Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORRECTIF

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 932).
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CORRECTIF ; s. m. ☞ ce qui a la propriété de corriger, de tempérer. Corrigens, emendans.

☞ On le dit figurément en grammaire de tout ce qui réduit un mot à sa propre signification, une pensée à son vrai sens, comme les adverbes, les propositions, les épithètes qui servent à modifier & tempérer l’acception, & généralement de tout ce qu’on emploie dans le discours pour faire passer favorablement quelque proposition ou quelque expression trop forte & trop hardie. Par exemple, s’il est permis de parler ainsi, pour ainsi dire, & autres semblables expressions. Cette proposition a besoin de quelque correctif. Un orateur ne doit point hasarder un mot barbare, ou nouveau, sans quelque correctif, ou adoucissement.

☞ On le dit aussi en Morale de ce qui réduit une action à l’équité ou à l’honnêteté.

Vous sçavez le correctif important & nécessaire, dont on a eu soin de nous prémunir, pour ne pas abuser de cette maxime. Bourd Exhort. T. I, p. 207. La honte du Fils de Dieu est comme le modèle ou le correctif de la nôtre. Id. II, p. 75.

Correctif se dit aussi en Médecine, de ce qui tempère & adoucit les humeurs & les médicamens. Temperamentum. La graisse est le correctif des sels âcres qui s’engendrent dans le sang. L’esprit de vin est le correctif de l’esprit de sel. L’anis est le correctif du séné, il dissipe les flatuosités qui donnent des tranchées.