Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHAPELAIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 440-441).
◄  CHAPEL
CHAPELAINE  ►

CHAPELAIN. s. m. C’est proprement celui qui est pourvu d’une Chapelle ou Chapellenie, formant un titre de Bénéfice. Sacrario præfectus, Capellanus.

On appelle aussi Chapelain, un Prêtre qui vient dire ordinairement la Messe dans les maisons particulières, ou qui dessert une Chapelle dans une Eglise.

Chapelain, dans l’Ordre de Malte, autrement Diaco, & Clerc Conventuel. C’est le nom qu’on donne au second ordre de l’Ordre de Malte. Les Chevaliers font le premier, & les Servans-d’Armes le troisième.

On appelle aussi Chapelains les Officiers Ecclesiastiques de la Maison du Roi & des Princes, qui servent à leurs Chapelles. Il y a huit Chapelains de l’Oratoire du Roi servans par quartier. Les premiers Chapelains ont été ceux qui gardoient la chape de S. Martin, & les autres reliques que les Rois avoient dans leurs Palais, & qu’ils portoient à l’armée, comme témoigne Walafridus Strabo. Les Aumôniers du Roi s’appeloient autrefois Chapelains. Guillaume de Mesines étoit premier Chapelain de S. Louis. Ce Prince lui donna son Livre de prières : c’est un in-folio écrit à la main en caractères gothiques, & orné de mignatures, qui étoient fort belles en ce temps-là, & qu’on estime encore aujourd’hui, à cause de la beauté des couleurs, & sur-tout de l’or, qui ne s’écaille point. Guillaume de Mesines laissa en mourant ce Livre aux Cordeliers de Paris, d’où il passa entre les mains du Chambellan du Duc de Bourgogne, de qui ce Prince l’eut : ensuite les Rois d’Espagne l’ont eu par Marie, fille unique & héritière de Charles, dernier Duc de Bourgogne, Philippe II, Roi d’Espagne le porta en Angleterre, & le laissa à Marie, fille d’Henri VIII & de Catherine d’Arragon. Ce Livre, après avoir appartenu aux plus grands Princes de l’Europe, fut rapporté d’Angleterre en France par M. de Bellièvre, qui le rendit à MM. de Mesines, ses premiers maîtres : il est dans la Bibliothèque de M. de Mesines, ci-devant premier Président du Parlement de Paris.

Chapelains du Pape, sont les Auditeurs ou Juges des causes du sacré Palais. Controversiarum sacri Palatii Judices. Ils ont été ainsi nommés, parce que le Pape donnoit autrefois audience dans sa Chapelle, pour juger les questions sur lesquelles il étoit consulté de tous les endroits de la Chrétienté. Il y appeloit pour Assesseurs les plus savans Légistes du temps, qui pour cela étoient appelés ses Chapelains ; & c’est des décrets qu’ils ont donnés autrefois qu’est composé le corps des Décrétales. Ils ont été réduits au nombre de douze par Sixte IV.

S’il étoit vrai que ce mot Chapelains, comme on l’a remarqué ci-dessus, eût été dit d’abord de ceux qui gardoient la chape de S. Martin, il se seroit formé de capa, & non pas de capella, fait de capsula ou capsa, & signifiant une châsse, comme d’autres le pensent : mais les noms de Capella & Capellanus ne sont connus, ni du temps de S. Martin, ni dans le siècle suivant. Quelques Auteurs disent que les châsses des Reliques étoient couvertes d’une espèce de tente, ou cape ou capelle, c’est-à-dire, petite cape, & que c’est de-là que les Prêtres qui en avoient soin furent nommés Chapelains. Dans la suite ces reliques furent mises dans une petite Eglise, ou attenante à une grande, ou séparée, à laquelle on donna le nom de chapelle, que l’on donnoit à ce qui couvroit la châsse ; & les Prêtres qui avoient soin de ces chapelles, s’appelèrent de même Chapelains : & de-là tout Clerc desservant une Eglise fut appelé de ce nom. Voyez M. Du Cange dans son Glossaire. On trouve dans quelques anciens titres Cabellanarius, pour dire Chapelain.