Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUVER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 1007).
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COUVER, v. a. se dit des oiseaux mâles ou femelles qui se tiennent sur les œufs pour les échauffer, jusqu’à ce que les petits soient éclos. Ova fovere, ovis incubare, Sedere in ovis. Les pigeons couvent plusieurs fois l’année. C’est une erreur populaire de croire que les tortues couvent des yeux ; elles couvrent seulement leurs œufs de sable, & le soleil par sa chaleur les fait éclorre.

☞ On le dit quelquefois absolument. C’est la saison de mettre les poules couver, où les oiseaux couvent.

Ce mot vient de cubare. Nicod. Du Cange dit aussi qu’il vient de cubare ova.

☞ On dit figurément, mais dans le style familier seulement, couver quelqu’un des yeux, avoir les yeux attachés sur lui, le regarder avec affection, avec tendresse & complaisance, & sans pouvoir s’en lasser. Oculos in aliquem deponere ; haurire oculis, oculis hærere. Elle aime si fort son fils, qu’elle le couve des yeux.

Couver se dit au figuré pour dire, tenir caché, & se prend presque toujours en mauvaise part. Couver un dessein, le tenir renfermé dans son ame jusqu’au moment de l’exécution. Occultare. La conduite de ces Princes fait croire qu’ils couvent quelque grand dessein dans leur ame. Dans ce sens, il est encore actif.

☞ On le dit au neutre dans la même signification des choses qui demeurent long temps cachées, & qui se découvrent enfin. Le feu a long temps couvé sous la cendre, & puis l’incendie a recommencé. On croyoit son amour éteint ; il a long temps couvé dans son cœur sans paroître. Cette conspiration a couvé long temps avant d’éclater. Latere, occultari.

Il est quelquefois réciproque. Il se couve là-dessous je ne sais quoi.

☞ Ce verbe a une signification particulière parmi les femmes du peuple qui mettent sous leurs jupes une petite chaufferette avec du feu pour se tenir chaudement pendant l’hiver : ce qui s’appelle couver. Foco, foculo insidere, incubare.

Couvé, ée. part. & adj. Fotus.