Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHATOUILLER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 485-486).

CHATOUILLER. v. a. Toucher légèrement quelque partie du corps. ☞ de manière qu’on n’excite dans les nerfs qu’un léger ébranlement, un mouvement doux & modéré qui accompagne le plaisir. Titillare. On chatouille les personnes aux hanches, à la plante des piés. Voyez Chatouillement. Malherbe a dit, chatouiller son ame ; pour dire, se flater de quelque espérance, s’entretenir agréablement dans quelque douce pensée.

Mais, ô rigueur du sort ! tandis que je m’arrête
A chatouiller mon ame en ce contentement,
Je ne m’apperçois pas que le destin m’apprête
Un autre partement.

Ce mot vient de catullare, qu’on a dit pour catullire. Les Picards disent encore catouiller. Ménage.

Chatouiller, se dit aussi de ce qui flatte agréablement les sens. Causes des sensations agréables. La Musique chatouille l’oreille. Les bonnes odeurs chatouillent le nez. Les bonnes saveurs chatouillent le goût.

Un Auteur vertueux, dans ses vers innocens,
Ne corrompt point le cœur en chatouillant les sens.

Boileau.

On le dit figurément de l’esprit. Les applaudissemens chatouillent l’esprit. Ce discours chatouille bien sa vanité. La louange chatouille & gagne les esprits. La Font. Pertentare.

On dit, en termes de Manége, chatouiller de l’éperon. Stimulos leviter admovere, stimulos perstringere. Toucher légèrement un cheval avec l’éperon.

On dit proverbialement qu’un homme se chatouille pour se faire rire, quand il rit sans sujet apparent, ou qu’il s’excite lui-même à rire, quoiqu’il n’en ait point de sujet.

Chatouiller le remède. Terme de Monnoie, qui se dit quand le Maître approche extrêmement du remède tout entier, sans néanmoins l’excéder. Voyez Remède de Loi.

Chatouillé, ée. participe. Il se dit au propre & au figuré.

Mon odorat par vos vers éveillé,
Par d’autres vers plus ne fut chatouillé. R.