Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CARÊME-PRENANT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 267).
◄  CARÊME
CARENAGE  ►

CARÊME-PRENANT, s. m. On appelle ainsi le jour du Mardi qui précède le Carême, & quelquefois tous les trois jours gras qui précèdent le Mercredi des Cendres. Geniales ante quadragenarium jejunium dies. On disoit autrefois carême-entrant. Les Gascons disent Carmentran ; & dans la basse latinité on a dit Carmentranus. Du Cange. On a aussi appelé carniprivium, le Carême ; & carnivora le Mardi gras, à cause que ce jour-là on consume tout ce qui reste de chair ; & carnicapium, en espagnol Carnes tollendas. Carême-prenant est du style familier.

On appelle aussi des Carêmes-prenans, des gens du peuple qui se masquent de cent façons ridicules, & qui courent les rues. Plebecula larvata.

On dit aussi des personnes mal mises qui mettent des habits extraordinaires, qu’ils sont habillés en vrais Carêmes-prenans. On dit que vous voulez donner votre fille à un Carême-prenant. Mol. Vous voilà fait comme un Carême-prenant.

On dit proverbialement, qu’il faut faire son Carême-prenant avec sa femme, & Pâques avec son Curé. On dit aussi populairement, tout est de Carême-prenant : pour excuser certaines libertés que l’on croit plus permises ce jour-là.