Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALIXTIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 177).

CALIXTIN. C’est le nom qu’on donne à ceux d’entre les Luthériens qui suivent les sentimens de George Calixte, célèbre Professeur en Théologie parmi eux. Calixtini. Il a publié un grand nombre de Livres, tant sur l’Ecriture, que sur des matières qui regardent la Théologie. Dans la plupart il se montre fort contraire aux opinions de S. Augustin sur la prédestination, sur la grâce, & sur le libre-arbitre ; en sorte que les Calixtins passent pour demi-Pélagiens : & c’est ce qui a fait dire à M. Bossuet Evêque de Meaux, dans son Histoire des Variations, que les Luthériens sont devenus véritablement demi-Pélagiens. Il rapporte là-dessus une Epitre de Calixte, où ce fameux Sectaire dit, qu’il reste dans tous les hommes quelques forces de l’entendement, de la volonté & des connoissances naturelles ; & que s’ils en font un bon usage en travaillant autant qu’ils peuvent à leur salut, Dieu leur donnera tous les moyens nécessaires pour arriver à la perfection où la révélation nous conduit. Il ne faut pas néanmoins confondre tout le parti Luthérien avec les Calixtins, qui ont formé une Secte particulière dans ce parti.

La doctrine des Calixtins consistoit d’abord en quatre articles. Le premier concernoit la coupe. Les trois autres regardoient la correction des péchés, tant publics que particuliers, qu’ils portoient à certains excès ; la libre prédication de la parole de Dieu, qu’ils ne vouloient pas qu’on pût défendre à personne ; & les biens de l’Eglise. Bossuet. Il y avoit là quelque mélange des erreurs des Vaudois. Ces quatre articles furent réglés dans le Concile de Bâle, d’une manière que les Calixtins furent d’accord, & la coupe leur fut accordée à certaines conditions, dont ils convinrent. Cet accord s’appela Compactatum, nom célèbre dans l’histoire de Bohème. Id.

On appelle aussi Calixtins les peuples de Bohême, qui vouloient communier sous les deux espèces, & qui croyoient que le calice étoit nécessaire à tous les fidèles. Cette Secte s’éleva au XVe siècle. Elle eut pour Auteur un nommé Jacobel, auquel succcda Roquesane son disciple, homme ambitieux, qui n’ayant point obtenu l’Archevêché de Prague qu’il demandoit, empêcha la réunion des Calixtins à l’Eglise Catholique. Selon Raynald Hist. Eccl. l’an 1524, ils n’étoient point hérétiques, mais seulement schismatiques.

On dit qu’il y a encore des Calixtins en Pologne.

Ce mot vient du latin calix, calice ; & je ne sais pourquoi quelques Auteurs François écrivent Callistins ; Calixtins paroît mieux. En latin je ne trouve point autrement que Calixtini, dans Sponde à l’an 1422, & dans Raynaldus que j’ai cité. Tout au plus si l’on adoucit la prononciation de l’x, il faut dire Calistins, & non point Callistins. Voyez M. Bossuet. Hist. des Variat. L. XI.