Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANEVAS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 209).
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CANEVAS. s. m. Grosse toile & serrée dont on se sert pour doubler les pourpoints & les corps-de-jupe, pour les tenir en état. Tela cannabina.

Ce mot vient de cannabaceus, qui a été fait de cannabis. Ménage. À Lyon on appelle encore Marchands Canabassiers, les Marchands de grosse toile. On a dit autrefois Canivatz. Il se trouve dans les Actes de Saint François de Paule, Acta SS. April. Tom. I, p. 151, E.

Canevas. Grosse toile qui sert à couvrir des ballots. Cette toile s’appelle communément serpillière, & non canevas.

Canevas, est une toile grosse, mais fort claire, & tissue fort régulièrement en petits carraux, dont on s sert ordinairement pour faire des ouvrages de tapisserie.

Quoi qu’il en soit, sans autre apprentissage
L’aiguille en main, je me met à l’ouvrage ;
Du canevas' que j’avois en partage
En quatre coups je couvris un quartier ;
Clerc de notaire, ou même Greffier,
En moins de temps n’auroit rempli sa page.

On appelle figurément canevas ☞ les paroles qu’on fait d’abord sur un air, sans avoir égard au sens & pour représenter seulement la mesure & le nombre des syllabes que l’air demande, & qui sert de modèle pour faire d’autres paroles suivies. Faire un canevas sur un air. On le dit aussi des paroles suivies qui se font sur un air, d’après un modèle ou sans modèle.

Canevas se dit encore figurément du premier projet de quelque ouvrage d’esprit, d’un poëme, d’un Roman, &c. Argumentum, materia scribendi. J’ai du Canevas pour dix Sonnets contre les Muses, disoit du Lot. Mezeray a fait le Canevas du Dict. de l’Acad.