Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COUDRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 956).
COUDREMENT  ►

COUDRE. s. m. arbre qui porte des noisettes, Corulus. Voyez Coudrier.

COUDRE, v. a. Je couds, tu couds, il coud, nous cousons, &c. je cousis, j’ai cousu, je coudrai. Que je couse, que je cousisse, je coudrois. Joindre, assembler deux ou plusieurs choses avec du fil ou de la soie ou quelqu’autre chose semblable, passée dans une aiguille, ou dans quelqu’autre outil analogue à l’aiguille, poinçon, alêne, &c. suere, consuere. Coudre une chemise un habit, des boutons à un habit, des manchettes à une chemise. Les Cordonniers, les Bourreliers, cousent les cuirs avec les alènes. Les Chirurgiens cousent délicatement les plaies. Jupiter cousit le petit Baccus dans sa cuisse. Bens. On a dit autrefois couser à l’infinitif ; & de-là vient que quelques-uns disent encore je couserai, au futur ; mais mal.

Ce mot vient de consuere. Nicod. D’autres le dérivent de l’hébreu cout, qui signifie du fil. Ou plutôt il vient de cusare, qui se trouve dans la même signification au deuxième Livre des miracles de S. Bertin, C. 5. Cet ouvrage est du commencement du dixième siècle. De cusare on a fait cousre, & ensuite coudre.

Coudre se dit figurément des passages d’Auteurs, des histoires, & autres choses qu’on ajoûte ☞ dans les ouvrages d’esprit, qu’on adapte les uns aux autres pour en former un tout. Quelques passages cousus ensemble, formoient tout son discours. J’aurois toujours des mots pour les coudre au besoin. Boil. assuere. Juste Lipse a fait un livre de Politiques, où il n’a mis que des particules pour coudre les partages des Auteurs. Desmarêts a dit dans les Visionnaires. Il ne faudroit qu’y coudre un morceau de Roman.

☞ On dit figurément & familièrement qu’il faut coudre la peau du renard avec celle du lion ; pour dire, joindre la ruse à la force, la finesse avec la prudence. Consociare.

☞ Et en parlant d’une affaire désespérée, d’un mal arrivé, ou prêt d’arriver, on dit dans le même style qu’on ne sait plus quelle pièce y coudre, c’est-à-dire quel remède y porter.

Cousu, ue, part. pass. & adj. Sutus, consutus.

En termes de Blason, on appelle un chef cousu, quand il est de métal sur métal, ou de couleur sur couleur. Il est expliqué à Chef. Quelques-uns l’étendent aux autres pièces honorables de l’Ecu.

Cousues (Finesses) de fil blanc. Voyez Finesse et Fil.

☞ En termes de Manège, on dit d’un cheval maigre & efflanqué, qu’il a les flancs cousus.

☞ Et dans le langage ordinaire d’un homme exténué, qu’il a les joues cousues. Un homme cousu d’écus, qui a beaucoup d’argent comptant. Cousu de coups, couvert de blessures.

☞ On dit aussi d’un homme dont le visage est fort marqué de petite vérole, qu’il en a le visage tout cousu. Un habit cousu sur quelqu’un, qui prend bien la taille, bien juste. Bouche cousue. Ne dites mot, gardez le silence. La plupart de ces expressions figurées ne sont que du style familier,