Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMPÉTENCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 744-745).

☞ COMPÉTENCE. s. f. D’autres écrivent COMPÉTANCE. Droit qui appartient à des Juges de connoître des affaires, dont la connoissance ou l’attribution leur est donnée. On entend ici par compétence le droit qu’ont des Juges ordinaires de connoître de toutes sortes d’affaires entre les parties qui sont sujettes à leur Juridiction. Judicis legitima potestas, Jurisdictio. Les Prévôts des Maréchaux & les Lieutenans-Criminels ne jugent en dernier ressort qu’après avoir fait juger leur compétence. La compétence en matière criminelle se règle entre les Titres par le lieu du délit ou par la qualité du délinquant.

☞ Compétence en fait de Juge Ecclésiastique. Voyez Juge d’Eglise.

Compétence des Juges des Seigneurs. Voyez Justice seigneuriale.

Compétence se dit, au figuré, de la capacité ou science d’un homme en quelque chose. Captus, facultas. Il ne faut pas que le Cordonnier juge de la peinture, cela n’est pas de sa compétence. Les mystères les plus relevés de la loi ne sont point de la compétence de la raison. Il y a des Auteurs qui prétendent que le mot de compétence ne se peut dire qu’en riant dans le sens figuré.

Compétence se dit aussi de la comparaison des rangs, des dignités, quand il y a prétention d’égalité. Comparatio, æqualitas. Un Avocat ne disputera pas le rang, le pas à un Président ; il n’y a point de compétence, de concurrence entr’eux. ☞ Il n’y a point de compétence entre le Prince & son sujet. Mettre quelqu’un en compétence avec un autre. Entrer en compétence avec quelqu’un. Façons de parler assez usitées, qui me déplaisent.