Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUPER
COUPER, v. a. séparer avec un instrument tranchant un corps continu & solide, en deux, ou plusieurs parties. Secare, dissecare, resecare, incidere, cædere, scindere. On coupe les blés avec une faucille. On coupe l’herbe avec une faulx. On coupe les arbres avec une coignée & la serpe. Le laboureur coupe la terre avec la charrue & le coutre. Couper du pain, de la viande avec un couteau. Un fanfaron dit en menaçant, qu’il coupera bras & jambes à quelqu’un ; pour dire, qu’il fera toutes sortes de mauvais traitemens : & au figuré, on dit qu’un juge a coupé bras & jambes à une partie ; pour dire, qu’il lui a fait tout le tort qu’il a pu. Malè excipere, malè habere, malè multare aliquem. On dit aussi, couper la bourse à quelqu’un, ☞ dans le sens propre, c’est lui voler adroitement sa bourse, ce qu’il a sur lui, figurément, c’est tirer de l’argent d’une personne qui n’a pas beaucoup d’envie d’en donner. Emungere aliquem argento, diminuere alicui pecuniam. Il s’est laissé couper la bourse pour avoir la paix.
☞ COUPER signifie quelquefois tailler suivant les règles de l’art. Ce tailleur est adroit ; il sait bien couper un habit. Cet ouvrier entend bien à couper les pierres. Ce sculpteur coupe bien le bois. On dit aussi couper des souliers, des pantoufles, des bottes.
Ce mot vient du grec κόπτειν qui signifie la même chose, selon Nicod, après Budée. D’autres le dérivent du latin capulare, qui le trouve dans la basse latinité au même sens de couper. Voyez la Loi salique, Tit. 21 §. 2. la vie de S. Ursmare, c. 2. n. 3. Acta SS. April. T. II. p. 566. D. Vossius L. IV, de Vitiis serm. dérive capulare de capulus ; mais les Bollandistes à l’endroit cité p. 567. B. n’approuvent point cette étymologie, parce que capulus vient de capio, signification qui ne convient nullement à celle de capulare, qu’ils aiment mieux tirer de l’allemand Cappen, qui veut dire fendre en frappant d’une coignée, d’un couteau, d’une épée, &c.
Il signifie aussi, interrompre un ordre, une suite, un rang de personnes, ou de choses, en mettant quelqu’un ou quelque chose entre. Interrumpere, dividere. Les Pairs de France, dans leur Mémoire au feu Roi, disent : L’autre chef dont nous osons nous plaindre à V. M. c’est qu’il y a un Conseiller au bout de chaque banc des Princes du Sang & des Pairs, & qu’ainsi nous nous trouvons coupés par eux, qui ne sauroient opiner à la place où ils sont, & par conséquent ils ne sont pas à leur place. Et dans la Requête présentée à Louis XV ; lorsque les Pairs se sont trouvés en assez grand nombre aux séances des bas sièges, pour remplir les bancs qui forment le premier rang du parquet intérieur, ils (les Présidens) ont affecté de placer à l’extrémité de chaque banc un Conseiller, qui se trouvant au milieu des Pairs, qui sont à sa droite & à sa gauche, interrompt & coupe l’ordre de leur séance. Il arriveroit même que dans la suite, si le Royaume étoit assez heureux pour voir des Princes de votre Sang auguste en assez grand nombre pour occuper plus d’un banc, les Conseillers les couperoient, & par conséquent se placeroient au dessus de quelques-uns d’eux.
☞ COUPER chemin à quelqu’un, se mettre sur son chemin au devant de lui, pour l’empêcher de passer, & figurément, couper chemin à un mal, en arrêter le cours.
☞ Couper quelqu’un, le devancer, prendre les devans. Son carrosse nous coupa. Prævertere, præverti. Couper par le plus court, par le plus court chemin, prendre le chemin le plus court. Coupez par ce sentier, vous arriverez plutôt.
☞ En termes de chasses, on dit qu’un chien coupe, quand il veut gagner la tête de la meute, anteire, ou quand il quitte la voie de la bête pour la devancer ; ce qui est un défaut.
☞ En termes de guerre, couper les ennemis, c’est se porter entre deux parties de leur armée, pour les empêcher de se rejoindre, ou entre leur armée & la place qu’ils couvrent, pour les empêcher d’y entrer. Dans le même sens couper la communication d’une ville, d’un quartier, se poster de manière qu’on ne puisse y envoyer du secours.
☞ Couper les vivres, fermer les avenues pour empêcher qu’on ne porte des vivres, des munitions à une armée, à une ville assiégée. Commeatum hostibus, ou hostes commeatibus intercludere : au figuré couper les vivres à quelqu’un, lui retrancher les moyens de subsister.
☞ Couper les eaux à une ville, couper les canaux qui y portent de l’eau.
Couper les sons, terme de Musique. Sonos abrumpere, c’est ne pas traîner ou alonger certains sons, & ne les continuer qu’autant de temps qu’il faut pour les faire entendre, en sorte qu’il y ait quelque silence entre chaque son. Cette manière de couper les sons fait souvent un bel effet dans les expressions de douleurs, pour exprimer des soupirs & des sanglots, dans les expressions d’étonnement & d’admiration, dans les cérémonies magiques & terribles. De Brossard.
En termes de monnoie on dit couper des lames en flans. Quand les lames, soit d’or, soit d’argent, soit de cuivre, sont à peu près de l’épaisseur des espèces à fabriquer, on en coupe des morceaux avec des instrumens de fer, en manière d’emporte-pièce appelés coupoirs. Ces morceaux sont de la grandeur, de l’epaisseur, de la rondeur, & à peu près du poids des espèces à fabriquer, & sont nommés flans jusqu’à ce que l’effigie du Roi y ait été empreinte. C’est là ce qui s’appelle couper les lames en flans.
En terme de jardinage, on dit couper en pié de biche ; pour dire, couper de biais. Oblique secare, incidere. Couper une branche à l’épaisseur d’un écu, c’est couper certaines branches qui défigurent l’arbre, observant néanmoins de laisser la partie du côté du vide qu’on veut remplir, plus élevée que l’autre ; & la sève par cette taille donne par l’œil qui reste une branche qui se porte où l’on veut qu’elle soit. Amputare ramum ad primum ocellum. Couper en moignon, truncare, c’est couper une branche raisonnablement grosse à trois ou quatre doigts de longueur. Couper en talus, c’est la même chose qu’en pié de biche. Oblique amputare. Couper carrément, c’est couper de sorte que la taille soit bien unie & bien égale, afin qu’il se forme tout autour trois ou quatre branches bien placées & bien disposées pour faire un buisson bien rond, bien ouvert, & également garni ; car cela se pratique à l’égard des buissons. Voyez la Quintinie & Liger au mot Couper.
Couper signifie encore entamer quelque chose, y faire quelque ouverture. Incidere. Cet homme s’est coupé au doigt. Cette pistole est douteuse, elle a été souvent coupée. Voilà un vent de Nord qui coupe commue un rasoir, c’est-à-dire, il entame, il fait fendre la peau. Le froid gerce, fait que la peau se coupe. Urere. Couper dans le vif, se dit d’un Chirurgien qui, en faisant son opération, coupe jusque dans la chair vive.
On le dit au figuré pour dire ; toucher à ce qui est le plus sensible.
Couper, terme d’escrime. On coupe sur la pointe & sous poignet, au lieu de dégager. Il est très-difficile de parer une botte coupée sous le poignet.
☞ Couper sous le poignet, c’est dégager par dessous le poignet de l’ennemi, au lieu de dégager par dessous le talon de sa lame, & couper sur pointe, c’est porter une estocade à l’ennemi en dégageant par dessus la pointe de son épée.
On dit aussi, en termes de Manège, qu’un cheval se coupe, quand par l’un de ses fers il entame la peau d’un de ses boulets. Incidere. On dit aussi, couper le rond, ou couper la volte, quand un cheval change de main en travaillant sur les voltes.
Couper un cheval, c’est le châtrer. Castrare. On a été obligé de couper ce cheval, parce qu’il ruoit & mordoit. On le dit aussi de quelques autres animaux, & ce terme est plus honnête que ses synonimes.
Couper s’emploie aussi, en parlant de divers supplices par lesquels on mutile les corps des criminels. Amputare. En France on coupe la tête aux Gentils’hommes avec un coutelas. Præcidere cervices, resecare. En Angletterre on la leur coupe avec une doloire sur un billot. On coupe le poing aux parricides, aux meurtriers des Princes, de leurs parens, de leurs maîtres, & aux sacrilèges.
Couper la gorge signifie, tuer, massacrer. Jugulare. On coupa la gorge à tous les François au temps des Vêpres Siciliennes. Ce voleur a été roué pour avoir coupé la gorge à plusieurs passans. Se couper la gorge avec quelqu’un, se battre en duel avec lui. Je veux me couper la gorge avec vous.
En ce sens on dit figurément, qu’on coupe la gorge à quelqu’un, quand on lui cause quelque dommage considérable. Grave detrimentum afferre : on peut se servir du mot jugulare, en ajoutant la particule quasi. On coupe la gorge aux enfans, quand on ne les instruit pas bien, quand on les laisse vivre dans un plein libertinage. Vous lui ôtez cet emploi, vous lui coupez la gorge. Le Juge a coupé la gorge à cette partie, en lui faisant perdre son procès. On coupe la gorge dans cette hôtellerie, on y rançonne les passans. On dit aussi d’une raison peremptoire & décisive, qu’elle coupe la gorge à un adversaire, lorsqu’il n’a rien à y répondre.
Couper signifie aussi diviser un pays. Dissociare, dividere. L’Appennin est une chaîne de montagnes qui coupe toute l’Italie. La France est coupée & arrosée de plusieurs rivières. La Flandre est coupée d’un nombre infini de fossés & de canaux. Voyez ci-dessus comme il se dit des personnes & des rangs, ou suites interrompues, à peu près en ce même sens.
Couper se dit figurément en choses spirituelles & morales. Abrumpere. Vous avez coupé le nœud que vous ne pouviez délier. S. Réal. On dit qu’un criminel se coupe en ses réponses, quand il se contredit, ou quand il varie. Pugnantia loqui ; qu’un Orateur coupe son style ; qu’un Poëte coupe ses stances ; pour dire, qu’il y fait plusieurs divisions. Concidere, concisus stylus, concisa oratio. On dit en ce sens, couper court ; pour dire, abréger, s’expliquer en peu de paroles. Rescindere orationem, finem, modum orationi imponere. On dit, couper la parole à quelqu’un ; pour dire, l’interrompre. Aliquem interpellare. La douleur, les soupirs, les sanglots lui coupoient la voix ; pour dire, l’empêchoient de parler, interrompoient son discours. Intercludere.
On dit aussi figurément & familièrement, couper l’herbe sous les piés de quelqu’un ; pour dire, lui faire perdre quelque avantage, le supplanter. Spem alicujus, expectationem infringere, præcidere, detrimentum afferre. On dit aussi, qu’on s’est coupé de son couteau, ou qu’on s’est coupé la gorge, quand on a lâché quelques paroles, qui ensuite portent un grand préjudice. Suo se gladio confodere.
On dit qu’on coupe la racine d’un procès, quand on en ôte la source, ou ce qui le cause, ou qui le peut fomenter. Couper pié à un mal, à un abus ; en ôter la cause.
Couper le cable, couper les mâts, termes de Marine, c’est couper le cable sur les bittes ou sur l’escubier, & le laisser aller à la mer ; ce qui se fait par commandement à l’égard du cable, lorsqu’il faut appareiller promptement ou par nécessité ; & à l’égard des mâts, aussi bien que des cables, lorsque la tempête presse, & qu’on craint de choquer contre d’autres vaisseaux.
☞ Couper la lame, se dit, en termes de Marine, quand la pointe du vaisseau fend le milieu de la lame, c’est-à-dire, les flots ou la vague, & passe au travers. Fluctum dividere. On dit dans le même sens d’un nageur, qu’il coupe l’eau.
Couper, c’est aussi un terme de Mesureur, qui signifie racler avec la racloire une mesure, lorsqu’elle est pleine. Præcidere. Il y a des lieux où l’on entasse les mesures, & d’autres où on les coupe. Quand on vend à couper la mesure, il ne peut plus y avoir de dispute.
Couper le poil, terme qui est en usage chez les Cardeurs & parmi les Chapeliers.
Couper le grain, terme de Corroyeur, c’est former sur la superficie du cuir qu’on corroie, du côté de la fleur, ces petittes figures entrecoupées de tous sens, à angles inégaux, que l’on voit sur les veaux & vaches retournées ; ce qui fait une espèce de grains.
Couper du vin, c’est mettre, mêler plusieurs sortes de vins ensemble. Vina miscere.
☞ Couper se dit, dans le même sens, de différens fluides. Couper un fluide avec un autre, les mêler, tempérer l’un par l’autre. Couper son vin. Vinum aqua temperare. Y mettre de l’eau.
Couper se dit, en termes de Jeu, d’un paquet de cartes qu’on sépare en deux, après que celui qui les tient les a bien mêlées. Dividere. On dit encore couper, pour voir à qui fera, lorsque chacun prend un paquet de ces cartes, & qu’il montre celle qui est à découvert, dont la plus haute commande. J’ai coupé un as, & vous n’avez qu’un dix. On le dit aussi, quand sur des cartes qu’on jette, on en met une plus haute pour gagner la main, ou même lorsqu’on en met une plus basse, pourvû que selon les règles du jeu elle doive l’emporter ; ainsi couper en ce sens, peut être expliqué ainsi, mettre une triomphe sur les cartes qui ont été jouées. Il a coupé d’un roi, d’une triomphe, d’un matador, d’une carte qui est hoc. Au Lansquenet, couper se dit de ceux qui tiennent la carte. Je n’ai pas le temps de couper aujourd’hui, je vais seulement carroter quelques pistoles.
Couper cu, terme de Joueurs, signifie se retirer après qu’on a gagné, & sans donner la revanche à son adversaire qui a perdu ; n’attendre point qu’il soit raquitté. Ne plus tenir jeu, le quitter, abandonner prise, se retirer tout-à-coup, planter là celui avec qui l’on joue. Dict. Comm. Il n’y a point de perdant qui ne trouve mauvais qu’on lui coupe cu. Aliquem redintegrandi lusus expectatione frustrari ; alicui repetendi lusus facultatem adimere ; partam ludo pecuniam auferre, nec velle iterum ludo committere. Cum victor sis, nolle ludum repetere, continuare ; ludum abrumpere.
Qu’ils se gouvernent comme au jeu ;
Quand on leur coupe cu, qu’ils modèrent leur feu ;
Et sans examiner si la chose est permise,
Que celui que l’on quitte, au lieu de s’offenser,
Ne songe qu’à recommencer
Avec un autre une reprise.
En termes de Paume, on appelle couper un coup, quand on pousse la balle avec la raquette inclinée, en sorte qu’elle roule au lieu de rebondir. Obliquo reticulo pilam impellere.
En termes de dés, couper les dés, c’est les jeter sur la table en retirant le cornet, de manière qu’ils ne partent point de la place.
En termes de danse, on appelle couper un pas ; quand on fait un petit saut en pliant un pié, tandis qu’on passe légèrement l’autre par dessus. Sic alterum crus inflectere, ut extenso altero procedas, progrediare ; inflexo altero crure, molliter incedere, gressum frangere.
En termes de Blason, on appelle couper un écu, quand on le divise en deux parties égales, diamétralement par une ligne parallèle à l’horison, & en même sens ou disposition que la fasce. Scutum bifariam transverse secare. Cet écu étoit coupé de gueules & de sable. De-là vient qu’on dit que deux couleurs se coupent, lorsqu’elles sont fort différentes & fort vives, & qu’elles n’ont aucune nuance ou couleur douce qui les joigne.
En termes d’Architecture, couper une pierre, c’est ôter de son lit, ou de son parement plus qu’il ne faut, en sorte qu’elle ne peut plus être posée à l’endroit où elle étoit destinée.
Couper du trait, en termes d’Architecture, c’est faire un modèle en petit avec de la craie ou du plâtre, du bois, ou autre chose facile à couper, pour voir la figure des voussoirs, & s’instruire dans l’application du trait de l’épure sur la pierre par le moyen des instrumens, comme cherches, pameaux, biveaux & équerres dont on se sert en grand. Frézier.
En termes de Maçonnerie, couper le plâtre, c’est faire les moulures de plâtre à la main & à l’outil.
En termes de Sculpture, couper le bois, c’est tailler des ornemens avec propreté, couper le bois se dit plûtôt des ornemens que des figures.
En termes de Gravure, on dit, bien couper le cuivre, c’est-à-dire, bien graver, faire des traits hardis, & gravés également selon le fort & le foible.
On dit encore, en matières d’étoffes, qu’elles se coupent, quand elles se tendent ou le cassent dans les plis pour n’être pas assez moëlleuses. Incidi.
On dit faire couper son carrosse lorsqu’un carrosse a deux fonds & qu’on en fait retrancher un. Currum anteriore, parte decurtare.
☞ Couper, en peinture, trancher, se dit d’une couleur forte mise près d’une autre sans adoucissement, sans aucun partage d’une couleur à l’autre.
COUPÉ, ÉE. part. pass. & adj. On appelle un style coupé, un langage bref & laconique, dont les périodes sont courtes & peu liées. Concisus. Lorsque le sujet qu’on traite demande du feu & du mouvement ; les périodes coupées sont à propos, parce qu’elles ont je ne sai quoi de vif & de mâle, qui est un des plus grands ornemens du langage. Vous voyez des choses coupées dans Séneque qui ont l’air de sentences, & qui n’en ont pas la solidité. S. Evr. On dit des vers coupés, des séances coupées, quand il y a certaines divisions au milieu des vers & du couplet, quand les repos y sont observés. On appelle, point coupé, une espèce de dentelle faite avec des feuilles pointues. Un carrosse coupé, qui n’a qu’un fond sur le derrière. Anteriore parte imminutus, decurtatus. Un cheval coupé, un hongre. Castratus.
☞ Coupé, (Pays) traversé de canaux, de rivières, de montagnes, &c.
Coupé. (Lait) Les Médecins appellent ainsi toute espèce de lait, de la dose duquel on a retranché une partie que l’on remplace en y substituant quelque liqueur appropriée aux circonstances de la maladie. Quand l’usage du lait pur donne des maux d’estomac, il faut le couper avec la moitié d’eau de café. Le lait coupé avec de l’eau d’orge est plus léger, il passe mieux.
Coupé, en termes de Blason, se dit d’un écu divisé par le milieu, & en deux parties égales de droite à gauche par une ligne parallèle à l’horison, ou dans les sens de la fasce. Scutum transectum bifariam. On le dit aussi des pièces honorables, & même des animaux & des meubles qui chargent l’écu, quand ils sont divisés également dans le même sens, en sorte toutefois qu’une partie soit de couleur, l’autre de métal. On dit aussi coupé des têtes de loups, de sangliers, & autres animaux ou oiseaux, même de leurs piés & autres membres, quand ils paroissent séparés du corps nettement, sans y laisser ni poils ni plumes, comme il en paroît à ceux qu’on appelle arrachés. Et on appelle coupé de l’un dans l’autre, quand sur un écu ainsi coupé il y a un animal ou autre pièce, ou meuble brochant sur le tout, qui est pareillement coupé, en sorte que l’émail du chef se trouve en la pointe, & réciproquement celui d’en bas, se trouve en haut. Coupé, se dit encore des pièces honorables de l’écu qui ne touchent point les extrémités de l’écu. Elles s’appellent coupées, quand il s’en faut beaucoup qu’elles n’en approchent, comme on les appelle alésées, ou alaizées, lorsqu’il s’en faut peu.
☞ Coupé, terme de Botanique, déchiré, concisus. Ce terme convient aux feuilles & aux pétales. Voyez ces mots.
COUPÉ, ÉE, en termes de filou, se dit des cartes rognées, coupées par les bords, en sorte que dans le même jeu il y en ait de plus larges & de plus étroites. Les filous en tirent avantage, soit pour les connoître, soit pour se faire tomber celles qu’ils veulent.
On dit proverbialement, pain coupé n’a point de maître.
Coupé. s. m. pas de danse, mouvement par lequel on se jette sur un pié, en passant l’autre devant ou derrière. Inflexio cruris alterius, dum alterum extensum molliter incedit. Le Maître à danser dit à son disciple, coupez, ou faites un coupé. Ce nom participe & adjectif de lui-même est devenu substantif, en retranchant le mot de pas. Le coupé ordinaire est composé de deux pas ; savoir, un demi-coupé & un pas glissé. Rameau. Le glissé doit être plié à propos, élevé en cadence, & soûtenu gracieusement. Id. On le fait de différentes manières, le changement ne consiste que dans le second pas. Le premier est toujours un demi-coupé. Id. Il se fait une espèce de coupé que l’on nomme glissade. Voyez ce mot.
☞ Coupé, en Musique, se dit, quand au lieu de faire durer une note toute sa valeur, on la frappe par un son sec & bref, au moment qu’elle commence, passant en silence le reste de sa durée.
☞ COUPER, ville de l’Ecosse méridionale, dans la province de Fite, sur la rivière d’Eden.