Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COTEAU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 945).
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COTEAU. s. m. ☞ n’écrivez pas côtau avec Ménage. Colliculus, petite élévation de terre en forme de colline, ou plutôt penchant d’une colline depuis le haut jusqu’au bas. Si le terrain élevé en plan incliné au dessus du niveau de la plaine, qu’on appelle côteau, a une certaine étendue, il prend alors le nom de côte. Côteau planté de vignes. Côteaux agréables, fertiles. On a appelé l’Ordre des côteaux une certaine société de débauchés délicats, qui ne vouloient du vin que d’un certain côteau. Et c’est apparemment eu égard à cela que la Bruyère a dit : qu’il y a des grands qui se laissent appauvrir & maitriser par des Intendans, & qui se contentent d’être gourmets ou côteaux, & d’aller chez Thaïs, ou chez Phryné. Boileau en a aussi parlé dans ses Satires, quand il a dit :

Sur-tout certain hâbleur à la gueule affamée,
Et qui s’est dit Profès dans l’Ordre des côteaux,
A fait, en mangeant bien, l’éloge des morceaux.

Voyez une Comédie sur ces côteaux faite par S. Evremont qui écrit Côteau lui-même. Cette Comédie est intitulée : Les côteaux ou Marquis friands. Il y décrit ainsi ces côteaux.

Léandre.

Je crois qu’en estimant la table de Tersandre,
Et celle de Léonte, on ne peut se méprendre.

Valere.

C’est un Côteau.

Oronte.

C’est un Côteau.Marquis, qui sont donc ces Coteaux ?

Valere.

Ce sont gens délicats, aimant les bons morceaux,
Et qui les connoissant, ont par expérience
Le goût le plus certain & le meilleur de France !
Des friands d’aujourd’hui, c’est l’élite & la fleur.
En voyant du gibier, ils disent à l’odeur,
De quel pays il vient. Ces hommes admirables,
Ces Palais délicats, ces vrais amis des tables,
Et qu’on en peut nommer les dignes Souverains,
Savent tous les côteaux où naissent les bons vins ;
Et leur goût leur ayant acquis cette science,
Du grand nom de côteaux, on les appelle en France.

S. Evremont.