Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASTOR ET POLLUX

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 310-311).
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CASTOR ET POLLUX. Météore ; vulgairement, le feu Saint Elme. Les Physiciens donnent le nom de Castor & Pollux à ces doubles feux que les matelots apperçoivent au haut de leurs mâts & de leurs cordages, après une grande tempête : il y en a quelquefois quatre ou cinq. ☞ Lorsqu’on n’en voit qu’un, on le nomme proprement helme : quand on en voit deux, Castor & Pollux, Voyez Feu s. elme.

En Astronomie on appelle le signe des Gémeaux Castor & Pollux. C’étoient deux frères jumeaux, fils de Jupiter transformé en cigne, & de Leda femme de Tyndare, & frere de la fameuse Hélène & de Clytemnestre. Ils naquirent de deux œufs, Pollux & Hélène enfans de Jupiter, dans un, Castor & Clytemnestre dans l’autre. Ils étoient de l’expédition de la Toison d’Or avec les autres Argonautes. On les appeloit aussi Tyndarides, c’est à-dire, fils de Tyndare ; & Dioscures, qui signifie fils de Jupiter. C’est le nom qu’avoit le vaisseau qui porta saint Paul de Malte à Syracuse, puisqu’il en avoit l’enseigne. Act. XXVIII, II. On les nommoit aussi les Castors au pluriel. Les Poëtes disent que Jupiter avoit donné l’immortalité & la divinité à Pollux son fils ; mais qu’il la partagea avec son frère Castor, en sorte qu’ils montoient au ciel, & descendoient aux enfers alternativement l’un après l’autre. Cela est fondé sur ce que les étoiles des Gémeaux ne se voient jamais toutes deux ensemble, & que, si l’on en croit Servius, sur Virgile, Enéïde, Liv. VI, v. 121, l’une se couche toujours lorsque l’autre se lève. Tacite, De moribus Germ. cap. 45, dit que les Naharvales, peuples de Germanie, adoroient Castor & Pollux. Voyez sur ces Dieux, Vossius, de Idolol. Lib. III, c. 10 & 19.

Les étoiles de Castor & de Pollux, avec ce mot Cum luce salutem, est une devise du Lucarini pour un Sénateur de Milan. A l’entrée du Cardinal Ferdinand d’Espagne à Milan, le P. Velli fit pour ce Cardinal & pour le Roi Philippe son frère cette devise ; les mêmes étoiles, avec ce mot de Claudien, Ipsis domantibus auras.