Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COPHTE ou COPTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 890-893).

COPHTE ou COPTE, ancienne ville d’Egypte, que les Arabes appellent Gobt, les Cophtes, Keft. Les Arabes disent qu’elle a tiré ce nom de Cobt, fils de Mesra ou Mirsraïm, qui la lui donna. Quelques Auteurs ont prétendu que c’est de-là que s’est formé le nom d’Egypte. Le P. Kirker est de cet avis. Voyez son Œdip. Æg. T. I, p. 41 & 42, & son Prodromus Copt. c. 1.

Cophte ou Copte. s. m. & f. Cophtus, Coptus, nom qu’on donne aux Chrétiens d’Egypte qui sont de la secte des Jacobites. Les sentimens sont fort partagés sur l’origine de ce nom ; car premièrement on l’écrit différemment ; les uns disent Gophte, Gophtus, les autres Cophtus, Cophte, d’autres Copte, Coptus ; & d’autres enfin Cophtite, ou Coptite, Cophtita ou Coptita. Scaliger, dans son Livre de emendatione, p. 705, prétend que ce nom vient de celui de Copte, Coptos, ville autrefois célèbre & fort marchande en Egypte, & métropole de la Thébaïde, dont il est fait mention dans Strabon & dans Plutarque. Le P. Kirker le réfute dans son Prodromus Coptus, c. 13 & Scaliger lui-même change de sentiment ailleurs, comme nous le verrons bientôt. D’autres le dérivent de Cabtim, second Roi des anciens Egyptiens ; Jean Léon, dans sa Description de l’Afrique, & d’autres après lui disent que les Egyptiens appellent leur pays Elehibth ou Chibth, sans l’article ; que ce nom lui a été donné par Chibih, qui est le premier Roi qui y ait régné. Vansleb, dans la Préface de son Histoire d’Alexandrie, dit que l’Egypte a été ainsi nommée de Copt fils de Mitsraïm, & petit-fils de Noé, qui après avoir vaincu trois frères qu’il avoit, régna seul dans tout ce pays. Tout cela sont autant de fables ; Scaliger a pensé plus raisonnablement, quand il a dit que les Ethiopiens appellent l’Egypte Giptu & Gibetu, que les Egyptiens Mahométans appellent leurs Compatriotes Chrétiens Elehibth ; qui n’est rien autre chose que Eleupti, & que ces noms se sont formés de ΑΙΓΥΠΤΟΣ, par le retranchement de la première syllabe. Quelque vraisemblable que soit cette étymologie, le P. du Sollier y trouve des difficultés. La première est, que le nom Grec de l’Egypte est plus ancien que son nom Egyptien. Pour obvier à cette difficulté, il croit qu’on pourroit dire que les Grecs ont fait leur Αἴγυπτος du nom Egyptien Gupti ou Gypti, en y ajoûtant le mot grec Αἰα pour Γαῖα, de sorte que Αἴγυπτος fût la même chose que Terra Gyptiorum, la terre des Gyptiens. Cela n’est point probable ni nécessaire. Il n’y a nulle preuve que les anciens aient été appelés Gypti ou Kupti, ou Copti ; & ce n’est point un inconvénient que le nom égyptien d’aujourd’hui soit plus récent que le nom grec. Que les Grecs ayant été long temps maîtres de l’Egypte, & leur langue ayant été si fort en usage, les Arabes survenant & trouvant Αἴγυπτος ; Ægyptus, établi pour le nom de ce pays, ils l’aient abrégé, & dit Elchibth, pour Elechibth, rien n’est plus faisable ; aussi ce sentiment est non-seulement de Scaliger, mais aussi du P. Morin, qui cite sur cela le Talmud de Babylone dans le Traité Megilla, fol. 18, p. 1, où les Egyptiens sont appelés Gyptes ; du P. Hardouin, cité par le P. du Sollier ; & de M. l’Abbé Renaudot. La seule raison plausible qua ce Père oppose, est que tous les Egyptiens devroient s’appeler Cophtes, qu’il n’y a cependant que les Chrétiens ; que parmi les Chrétiens mêmes, il n’y a que ce les Jacobites qui portent ce nom ; qu’on ne le donne point aux Melchites. Cela fait croire au P. du Sollier que ce mot s’est formé du nom Jacobite : par le retranchement de la première syllabe, on a fait Cobite, Cobta, Copte ou Cophte. Il ne donne cependant ceci que comme une conjecture ; mais il faut avouer qu’elle n’est point méprisable, quoique le sentiment précédent paroisse beaucoup plus vrai, car selon la remarque de M. l’Abbé Renaudot, les vocabulaires Cophtes & Arabes décident la difficulté, traduisant le mot Αἴγυπτος qui signifie Egyptien, Cophte ou Copte ; & les Arabes, dans leurs Histoires d’Egypte, dont il y en a un grand nombre, parlant des anciens Egyptiens, les appellent Coptes. Voyez le Pollier Jésuite, dans l’Appendix ad Alexandrinos Patriarchas de Coptis Jacobitis, imprimée en 1703, à Anvers, à la fin de son Traité des Patriarches d’Alexandrie, où il a traité fort savamment des commencemens des Jacobites, des mœurs, des sentimens, des erreurs, des rits, des sacremens, des jeûnes, de la circoncision des Coptes, &c. M. l’Abbé Renaudot, de la Perp. de la foi, T. IV, L. I, c. 9 & 10, Le P. Hel. Hist. des Ordres Relig. I, P. c. 8. Le P. Vansleb, Histoire de l’Eglise d’Alexandrie, imprimée à Paris en 1677, & dans sa relation Italienne de l’Etat présent de l’Egypte, imprimée au même lieu en 1671, & dans la nouvelle relation d’un voyage fait en Egypte, imprimée aussi à Paris en 1677.

Les Cophtes sont divisés en trois Ordres. Le Clergé d’abord, puis les Laïques qui se divisent en deux : les gens considérables, qu’ils appellent Mebaschers, mot Arabe dérivé de בשר baschar, Nuntiavit, & qui signifie Nuncius, d’où vient qu’ils appellent les Evangélistes d’un nom semblable ? Le second ordre des Laïques est composé des Artisans & de tout le peuple. C’est ce que nous appelons le Clergé, la Noblesse & le Tiers Etat.

Le P. Kirker, dans son Prodromus Coptus, c. 1, distingue les Cophtes des Coptes, ainsi qu’il les appelle, & qui sont les Coptes, ou Chrétiens Jacobites d’Egypte, dont nous venons de parler ; & il prétend que Copte est un nom forgé par les Mahométans, qui appellent ainsi les Chrétiens & les Moines d’Egypte ; que ce nom signifie coupé, circoncis : ce qu’il fait bien remarquer, parce qu’il ne se souvient point d’avoir trouvé κόφτος dans les anciens Auteurs. Le P. du Sollier, Jésuite, dans l’Appendix qu’il a mise à la fin de son Traité des Patriarches d’Alexandrie, & dans laquelle il traite des Coptes ou Cophtes, réfute le P. Kirker, & soûtient que dans les anciens Auteurs on ne trouve pas plus Copte que Cophte ; que ces noms sont aussi nouveaux l’un que l’autre. Il ajoûte qu’il ne voit pas pourquoi les Mahométans appelleroient les Chrétiens d’Egypte par dérision Coptes, c’est-à-dire, circoncis, puisqu’ils le sont eux-mêmes ; & que si c’étoit un terme de mépris, il ne conçoit pas comment la Chronique d’Alexandrie leur donneroit ce nom ; que personne avant le P. Kirker n’a fait cette distinction ; car Quaresnius, qui semble aussi la faire, Liv. I, c. 46, écrivoit en même temps que ce Jésuite ; qu’enfin on ne peut pas supposer que des le VIIIe ou IXe siècle tous les Chrétiens Jacobites d’Egypte ont été appelés Cophtites, à cause de la circoncision, puisqu’il est probable que ce n’est qu’au XIIe siècle, sous les Patriarches Macarius & Abul-Magede, que la circoncision a été communément reçue, ou recommandée parmi eux, & que si elle fut pratiquée auparavant, ce ne fut que par quelques particuliers, & sans obligation. Tout ceci est tiré de l’Ouvrage du P. du Sollier, dont nous avons parlé au mot Copthe ; & M. l’Abbé Renaudot a fait ensuite la même réflexion dans le IVe T. de la Perpét. de la Foi, Liv. I, c. 9, p. 71. Autrefois dans tout le Diocèse ou Patriarchat d’Alexandrie, il n’y avoit qu’un seul Archevêque, qui étoit le Patriarche d’Alexandrie, qui n’avoit sous lui que des Evêques. Les Grecs orthodoxes ont établi dans la suite beaucoup de Métropolitains. Les Jacobites ont conservé l’ancienne forme de la hiérarchie. Ils n’ont encore aujourd’hui d’Archevêque que leur Patriarche, qui réside ordinairement au Caire, & qui prend le titre d’Alexandrie. Il a onze ou douze Evêques sous lui. L’Evêque de Diamette est le seul qui soit appelé Métropolitain, & cela dans le XIIe siècle seulement. Le reste du Clergé, ou Séculier ou Régulier, est composé des Ordres de Saint Antoine, de S. Paul & de S. Macaire, qui ont chacun leurs Monastères. Outre les Ordres de Prêtrise, de Diaconat & de Sous-diaconat, les Cophtes ont aussi des Igoumenes, ou Archimandrites, & ils leur confèrent cette dignité avec les mêmes prières & les mêmes cérémonies que les Ordres. Elle fait une distinction considérable entre les Prêtres ; & outre le rang & l’autorité qu’elle donne à l’égard des Religieux, elle comprend le rang & les fonctions des Archiprêtres. Par un usage de plus de six cens ans, si un Prêtre élû Evêque n’a pas été Archimandrite, on lui confère cette dignité avant l’Ordination Episcopale.

La seconde personne du Clergé, & qui, après le Patriarche, tient le premier rang parmi les Evêques, est celui qu’ils appellent Patriarche de Jerusalem, qui, par un ancien droit, ou coutume qui a passé en loi, gouverne l’Eglise Copthe pendant la vacance du siège Patriarcal. Ce patriarche de Jerusalem réside au Caire depuis long temps, apparemment parce qu’il y a trop peu de Cophtes à Jérusalem. Il y va seulement à Pâques, & fait quelques visites dans la partie de la Palestine qui touche l’Egypte, & qui reconnoît sa jurisdiction. Il n’est proprement qu’Evêque du Caire ; & il ne prend ce titre étranger, qu’afin que le Patriarche d’Alexandrie résidant au Caire, ne puisse y prendre aucune autorité. Ce n’est donc point comme l’a cru M. Simon, le Patriarche d’Alexandrie qui porte aussi le titre de Patriarche de Jérusalem. Pour être élu Patriarche, il faut avoir passé toute sa vie dans la continence, & même être vierge, & l’on choisit presque toujours un Religieux. C’est lui qui confère les Evêchés. Pour être Evêque, il faut être dans le célibat, & si l’on a été marié, il faut ne l’avoir été qu’une fois. Les Prêtres & les Ministres inférieurs peuvent se marier, mais on ne les y oblige point, comme l’écrit faussement Ludolph ; & l’on en voit plusieurs qui passent leur vie entière dans le célibat, comme dans l’Eglise latine. Bien plus, ils ne peuvent plus se marier quand ils ont été ordonnés, soit qu’ils ne l’aient point été avant leur ordination, soit qu’ils deviennent veufs. Il y a une infinité de Diacres ; & on les ordonne souvent dès l’enfance. On n’élève aux Ordres Ecclésiastiques que des Artisans & des gens du peuple ; de là l’ignorance où ils sont, & où les trouva le P. Roderic, Jésuite. Le respect des Laïques pour le Clergé, & des ordres inférieurs dans le Clergé pour les supérieurs, ne laisse pas d’être extrême & constant. Ils ont un Office plus long même que le Romain, qui ne change jamais en rien. L’Office du Carême est plus long qu’en autre temps, & celui des Evêques l’est plus que celui des Ordres inférieurs. Ils ont trois Liturgies, qu’ils changent selon les temps. La plus ordinaire est de Saint Basile ; les deux autres sont celles de S. Grégoire de Nysse & de S. Cyrille, qui sont beaucoup plus longues. Le P. Vansleb parle d’une Liturgie Grégorienne, dont ils ne se servent que dans les fêtes de N. S. & dans quelques autres des plus célèbres. Cet Auteur parle encore de douze autres Liturgies des Coptes, mais ce qu’il en dit paroit peu sûr au P. du Sollier.

Il y a des Religieux & des Religieuses Coptes, & la profession Monastique est en grande estime parmi eux. Pour y être reçu, il faut avoir la permission de son Evêque. Ces Religieux Coptes font vœu de chasteté perpétuelle. Ils renoncent à leurs parens & à leurs biens, & n’en possèdent aucun. Ils habitent dans les déserts. Ils ne s’habillent que de laine, ils se ceignent d’une courroie ; ils ne mangent point de viande, si ce n’est dans la dernière nécessité, & sont obligés même à retrancher de leur repas toutes les viandes délicieuses, & à se priver de toutes les sortes de nourritures sans lesquelles le corps se peut soûtenir. Ils passent leur vie en oraisons & au travail, & s’appliquent à la lecture de l’Ecriture Sainte. Ils dorment sur une natte étendue par terre, excepté les Supérieurs & les malades. Il ne leur est pas permis de quitter leurs habits, ni leurs ceintures, ni de dormir deux sur la même natte, ni proche l’un de l’autre. Ils sont obligés aux Heures Canoniales, & se prosternent tous les soirs cent cinquante fois, la face & le ventre contre terre, étendant les bras en croix & les points fermés, & faisant à chaque fois le signe de la croix. Ils s’occupent à travailler à la campagne. Ils mangent à Sexte, & à la fin du jour ; & s’ils ne sont pas occupés à des travaux rudes, ils doivent se contenter d’un seul repas, qu’ils font à None, ou à la fin du jour. Ils n’ont point de jeûnes que ceux de l’Eglise Copte. Ils ont beaucoup de Monasteres, dont le P. Helyot parle dans son Hist. des Ordres Religieux, I. P, c. 8. Outre les Auteurs cités, on peut voir encore le Févre, Traité de la Turquie ; Quaresnius, Elucid. Terræ Sanctæ ; Thevenot, Voyage du Levant, L. I ; le Monde de Davity ; l’Afrique de Marmol ; la Relation d’Egypte du P. Vansleb ; & le Voyage de la Terre-Sainte du P. Eug. Roger. Les Moines & les Religieuses Coptes sont tous de la lie du peuple. Ils ne vivent que d’aumônes : ils mènent une vie fort dure, & ne mangent jamais de viande, si ce n’est dans leurs voyages, hors de leurs Monastères. Les Monastères de Femmes sont proprement des Hôpitaux. Il n’y entre guère que des veuves réduites à la mendicité.

Les Mébaschers, car c’est ainsi qu’il faut écrire, puisqu’il vient de בשר & non pas Mébachers, avec le P. du Sollier, comme s’il venoit de בכר ou בחר (le P. du Bernat qui est François en écrivant ainsi dans ses lettres au P. du Sollier a voulu exprimer le son du ש Arabe, qui est le même que celui de notre ch françois ; mais en l’écrivant ainsi, sur tout en latin, on défigure ce mot ; duquel ceux même qui savent l’Arabe, n’entendroient plus l’origine & la signification) les Mébaschers, dis-je, sont la Noblesse des Coptes, si cependant on peut donner ce nom à des gens qui ne sont que les Fermiers Généraux des Turcs & des partisans d’Égypte. Ils sont riches, principalement ceux des douze premières familles, qui ont trouvé le moyen de rendre cet emploi héréditaire dans leur famille. Le reste du peuple est très-gueux ; & les uns & les autres sont très-ignorans, ceux-là par négligence & par mépris, & ceux-ci faute d’instruction.

Le P. Roderic, au rapport de Sacchin, Hist. Societ. Jes. T. II, L. IV, §. 120 & suivans, réduit les erreurs & les sentimens des Coptes à six chefs. 1o. Qu’ils répudient leurs femmes, & en épousent une autre du vivant de celle qu’ils ont répudiée. 2o. Qu’ils circoncisent leurs enfans avant le Baptême. 3o. Qu’ils ont à la vérité sept Sacremens, dont les quatre premiers sont le Baptême, l’Eucharistie, la Confirmation & l’Ordre, mais que les trois autres sont la Foi, le Jeûne & l’Oraison. 4o. Qu’ils nient que le Saint-Esprit procède du Fils. 5o. Qu’ils ne reconnoissent que trois Conciles Œcuméniques, qui sont ceux de Nicée, de Constantinople & d’Ephèse ; & que dans celui de Nicée ils ont 84 canons, desquels il y en a deux qui ordonnent l’obéissance au Pape comme les Catholiques. 6o. Qu’ils rejettent le Concile de Chalcédoine, & ne reconnoissent dans Jesus-Christ, après l’union de l’humanité avec la Divinité, qu’une seule nature, une volonté, une action. Dans la discipline & les rits, il trouve qu’ils pèchent encore en plusieurs choses ; car, 1o. Ils croient qu’il faut encore s’abstenir de manger du sang & des animaux suffoqués. 2o. Que le mariage est permis au second degré. Ils ordonnent des Diacres dès l’âge de cinq ans ; & 4o. Enfin en plongeant l’enfant dans les fonts de Baptême, ils répètent trois fois la formule. D’autres ajoûtent encore quelques abus, comme de croire qu’il y a un Baptême de feu, qu’ils donnent avant le Baptême d’eau, en appliquant un fer chaud sur le front, ou sur les deux joues. Voyez Jacobus de Vitriaco, Histor. Orient. C. 76 ; & Sanutas, L. III, Part. VIII, c. 4 ; & le P. du Sollier, p. 129.

D’autres retranchent de ces erreurs, & excusent sur cela les Cophtes ; car, 1o. le P. Vansleb, qui traite fort exactement du Mariage des Cophtes, p. II, c. 32, 33, 34 & 35, ne leur reproche rien sur le chapitre du Divorce & de la Polygamie simultanée. S’ils pèchent en cela, c’est dans la pratique, ce n’est point dans la doctrine. Ils enseignent que le mariage est indissoluble. Ils tolèrent à la vérité de nouvelles noces après le divorce ; mais ils s’en excusent sur la domination du Turc, & l’impuissance où ils sont de faire observer les Canons sous ces maîtres. On prétend encore qu’ils n’errent point sur la Procession du S. Esprit. Ce qui paroît de plus vrai, c’est qu’ils ignorent même cette dispute. M. Simon les accuse d’observer le Sabbat : cela n’est point vrai ; seulement ils ne jeûnent point ce jour-là. S’ils ne mangent point d’animal fuffoqué, c’est dans quelques-uns raison de santé, & dans d’autres c’est erreur ; mais erreur de quelques particuliers seulement, qui croient que le précepte des Apôtres Act. XV, 29, oblige encore ; ce n’est point le sentiment de la secte entière. Le mariage au second degré est un abus introduit dans les mœurs, mais non point dans la doctrine ; & ainsi du reste.

Les Cophtes ont les sept Sacremens de l’Eglise Catholique, comme on le peut voir dans le P. du Sollier, sect. III ; & dans M. l’Abbé Renaudot, T. IV de la Perpét. de la Foi, L. I, c. 10. La Circoncision n’est en usage parmi eux que depuis la conquête des Arabes Mahométans. Aucun Auteur ne parle de la Circoncision des Cophtes avant le XIIe siècle ; & jamais ils ne l’ont regardée, & ne la regardent point encore comme nécessaire. Quant à ce que Roderic accuse les Cophtes de faite circoncire leurs enfans avant le Baptême, comme ce n’est point par un principe de Religion, qu’ils circoncisent leurs enfans, on ne doit point mettre cela au nombre de leurs erreurs ; le P. Vansleb, dans son Hist. de l’Eglise d’Alexandrie, ch. 20, dit que la Circoncision est en usage chez les Cophtes, non par un commandement Judaïque, ni par un précepte de Religion, mais par une ancienne coutume qu’ils ont prise des Ismaëlites, comme le témoigne un de leurs Auteurs nommé Amba Michel, Métropolitain de Diamette. Ils tiennent la Circoncision comme une chose indifférente, & ils croient pratiquer ce que S. Paul a écrit aux Corinthiens, quand il dit : Qui vocatus fuerit ad fidem & habet præputium non circumcidatur, & qui vocatur & est circumcisus, non revertatur ad præputium, c’est-à-dire, selon leur explication, ceux qui deviennent Fidèles & qui sont circoncis, qu’ils continuent à se circoncire & toute leur postérité. Le même Père Vansleb, après avoir observé qu’ils circoncisent aussi leurs filles, ajoûte : mais l’une & l’autre de ces cérémonies se fait par une femme Turque dans un bain public, ou dans une maison particulière, sans y observer aucune cérémonie religieuse. Voyez encore ce qui a été remarqué là-dessus en parlant des Abissins.

Pour le Baptême de feu qu’ils donnent, dit-on, par l’application d’un fer chaud, c’est une fable qui n’est fondée que sur le témoignage de Jacques de Vitry, qui ne la raconte que sur le rapport des autres, & qui a mal pris & attribué à tous les Cophtes, ce qu’il avoit apparemment oui-dire de quelques-uns seulement, qui avoient des marques de croix sur la peau ; comme quelques voyageurs de la Terre-Sainte, même parmi nous, s’en font. Ce qu’on leur reproche par rapport à l’hérésie des Monophysites, aux Conciles qu’ils rejettent, à l’ordination des Diacres dès l’enfance, est mieux fondé, & n’est que trop vrai. Ils ne croient point avoir seuls la véritable Eglise, mais ils en excluent les francs, c’est-à-dire, les Catholiques & les Melchites. Du reste, ils disent que depuis le Concile de Chalcédoine & la division des Patriarches, chacun d’eux est chef dans son Eglise.

Les Cophtes ont fait en différens temps différentes réunions avec l’Eglise Romaine ; mais en apparence seulement, & dans la nécessité de leurs affaires. Sous Paul IV il parut à Rome un Syrien qui se disoit envoyé du Patriarche Copthe d’Alexandrie, & qui apportoit de lui des Lettres au Pape, par lesquelles il reconnoissoit son autorité, & lui promettoit obéissance. Paul IV, étant mort sur ces entrefaites, Pie IV, qui lui succéda, après s’être assûré autant qu’il le put de la vérité des lettres de l’envoyé par le moyen du Conseil Vénitien du Caire, & même avoir reçu de nouvelles lettres du Patriarche plus formelles encore que les premières, & par lesquelles il demandoit qu’on lui envoyât quelqu’un avec qui il pût traiter de la réunion de son Eglise à l’Eglise Romaine, le Pape choisit le P. Roderic Jésuite, qu’il fit partir en 1561, avec la qualité de Nonce Apostolique. Mais ce Jésuite, après quelques conférences avec deux Cophtes commis pour cela par leur Patriarche Gabriel, n’eut pas toute la satisfaction qu’il attendoit. Ils avouèrent que dans la lettre écrite au Pape, on lui avoit donné à la vérité la qualité de Pere des Peres, de Pasteur des Pasteurs, de Maître de toutes les Eglises ; mais ils ajoûtèrent qu’on ne devoit pas prendre à la rigueur des termes qui n’étoient que des civilités, & que c’est de cette manière qu’on a coutume d’écrire à des amis. Ils dirent de plus, que depuis le Concile de Chalcédoine, & l’établissement des différens Patriarches indépendans les uns des autres, chacun étoit Chef & Maître dans son Eglise. C’est ainsi que le Patriarche des Cophtes traita les envoyés du Pape, après qu’il eût reçu du Consul l’argent qu’on lui envoyoit de Rome. Toute cette histoire est rapportée plus au long au Livre IVe de l’Histoire de la Compagnie de Jesus, écrite par le Père Sachini, Jésuite.

Copte ou Cophte, (Le) est l’ancienne langue des Egypthiens mêlée de beaucoup de Grec. Le P. Kirker est le premier qui ait publié un Vocabulaire & quelques Grammaires Cophtes. Il ne s’est jusqu’à présent trouvé aucun livre en langue Copte qui ne fût des Traductions de l’Ecriture-Sainte, ou des Offices Ecclésiastiques, ou d’autres qui ont rapport à cette matière, comme des Grammaires & des Dictionnaires. Les caractères de cette langue sont purement grecs.

Les Cophtes ne parlent plus depuis longtemps leur ancienne langue Cophte, qui ne se trouve que dans leurs livres. On parle Arabe dans tout le pays. Cette langue Cophte, que le Jésuite Kirker prétend être une langue matrice & indépendante de toute autre, a été beaucoup altérée par la langue grecque. Car outre qu’elle en retient encore les caractères un peu changés, un très-grand nombre de ces mots sont purement grecs. Isaac Vossius, qui a pris plaisir à avancer des paradoxes, a prétendu, dans une de ses réponses à M. Simon, qu’il n’y a eu aucune langue Cophte avant que l’Egypte fût soumise aux Arabes. Cette langue, selon lui, est un mélange du grec & de l’arabe ; le nom même de cette langue n’étant point dans le monde avant que les Arabes fussent les maîtres de l’Egypte. Mais cela prouve seulement, que ce qu’on nommoit auparavant langue égyptienne a été appelé depuis Copte par les Arabes, & par une corruption de langage. Il se peut faire que les Arabes aient apporté quelques mots de leur langue dans l’ancien Cophte, ou Egyptien. On ne conclura pas de là qu’il n’y avoit avant ce temps-là aucune langue Cophte ou Egyptienne.

C’est ce que M. Simon a répondu à M. Vossius dans son Hist. Crit. des versions du Nouveau Testament, chap. 16 & il ajoûte en même-temps, que les mots arabes qui sont dans la langue Cophte peuvent y avoir été avant que les Egyptiens fussent soumis aux Arabes. Les anciens Géographes, dit il, assûrent que la ville capitale de la Thébaïde, appelée Coptos, étoit le lieu où les Arabes, les Indiens & les Ethiopiens apportoient leurs marchandises ; & ainsi il n’est pas surprenant que le commerce des Egyptiens avec les Arabes & les Ethiopiens ait introduit quelques mots Arabes dans le Cophte ou Egyptien. On trouve dans la Bibliothèque du Roi plusieurs livres écrits en langue Cophte. Mais ce sont des Versions de l’Ecriture-Sainte, ou des livres de leur Office Ecclésiastique. Il y en a un dans la Bibliothèque du Collège des Jésuites à Paris, qui contient l’Evangile de S. Jean avec une version Arabe interlinéaire. Pietro della Valle, dans la lettre citée ci-dessus, dit que les Cophtes ont perdu entièrement leur ancienne langue, dans laquelle ils ont seulement quelques livres sacrés, disant encore la Messe en cette langue. E solo hanno in essa alcuni libri sacri, dicendo ancora la Messa in quella lingua. Il ajoûte que comme cette langue n’est plus entendue, tous leurs livres ont été traduits en Arabe, qui est leur langue vulgaire. C’est pourquoi ils lisent deux fois à la Messe l’Evangile & l’Epitre, savoir, une fois en Copte, & une fois en Arabe. Mais si nous en croyons le P. Vansleb dans sa Relation Italienne de l’état présent de l’Egypte, les Cophtes célèbrent la Messe en Arabe, à la réserve de l’Evangile, & de quelques autres choses qu’ils lisent ordinairement en Cophte & en Arabe. La Messa celebrano in lingua Arabica, eccetto l’Evangelio & alcune astre cose che soliano leggere nella lingua Copia & Araba.