Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORNER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 921-922).
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☞ CORNER, v. n. sonner d’un cornet, d’une corne. Cornu canere. Les vachers cornent pour rassembler les vaches qu’ils menent aux champs.

☞ On dit en ce sens d’un homme qui sonne mal du cor, qu’il ne fait que corner.

Corner signifie aussi parler dans un cornet pour se faire entendre à un sourd. Il faut lui corner aux oreilles pour se faire entendre. Aurem alicui personare.

☞ On dit activement, mais dans le style familier seulement, corner une chose, une nouvelle par tout, par toute la ville, avec imprudence & importunité. Aliquid palam & ubique serere, disseminare, evulgare. On avoit fait cette confidence en secret, il l’est allé corner par-tout.

La fièvre de parler me brûle & me consume,
Et je n’en guéris point, que pendant quinze jours
Je ne l’aille corner dans tous les carrefours. R.

☞ En termes de chasse, corner les chiens, sonner du cor pour les exciter ou pour les rappeler. Voyez Cor. Corner requête, sonner du cor pour obliger les chiens à requêter de nouveau la bête, lorsqu’ils sont en défaut.

☞ On dit encore neutralement, corner aux oreilles de quelqu’un, lui suggérer quelque chose avec importunité. Il est venu à bout de le faire résoudre à cela, à force de lui corner aux oreilles.

☞ On dit figurément que les oreilles cornent, quand on a des bourdonnemens d’oreilles. Tintiunt aures : & que les oreilles doivent avoir bien corné à quelqu’un ; pour dire, qu’on a fort parlé de lui.

☞ On dit encore figurément, en parlant d’une personne qui entend de travers, que les oreilles lui cornent. Toutes ces phrases sont proverbiales & familières.