Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONFESSER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 788).
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☞ CONFESSER, v. a. Déclarer ce qu’on a eu tort de faire. Confiteri. On avoue la faute qu’on a faite. On confesse le péché dans lequel on est tombé. La question fait avouer le crime, la repentance le fait confesser.

Confesser Jesus-Christ, confesser la foi ; c’est faire une profession publique de la foi de J. C. Confiteri, profiteri. Confesser de cœur & de bouche.

Oui, malgré les obscurités
Qui nous cachent tes vérités,
Mon cœur n’en doute point, ma bouche les confesse.

Confesser signifie quelquefois reconnoître une vérité particulière, demeurer d’accord. Confessez ce qui en est. Un brave se confesse vaincu, quand il demande la vie. Les promesses & quittances commencent ainsi : Je soussigné, reconnois & confesse avoir reçu, devoir, ou promets payer, &c. Confessez ingénument, avouez que vous avez tort. On dit en style populaire qu’un homme confesse la dette quand il reconnoît qu’il a tort.

Confesser signifie aussi déclarer ses péchés, soit à un Prêtre dans le Sacrement de Pénitence, soit à Dieu seul, dans une prière particulière. Sacerdoti sua peccata aperire, peccata Sacerdoti, Deo confiteri. On confesse à un Prêtre les péchés dans lesquels on est tombé. En ce sens, il est aussi réciproque. Il faut se confesser premièrement à Dieu. C’est un des Commandemens de l’Eglise, de se confesser à Pâques.

Confesser se dit aussi du Prêtre qui entend la déclaration que fait un pénitent de ses péchés. Ce Curé confesse presque toute sa paroisse tout seul. Audire confitentem peccata. Audire confessionem alicujus.

☞ Le Prêtre confesse le pénitent, mais il ne confesse point les péchés du pénitent, c’est-à-dire, qu’on ne peut pas dire qu’un Confesseur a confessé les péchés d’un homme, pour signifier qu’il les a entendus à confesse. Ainsi un de nos Poëtes s’est trompé, & a parlé contre l’usage, quand il a dit :

D’un jeune gars contrit à deux genoux,
Frere Rémi confessoit les péchés.

Il n’y a de droit que le Pape qui puisse confesser dans toute l’Eglise, l’Evêque dans tout son diocèse, & les Curés chacun dans leurs paroisses ; mais d’autres peuvent confesser par permission, & ce n’est qu’au Pape & aux Evêques à donner cette permission. Il n’y a que les Prélats & les Curés qui puissent confesser, ou ceux qui en ont d’eux la permission.

Il ne suit pas cependant que les Curés puissent aussi bien approuver un Prêtre pour confesser que les Evêques ; & que l’approbation de l’Evêque diocésain ne suffise pas, si elle n’est confirmée par le Curé ; car il est constant qu’un Evêque peut confesser lui-même & approuver quel Prêtre il voudra pour confesser dans la paroisse d’un de ses Curés, non-seulement à son insu, mais même malgré lui.

On dit proverbialement : C’est le diable à confesser pour dire, que ce qui reste à faire d’une chose, est le plus difficile, ou que c’est le hic ou le nœud de l’affaire. ☞ On dit aussi qu’un homme se confesse au renard, quand il fait confidence d’une chose à quelqu’un qui a intérêt de s’opposer au succès.

CONFESSÉ, ÉE part : On dit au Palais que des faits sont tenus pour confessés & avérés, lorsqu’un homme a refusé de répondre sur des faits & articles qu’on lui a fait signifier pour le faire interroger, & qu’il a été suffisamment contumacé. Ces jugemens ne sont pourtant la plûpart du temps que comminatoires. Confès s’est dit autrefois pour confessé.

On dit aussi dans les Bulles apostoliques, qu’elle accorde indulgence à tous Fidèles dévotement confessés & communiés, &c.