Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALENDES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 170-171).
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CALENDES. s. f. C’est ainsi que les Romains nommoient le premier jour de chaque mois. Calendæ. On se sert encore aujourd’hui dans la Chancellerie Romaine de cette façon de compter, & on y date toutes les provisions des Bénéfices, des Calendes de Janvier, de Février, quand on les accorde les premiers jours de ces mois-là. C’étoit aux Calendes de Mars que les Romains avoient coutume de faire leurs contrats, parce que l’année avoit commencé par ce jour-là, lorsque les Romains ne donnoient que dix mois à leur année.

Ce mot est venu du latin calare, parce que le jour des Calendes, qui étoit le premier jour du mois, le Pontife publioit à haute voix quel jour seroient les Nones, ou le cinq ou le sept du mois ; ou plutôt, parce que dans les commencemens le petit Pontife avoit la charge d’observer quand le croissant de la lune commençoit à paroître, pour l’annoncer au peuple, ce qu’ils appeloient calar. Macrob. L. I, ch. 15 & 16. Calare venoit apparemment du grec καλέω, voco, qui vient de l’hébreu קול, voix, d’où s’est fait en arabe קל, Cala, c’est-à-dire, parler. Les Calendes étoient dédiées à Junon, selon Varron. C’étoit un jour fatal pour les débiteurs, parce que le terme des contrats expiroit ce jour-là ; c’est pourquoi Horace les appelle tristes & incommodes. On les comptoit en rétrogradant, en sorte que le 14, Décembre étoit marqué le 19 avant les Calendes de Janvier. Voyez Mois. Pour trouver le quantième que nous avons des Calendes, il faut voir quel nombre de jours il reste au mois dans lequel on est, & ajouter deux à ce nombre. Par exemple, si l’on est au 22e d’Avril, on est au 10e des Calendes de Mai, car Avril a 30 jours ; de 30, otez 22, reste 8 ; ajoutez 2, reste 10.

Quelques Grecs ignorans ne voyant pas d’où venoit ce mot imaginèrent que sous un des Antonins, ils ne disent pas lequel, il y eut une grande famine à Rome ; que trois hommes, nommés Calendus, Nonus & Idus, nourrirent la ville, l’un pendant dix-huit jours, & l’autre pendant huit, & le troisième pendant quinze ; qu’en mémoire de ce bienfait, ils obtinrent qu’on donneroit leur nom à autant de jours du mois, qu’il y en avoit pendant lesquels chacun d’eux avoit nourri le peuple. Cette table se trouve dans Tzetzez, Chil. II, Hist. VI, VII & VIII, & dans Balsamon, sur le 62e canon du VIe Concile. Il est étonnant que des Grecs ayent donné dans cette opinion ridicule ; car long-tems avant tous les Antonins le mot Calendæ étoit en usage, & ils auroient pu le voir dans Ciceron, dans Horace, dans Ovide, dans Tite-Live.

On dit proverbialement, renvoyer un homme aux Calendes grecques, pour dire, le remettre à un temps qui ne viendra point, parce que les Calendes n’étoient point en usage chez les Grecs.

Calendes se dit quelquefois dans l’Histoire-Ecclésiastique pour les conférences que les Curés & les Prêtres faisoient au commencement de chaque mois sur leurs devoirs. Collationes Calendis fieri folitœ a Clericis. Atton de Verceil fit un Capitulaire ou instruction générale à son Clergé & à son peuple, distribuée en cent articles, & tirée principalement du Capitulaire de Théodulphe, & des Conciles. Il y recommande les Calendes, c’est-à-dire, les conférences des Curés & des Clercs au commencement de chaque mois, pour s’instruire de leurs devoirs : ce qui semble n’avoir commencé qu’au siècle précédent, comme on voit par les Statuts Synodaux de Riculphe de Soissons. Fl. C’est-à-dire, au IXe siècle.

☞ Il y a eu aussi autrefois, principalement en Allemagne, des confréries, dont les membres s’appeloient frères des Calendes, parce qu’ils s’assembloient le premier jour de chaque mois, pour régler les différens actes de piété dont ils devoient s’occuper pendant le mois.