Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CLIENT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 638).
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CLIENT, ENTE. s. Cliens. C’étoit chez les Romains celui qui se mettoit sous la protection d’un puissant Citoyen, lequel s’appeloit par cette relation patronus, patron, & de son côté devoit à ses cliens sa protection & son secours. Ce patron assistoit le client dans ses besoins, & le client donnoit son suffrage au patron, quand il briguoit quelque Magistrature.

Ce mot vient de cliens, qui est dit comme colens, honorant. Les cliens doivent le respect à leur patron, comme celui-ci leur devoit sa protection. La condition des cliens n’étoit proprement qu’un esclavage un peu adouci. Peu-à-peu cette coutume s’étendit plus loin : non-seulement les familles, mais les villes, & les Provinces entières, même hors de l’Italie, suivirent cet exemple. La Sicile, par exemple, se mit sous la protection de Marcellus. Le patron ne pouvoit rendre témoignage contre son client. Zazius & Budée ont rapporté l’origine des fiefs aux patrons & cliens de l’ancienne Rome ; mais il n’y a pas la même relation entre le vassal & son Seigneur, qu’entre le client & son patron ; car les cliens, outre le respect qu’ils devoient rendre, & le suffrage qu’ils devoient donner à leurs patrons, étoient obligés de les aider dans toutes leurs affaires, & même de payer leur rançon s’ils étoient faits prisonniers à la guerre, en cas qu’ils n’eussent pas assez de bien pour payer eux-mêmes.

On a appelé aussi quelquefois cliens, les vassaux à l’égard des Seigneurs, qu’on nommoit leurs patrons, comme témoigne Budée, & aussi leurs Ecuyers & leurs Courtisans ; & on appeloit clientèle, toute leur famille & leurs domestiques.

Client se dit maintenant d’un plaideur qui a mis sa cause entre les mains d’un Avocat, ou d’un Procureur, pour la défendre. Il se dit aussi par rapport aux Juges, & dans ce sens, il signifie les plaideurs qui les sollicitent.