Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANAILLE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 199).
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☞ CANAILLE. s. f. Terme injurieux qui s’applique à la plus vile populace. Populi fœx infima, plebecula. Fréquenter la canaille. La canaille est à craindre. Ablanc. Il étoit appuyé de la canaille. La canaille soutenoit son parti. Il n’y a que la canaille qui profite dans les émotions publiques. Un bâteleur est suivi de la canaille.

☞ On le dit figurément des gens pour lesquels on veut témoigner du mépris. Ce ne sont que des canailles.

On appelle quelquefois, canaille, par jeu, & par badinerie, de petits enfans qui font du bruit ; chassez-moi cette canaille ; faites taire cette petite canaille.

Ce mot vient, selon Ménage, de canalia, comme qui diroit une bande de chiens. D’autres le dérivent de canicola, ou canalis, qui étoit un lieu à Rome où les gens de basse condition s’assembloient. D’autres le dérivent de l’italien canaglia, qui signifie la même chose. Lipse dit qu’il vient du mot de chien, à cause d’une vieille coutume qui vouloit que ceux qui étoient condamnés au supplice portassent un chien pour marque d’infamie.

Autrefois on disoit & on écrivoit chiennaille, ce qui confirme le sentiment de ceux qui dérivent le mot de canaille, de chien.