Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUPE-GORGE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 969).

COUPE-GORGE. s. m. Lieu où l’on vole, où l’on assassine les gens, où il est dangereux de passer à cause des voleurs. Cædibus infamis locus. Les vallées des Mores, de Torfou, sur les chemins de Chartres & d’Orléans, ont été appelées des coupe-gorges. Il y a eu des hôtelleries appelées des coupe-gorges, à cause que les maîtres y assassinoient, ou y laissoient assassiner leurs hôtes.

Coupe-gorge se dit aussi des boutiques des Marchands où l’on vend trop cher, des maisons où l’on est rançonné & mal servi, & généralement de tous les endroits où il se commet des injustices. Taberna in quibus merces justo pluris væneunt. N’allez rien acheter chez un tel Marchand, c’est un coupe-gorge. C’est là un méchant cabaret, un vrai coupe-gorge. Le monde est un coupe-gorge, il n’y a que fraude & trahison. S. Evr.

Coupe-gorge, en termes de Marine, se dit des courbes de charpenterie qui forment la gorge du vaisseau, & s’élèvent insensiblement en arc vers l’étrave & sous l’éperon. Les Charpentiers les appellent gorgères, & les Matelots coupe-gorges, au lieu de dire courbes de gorges.

Coupe-gorge. s. m. Terme de jeu de Lansquenet. C’est la même chose que coupe-cu ; mais il est plus usité. Le coupe-gorge est le plus malheureux cour de Lansquenet. L’un s’emporte, l’autre déchire les cartes ; celle-ci les mord, l’autre les écrase ; elle maudit la couleur, se désespère du coupe-gorge. S. Evremontiana.

Il a fait trente fois coupe-gorge aujourd’hui. Regnard.

Vingt fois le coupe-gorge, & toujours premier pris. Id.