna les honneurs funèbres au soir. Patru. On ne se sert guere de décerner dans les discours familiers, mais seulement dans les discours graves, & dans les livres.

Et parmi les mortels,
Quelquefois ceux que l’on encense,
Ne sont que de grands criminels
A qui notre seule ignorance,
Au lieu de châtiment décerne des autels.

Nouv. ch. de Vers.

Décerner, se dit aussi des ordonnances & décrets qui se font dans les Conciles, dans les assemblées Ecclésiastiques. Le Saint Concile a décerné que dorénavant les mariages ne se feroient qu’après trois publications de bans.

Décerner, se dit encore en termes de Palais, des décrets qu’on donne en matière criminelle pour arrêter & ajourner personnellement un accusé. La Cour a décerné son décret de prise de corps contre tels & tels. On ne décerne qu’un ajournement personnel contre un domicilié, quand il n’y a ni meurtre, ni mutilation de membres. On dit aussi en termes de Finances, Décerner une contrainte pour le payement de quelques sommes, & sur-tout des taxes & deniers Royaux. L’Intendant de la Province a décerné une contrainte au bas d’un tel rôle, d’une telle taxe.