Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONQUÉRANT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 817).
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CONQUÉRANT, ANTE, qui fait de grandes conquêtes. Voyez ce mot. Populorum domitor. Alexandre, Tamerlan, Mahomet II, ont été de grands Conquerans. Il est difficile d’être équitable & Conquérant en même temps : la vaillance & la justice sont deux vertus qui marchent rarement ensemble. Voit. Je ne saurois souffrir un Conquérant tel qu’Enée, qui ne fournit que des larmes aux malheurs, & des craintes à tous les périls qui se présentent. S. Evr. L’Orateur est une espèce de Conquérant : l’esprit est la place que l’on attaque. P. Rap. Clovis étoit brave, & selon l’esprit des Conquérans, injuste & sanguinaire. Mez. Clovis ié jeta dans les excès où l’ambition & la bonne fortune précipitent les Conquérans. P. Dan. C’est à un Conquérant à réparer une partie des maux qu’il a faits.

En vain aux Conquérans,
L’erreur parmi les Rois donne les premiers rangs ;
Entre ces grands Héros ce sont les plus vulgaires. Boil.

On appelle figurément une belle personne, une Conquérante, parce qu’elle s’assujétit tous les cœurs. On le dit d’un Amant heureux. Je ne doute pas que cette femme n’ait rendu son mari le plus heureux des Conquérans par la difficulté de la conquête.

☞ On dit adjectivement un peuple Conquérant.

On dit figurément & familièrement d’un homme, d’une femme, qui ont plus d’agrément, qui sont plus parés qu’à l’ordinaire, qu’ils ont l’air Conquérant. Acad. Franc.

Conquérant, (Le Grand) terme de Fleuriste. C’est un œillet brun sur un blanc assez fin ; sa fleur est fort grosse, & comme elle est garnie de beaucoup de feuilles, elle s’élève à la façon d’un petit dôme : ses panaches ne sont pas fort gros, ni fort détachés, ayant des mouchetures sur les feuilles, mais qui ne ternissent point la beauté de la fleur ; sa plante est robuste, mais néanmoins susceptible du blanc. Quoique son bouton soit gros, il ne se fend point.