Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUVRE-FEU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 1009).

COUVRE-FEU. s. m. instrument ☞ de fer ou de cuivre qu’on met sur le feu pour le couvrir & le conserver pendant la nuit. Foci operculum.

Couvre-feu, signal de retraite qu’on donne dans les villes de guerre pour se coucher, pour avertir qu’on ne sorte plus. Signum vespertino receptui. Par une Ordonnance de Philippe de Valois, il paroît qu’on sonnoit le couvre-feu au soir & au point du jour ; & qu’à Laon on fit dépendre la cloche du beffroi pour punir les habitans d’une sédition qui étoit arrivée. Pasquier dit qu’on appeloit autrefois le couvre-feu ou courfeu, & par corruption carfou, ou selon d’autres, garefou, pour avertir de se mettre à couvert des débauchés & des voleurs de nuit. On l’appelle en Gascogne chasse-ribauds.

Couvre-feu. s. m. nom de la cloche qu’on sonnoit en Angleterre tous les soirs au commencement de la nuit. Cette coutume & le nom de cette cloche vinrent de Guillaume le Conquérant, qui ordonna sous de rigoureuses peines qu’au son de la cloche, qui sonnoit à sept heures du soir, chacun se tînt renfermé dans sa maison, qu’on éteignît les chandelles, & qu’on couvrît le feu. ☞ Ceux qui manquoient d’exactitude dans l’observation de cette loi, étoient rigoureusement punis. Le couvre-feu fut aboli par Henri II.

☞ Le couvre-feu étoit une police ecclésiastique, autrefois en usage dans les cloîtres. Cette coutume s’observe encore actuellement dans quelque endroits. Dans l’église cathédrale de Paris, on sonne tous les soirs à sept heures le couvre-feu, & la cloche qui sonne le signal, porte aussi le nom de couvre-feu.