Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUPABLE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 967).
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☞ COUPABLE, adj. de t. g. souvent employé substantivement, qui a commis une faute, un crime une mauvaise action. Sons, nocens. Il semble que la justice de Dieu ne peut permettre que l’innocent serve de victime pour expier le crime des coupables. Cl. Celui qui boit & mange indignement ce pain, se rend coupable du sang du Seigneur. Peliss. Celui qui se sent coupable, prend pour lui tout ce qu’on dit. S. Real. Nous diminuons l’idée de nos défauts en les regardant comme communs à bien d’autres, & en nous cachant dans la foule des coupables.Nicol. J’avois trop d’intérêt moi-même à votre innocence pour en douter, & si je vous avois trouvée coupable, j’en eusse été bien puni le premier. Voit. Un coupable puni est un exemple pour la canaille ; un innocent condamné est l’affaire de tous les honnêtes gens. La Bruy. La bonne foi qui accompagne l’ignorance excuse le coupable, & ôte un degré d’atrocité.

L’absence des remords est dans un cœur coupable.
D’un Tyran achevé la marque indubitable. Quin.

Une coupable aimée est bientôt innocente. Moll.

De l’intérêt du Ciel pourquoi vous chargez-vous ?
Pour punir le coupable a-t-il besoin de vous ? Id.

Corneille a dit dans Héraclius.

.......Mon nom seul est coupable
Il conspira lui seul.......

☞ On ne peut pas dire qu’un nom a conspiré, bien moins encore qu’il a conspiré seul : mais, mon nom seul est coupable, est, dit Voltaire, une très-noble hardiesse d’expression.

Coupable se dit, en jurisprudence, d’un accusé convaincu. L’accusé ne peut être qualifié coupable ou criminel, que quand il est convaincu du crime qu’on lui impute ; jusque-là il n’est qu’accusé.

On dit proverbialement que l’innocent pâtit souvent pour le coupable, le bon pour le mauvais.