Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COTON

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 947).
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COTON. s. m. espèce de bourre de laine ou de filasse, qui environne la semence du cotonnier. Gossypium ; Xyli bombix, lanugo.

Coton, se dit aussi de l’arbre qui porte le coton ou la filasse dont on vient de parler. On l’appelle autrement Cotonnier. Voyez ce nom. Le coton croissoit autrefois seulement en Egypte ; & les sacrificateurs s’en faisoient faire des robes. Maintenant il en vient en Chypre, à Candie, en Sicile, dans la Pouille, & sur-tout aux Indes, où on en fait grand trafic. On fille cette matière ; & Pline appelle le fil qui en vient xilinum. On en fait de belles toiles de coton. On en fait aussi des bas, des couvertures, des matelas, des tapisseries & toutes sortes d’ouvrages. On dit des toiles de coton, des bas de coton, &c. Les belles indiennes ou toiles peintes des Indes, sont de coton. Les Indiens se servent particulièrement de coton. Le coton vient en grosses balles. On lit dans une nouvelle Relation de la Chine, qu’il y croît quantité de coton, & même de toutes sortes de couleurs.

Ménage dit que ce mot vient de cotonea, qui signifie la petite mousse qu’on voit sur les coins, qui ressemble au coton. Mais Nicod dit que les Arabes l’appellent cotum ou bombasum, d’où on a fait coton & bombazin. L’Arabe dit aussi Alcoton.

L’inflammation qui paroît aux blessures sur lesquelles on applique du coton au lieu de linge, décide assez de l’usage qu’on en doit faire dans la chirurgie. Leeuwenshœk, pour montrer non-seulement que le coton est la cause de cette inflammation, mais encore comment il en est la cause, a observé avec le microscope que le coton avoit deux côtés plats ; d’où il conclud que chacune de ses parties, comme il parle, a aussi deux côtés aigus ; que ces côtés aigus n’étant pas seulement plus minces & plus subtils que les globules dont les filamens charneux sont composes, mais étant encore plus fermes que toute cette chair globuleuse, il s’ensuit que quand on applique du coton à une blessure, ses côtés ne nuisent pas seulement aux globules de la chair qui est saine & entière, mais ils coupent encore la nouvelle matière qui y abonde pour produire de nouvelle chair, avec d’autant plus de facilité, que cette matière n’ayant pas encore atteint la fermeté & la consistence de la chair, n’est pas assez forte pour résister à ses atteintes ; au lieu que les petits morceaux de linge, dont on se doit servir, étant composés de petites parties rondes & fort serrées les unes contre les autres, sont, à cause de leur grand nombre, une masse bien plus grande, & ainsi ne sont pas capables de blesser les parties globuleuses de la chair.

On trouve dans les îles Antilles une espèce de coton ou cotonnier que les Sauvages appellent manoulou-akecha. Il croît de la hauteur d’un pêcher ; il a l’écorce brune, les feuilles petites, divisées en trois. Il porte une fleur de la grandeur d’une rose, qui est soûtenue par le bas sur trois petites feuilles vertes & piquantes qui l’enserrent. Cette fleur est composée de cinq feuilles qui sont d’un jaune-doré : elles ont dans leur fond de petites lignes de couleur de pourpre, & un bouton jaune qui est entouré de petits filamens de même couleur. Les fleurs sont suivies d’un fruit de figure ovale, qui est de la grosseur d’une petite noix avec sa coque. Quand il est parvenu à sa maturité, il est tout noir par dehors, & il s’en trouve en trois endroits, qui font voir la blancheur du coton qu’il resserre sous cette rude couverture. On trouve dans chaque fruit sept petites fèves qui sont la semence de l’arbre. Il y a une autre espèce de coton, qui rampe sur la terre, comme la vigne destituée d’appui : c’est celle qui produit le coton le plus fin & le plus estimé.

Coton se dit aussi du duvet qui vient sur quelques fruits & plantes, comme sur les coins & sur les bourgeons de vigne, Lanugo.