Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMMENCER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 716-717).

☞ COMMENCER. v. a. Donner la naissance, le commencement à quelque chose, faire ce qui doit être fait d’abord. Inchoare, incipere : commencer un bâtiment, un discours. Les Rois commencent beaucoup d’ouvrages qu’ils n’ont pas le temps d’achever : commencer à bâtir. Vaugelas veut qu’on mette toujours la particule à après le verbe commencer ; de bons auteurs emploient quelquefois de par préférence, sur-tout après le présent indéfini, pour éviter le choc des deux a : il commença de parler fièrement, au lieu de, il commença à parler, il a commencé de prendre goût à telle chose. Par-tout ailleurs l’usage est pour commencer à.

☞ On dit commencer l’année, le mois, la semaine, & par une chose, par faire une chose, pour dire que la chose dont on parle est la première qu’on ait faite cette année là, ce moi là, &c. Le Roi commença son regne par tel établissement.

☞ On dit dans un autre sens, nous ne faisons que de commencer l’année, le mois, &c. pour dire, nous en sommes encore aux premiers temps de l’année, du mois, &c.

☞ En parlant d’un maître qui donne à quelqu’un les premières leçons d’un art, d’une science, les premières instructions, on dit que c’est lui qui l’a commencé, il a été commencé par un bon maître, ce maître n’est bon que pour commencer les enfans.

☞ On dit de même, en termes de manège, commencer un cheval, lui donner les premières leçons, commencer à le dresser.

Commencer s’emploie aussi absolument, & signifie agir le premier ; mettre en action ; donner le branle à quelque chose ; mettre les autres en train. Assez de gens se mêlent de réformer le monde, & presque personne ne commence par soi-même. Dac. Le Chantre commence, pour donner le ton au Chœur. Le plus hardi des séditieux qui commence, met tous les autres en action. En cette assemblée chacun se regardoit, personne ne commençoit à ouvrir une proposition qui étoit un peu délicate. Dans un repas il faut qu’il y ait quelqu’un qui commence, pour mettre tous les autres en train de se réjouir.

☞ On dit proverbialement, n’a pas fait qui commence : &, a moitié fait qui a bien commencé. Dimidum facti, qui benè cœpit, habet. Ovid.

☞ COMMENCER est aussi neutre, & signifie prendre, avoir un commencement. Incipere, occipere. L’année commence, le sermon commence, le Carême ne commence cette année qu’en Mars, ce discours commence bien.

Il s’emploie aussi quelquefois impersonnellement. Il commence déja à faire jour.

COMMENCÉ, ÉE, part. ouvrage commencé, discours commencé, bâtiment commencé.

Mais de ce Roi si sage héritier insensé,
Son fils interrompit l’ouvrage commencé. Rac.

☞ En termes de manège, on dit un cheval commencé, acheminé, achevé, pour marquer un cheval qu’on commence à dresser, auquel on donne les premières leçons, celui qui est déja monté, dégourdi, & celui qui est confirmé dans le manège.