Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COËFFE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 663-664).
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COEFFE. s. f. On écrit aussi COIFFE, c’est l’orthographe de l’Académie. Couverture légère de la tête, tant pour les hommes que pour les femmes. A l’égard des hommes, on ne le dit que de la doublure, de la forme du chapeau qui est de satin, de taffetas, de treillis ; & d’une garniture de bonnet de nuit qui est de linge, & qu’on change quand elle est sale, ou de celle qu’on met sous une perruque. Capitis tegmen, tegumentum.

Coeffe. La coëffe d’une perruque est un léger réseau de soie, dont les mailles sont très-petites, & qui sert pour attacher & étager les tresses de cheveux, dont la perruque est composée.

Coeffe se dit du linge ou de l’étoffe qu’un guerrier portoit autrefois sous son casque, de peur qu’il n’offensât la tête.

Coeffe s’est dit autrefois d’un habillement de tête d’un Chevalier. L’ordonnance pour créer & faire les Chevaliers du Bain en Angleterre, dit : le Chevalier, trouvera à ses dépens, la coëffe, les gans, la ceinture & le laz.

Coeffe se dit aussi, en termes d’Anatomie, d’une petite membrane qu’on trouve à quelques enfans, qui enveloppe leur tête quand ils naissent. Drelincourt croît que ce n’est qu’un lambeau des tuniques du fœtus, qui se crève pour l’ordinaire à la naissance d’un enfant. Pellicula. Lampridius dit que les Sage-femmes vendoient bien cher cette coëffe à des Avocats, qui croyoient qu’en la portant sur eux ils auroient une force de persuader, à laquelle les Juges ne pourroient résister. Les Canons d’en défendent de s’en servir, parce que les Sorciers s’en servoient dans leurs maléfices.

Coeffe se dit encore, en termes d’Anatomie, d’une membrane graisseuse qui nage sur les boyaux. On l’appelle autrement épiploon. Voyez Épiploon.

Coeffe, en termes de Pharmacie, est une sorte de médicament fait en forme de bonnet, dont on se couvre la tête, comme d’un bonnet ordinaire. Il est composé de plusieurs remèdes cephaliques qu’on mêle avec du cotton, & qu’on pique entre deux taffetas, ou entre deux toiles fine, comme un matelas. On s’en sert dans quelques maladies du cerveau. Cucupha.

Coeffe, en termes de Botanique, se dit de l’enveloppe déliée & légère de quelques fleurs, & de quelques semences. Calyptra. ☞ C’est une enveloppe mince, membraneuse, souvent conique, qui embrasse la partie de la fructification, comme dans le blé de Turquie. Voyez les différentes espèces de Calice au mot Calice.

Ce mot, selon Ménage, vient de cufa, ou de gufa, qui signifie un vêtement velu ; & les Grecs ont dit aussi κουφία, en la même signification de coëffe. Ou bien il vient de l’Hébreu cupha, qui signifie un vêtement qu’une femme met sur sa tête. Du Cange dit qu’on a dit dans la basse Latinité cuphia, cofea, coëffa, & cucupha, en la même signification. A l’égard des femmes, ce sont des couvertures de taffetas, de gaze, de crêpe, qu’elles mettent quand elles sortent, ou quand elles n’ont pas ajusté leurs cheveux. Calentica, Reticulum. On appelle aussi des coëffes à dentelle, des coëffes de cornette, celles qu’elles portent dans le lit, ou quand elles sont en déshabillé.

Coëffe signifie quelquefois femme, comme chapeau signifie homme. Nous étions dix coëffes & autant de chapeaux. Expression populaire.

On dit bassement, cela est triste comme un bonnet de nuit sans coëffe. Les femmes disent aussi d’une marchandise dont elles n’ont point d’envie, je n’y porterois pas mes coëffes.