Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHEVREAU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 528).
◄  CHÈVRE

CHEVREAU. s. m. Le petit d’une chèvre, Hædus. On mange des quartiers de chevreau, aussi-bien que des quartiers d’ageau. On l’appelle autrement cabrit. Les Anciens disoient chevrel, à cause qu’ils prononçoient en el tout ce que nous prononçons en eau. Chastel, pour château, & bel pour beau. Borel dit avoir lu ces mots dans un certain Auteur ; il print un mourcel de pel de chevrel ; pour dire, il prit un morceau de peau de chevreau. Le chevreau a toujours passé pour un mêts excellent, & les Anciens en servoient dans leur plus magnifiques repas. L’Ecriture nous en fournit plusieurs exemples à l’égard des Hébreux, comme Gen. XV, 9 ; XXX, 32, 35 ; 'XXXI, 38 ; XXXII, 14 ; I Liv. des Rois, XVI, 20 ; Jug. XIII, 15, &c. Il y a peu de festins dans Athénée où les chevreaux ne se trouvent au nombre des plus excellens mêts. Voy. L. I, c. I, L. IV, c. 6, L. IX, c. 3, c. 13. Juvenal, Sat. XI, vante la bonté d’un jeune chevreau du territoire de Tivoli. En France on en mange beaucoup en quelques Provinces. Les chevreaux de Poitou sont les meilleurs ; & on les compare en bonté à ceux d’Italie, De la Mare, Tr. de la Pol. L. V, T. XXII, où il cite Nonius de Re Cibar. L. II, c. 6. La chair d’un chevreau, qui est encore sous la mere & ne s’est nourri que de lait, est excellente, & bonne pour la santé. A deux & à trois mois, les chevreaux sont bons ; on en peut manger jusqu’à six mois, mais ils sont moins bons. Cette chair est de facile digestion, nourrit beaucoup, & on l’estime très-salutaire aux personnes convalescentes, à cause de ses sucs huileux & balsamiques. Idem.

☞ Malgré tous ces éloges de la chair de chevreau, il faut convenir qu’elle est fade, humide & glaireuse, & que bien des estomacs ne s’en accommodent pas.

Le chevreau étoit la victime la plus ordinaire du Dieu Faune, & des autres Dieux champêtres.