Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COULEVRINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 962-963).

COULEVRINE. s. f. pièce d’artillerie fort longue, & qui porte bien loin. Tormentum à culubro dictum. Son calibre est de quatre pouces dix lignes de diamètre. Son boulet est de 16 lignes & demie. Selon Diego Usano, la coulevrine légitime a 32 calibres de long, tire 20 livres de fer avec 12 livres de poudre. La bâtarde, qu’on nomme autrement serpentin, a 17 calibres, tire 24 livres de fer avec 14 livres de poudre. Et l’extraordinaire, qu’on appelle aussi passemur, a 40 calibres, & tire 16 livres de fer avec 12 livres de poudre. La double coulevrine légitime a 31 calibres de long, tire 48 livres de fer avec 24 livres de poudre. La bâtarde, qu’on appelle autrement basilic, a 26 calibres, tire 18 livres de fer avec 14 livres de poudre. L’extraordinaire, qu’on appelle autrement dragon volant, a 39 calibres, tire 32 livres de fer avec 19 livres de poudre. La demi-coulevrine légitime a 33 calibres, tire 10 livres de fer avec 8 livres de poudre. Hanzelet, en sa Pyrotechnie. On l’appeloit autrefois un demi-canon.

Ménage dérive ce mot du latin colubrina. D’autres le sont venir de coluber, couleuvre, serpent, à cause de la longueur de ces pièces d’artillerie, ou des ravages qu’elles font.

On dit figurément, qu’un homme, qu’une terre est sous la coulevrine d’un autre, quand il est tellement dépendant d’un plus puissant, ou que sa terre est si proche des lieux où il a autorité, qu’il est obligé d’avoir toute déférence pour lui, de se tenir sous sa protection. Alicujus potestati, imperio obnoxius.