Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALENDER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 170).
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CALENDER. s. m. Nom d’une espèce de Derviches, ou Religieux de Perse & de Turquie. Calenderus. Les Calenders tirent leur nom de Santon Calendri leur fondateur. C’est une secte d’Epicuriens, plutôt qu’une société de Religieux. Ils ne s’adonnent qu’aux plaisirs, ne croyant pas qu’un cabaret soit un lieu moins saint qu’une mosquée. Comme ils ne sont pas moins voleurs que débauchés & charlatans, pour ne les point recevoir dans les maisons, on a bâti de petites chapelles proche des mosquées, où on les oblige de se retirer. Malgré tous leurs vices, outre le nom de Calenders, on leur donne encore celui d’Abdallas, c’est-à-dire, serviteurs de Dieu. Castel dit que ce n’est qu’en Perse qu’on leur donne ce beau nom. Voyez d’Herbelot à ce mot & Vigenère dans ses Descript. des Magistrats & Officiers Turcs, p. 23, où il les représente comme très-austères, au moins en apparence.

Ce nom כלנדר, Calender ; selon Meninski, signifie un solitaire, un Moine Mahométan, ou bien un vagabond, qui se rase la barbe & les cheveux. Castel dit qu’il signifie un homme qui renonce au mariage, à sa famille, à tout ; Meninski admet encore cette signification. Ainsi, selon Castel, il vient de קל, mis apparemment pour כל, tout, & אנדר, quatrième conjugaison arabe de נדר, dans laquelle il signifie ôter, retrancher. Calender est celui qui se retranche tout, & je ne vois pas où les Auteurs du Moréri ont pris que les Calenders ont été appelés Kalanderans, parce qu’ils mangent tout ce que leurs Auditeurs leur donnent, & prennent tout l’argent qu’on leur présente. Je ne trouve rien dans les langues orientales qui conduise à cette interprétation ou à cette étymologie.