Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONTRARIÉTÉ
CONTRARIÉTÉ, s. f. combat, opposition entre des choses contraires. Repugnantia, discrepantia. Il se dit tant au propre qu’au figuré, de tout ce qui a été dit ci-dessus des choses contraires, des vents, des élémens, des qualités, des loix, des passages, des avis, &c. A moins que la foi n’assujétisse notre raison, nous passons la vie dans une contrariété perpétuelle de sentimens : à croire, & à ne croire point. S. Evr. L’esprit de l’homme, s’étant révolté contre Dieu, ses sens se sont révoltés contre lui ; & de-là viennent ces contrariétés que nous sentons en nous-mêmes, & cette guerre continuelle que nous sommes obligés de soûtenir contre nous-mêmes. Fléch. La contrariété de sentimens fait naître une certaine aigreur, qui engendre de l’aversion, & quelquefois des querelles. Bell. Il n’y a point de sympathie qui ne soit mêlée de quelque contrariété. S. Evr. Où est l’homme si uniforme, qui ne laisse voir de l’inégalité & de la contrariété dans ses actions ? Id.
Contrariété, en termes de Palais, se dit de l’allégation des faits contraires, sur lesquels on donne un appointement de contrariété pour permettre aux parties d’en faire preuve, chacun de son côté.
On appelle aussi contrariété d’arrêts, deux arrêts qui sont rendus en différents tribunaux entre mêmes parties, & sur le même fait, qui ont des dispositions contraires ; & en ce cas-là la connoissance en est attribuée au Grand-Conseil.
☞ Il faut remarquer que, pour que l’on puisse se pourvoir au Grand-Conseil en contrariété d’arrêts ; il faut que ces arrêts soient rendus sur les mêmes demandes.
Contrariété signifie aussi obstacle, difficulté qu’on trouve en la poursuite de quelque chose. ☞ Dans ce sens, il s’emploie plus ordinairement au pluriel. Mora, difficultas, impedimentum. C’est un beau dessein que la réforme de la chicane, mais on a à essuyer bien des contrariétés dans l’exécution. Cette proposition, cette affaire a passée après bien des contradictions.