Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASTOREUM

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 311).

CASTOREUM. s. m. Terme de Pharmacie. C’est une matière enfermée dans les poches que le castor a vers ses aines, & qu’on a pris faussement pour ses testicules, comme on l’a dit ci-dessus au mot Castor. Elle s’épaissit & se dessèche, de sorte qu’on peut la réduire en poudre : elle est huileuse, d’une odeur forte désagréable, d’un goût piquant & amer. Le castoreum est propre pour fortifier la tête, & toutes les parties nerveuses : il excite les esprits languissans, résiste aux venins, & provoque les mois des femmes. On s’en sert dans la léthargie, apoplexie, vestige, tremblemens, suffocations des femmes, & dans plusieurs autres occasions. On dit que le castoreum a la propriété singulière & chimérique de pousser à fond quand il est répandu dans l’eau. Les pêcheurs de Danemark s’en servent pour écarter de leurs barques certaines baleines qui les incommodent ; ils le jettent dans la mer, dont il trouble l’eau en s’y mêlant. Bartholin rapporte qu’un fameux Plongeur qui étoit sur un vaisseau qui fit naufrage, fut le seul du vaisseau qui périt, quoiqu’il sût fort bien nager, & qu’il y a lieu de croire que le castoreum qu’il avoit sur lui, fut cause de sa mort. Le fait peut-être vrai, sans que le castoreum y soit pour quelque chose.

Le mot castoreum vient du mot castor, qui est le nom de l’animal qui le donne.