Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CLANDESTIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 623).

CLANDESTIN, INE. adj. Qui se fait secrettement, en cachette, & contre la Loi. Son principale usage est, en parlant des mariages & des assemblées. Clandestinus. Assemblée clandestine, Mariage clandestin. Le Concile de Trente & l’Ordonnance annullent les mariages clandestins.

Il paroît par plusieurs Chapitres du titre de Clandestina desponsatione, dans les Décrétales de Grégoire IX, qu’autrefois on appelloit clandestin, tout mariage qu’on ne pouvoit prouver par témoins avoir été célébré, quoiqu’il l’eût été en présence d’un Prêtre. Dans les Cours laïques, on appelle mariage clandestin, celui qui se fait sans garder les solemnités prescrites par les Canons & par les loix civiles, & on réduit ces solemnités à quatre choses. La premiere, c’est d’avoir dans les mariages des enfans de famille, le consentement de leurs parens. La seconde, c’est la publication des bans. La troisieme, c’est la bénédiction Sacerdotale. La quatrieme, c’est la présence du Curé & des témoins. Confér. d’Ang. Mais, à parler selon l’esprit du Concile de Trente, il n’y a que les mariages que l’on contracte hors de la présence du Curé, ou de quelqu’autre Prêtre commis par lui, ou par l’Evêque Diocésain, & de deux ou trois témoins, qu’on puisse appeler proprement clandestins ; car la clandestinité dont le Concile a fait un empêchement dirimant, ne convient qu’à ces sortes de mariages. Id. Quoique ces sortes de mariages clandestins fussent illicites avant le Concile de Trente, comme étant défendus par l’Eglise, néanmoins ils n’étoient pas invalides, parce que l’Eglise ne les avoit pas encore rendus nuls. Même, depuis ce Concile, ils ne sont pas censés nuls & invalides dans les lieux où les Décrets du Concile n’ont été ni publiés, ni reçus.

Ce mot vient de la préposition clàm, qui vient ou de κλεία (kleia) claudo, ou de κλέμμα (klemma) furtum, de σκεπάζο (skepazo) furor, abscondo.