Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BURGAU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 115).
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BURGAU. s. m. Limaçon qui se trouve dans les mers des Îles Antilles. Quelques-uns écrivent BURGAULT, & d’autres BOURGO, comme Denys dans sa Descript. de l’Amérique septentrionale, P. I. C. 3, où il dit que vers la baie de Sable en Acadie, on pêche force coquillages, & entr’autres des Burgos. Les Burgaus sont aussi communs dans les mers de nos Îles, qui sont bordées de rochers, que les limaçons le sont en France. P. du Tert. Voyez aussi Lonvillers, Hist. nat. des Ant. Liv. I, ch. 19, art. 4. Il y en a de deux sortes : les premiers & les plus communs croissent quelquefois jusqu’à la grosseur du poing ; mais ordinairement ils n’en excédent pas la moitié. C’est de leur coquille que les ouvriers en nacre tirent cette belle nacre, qu’ils appellent la burgandine, & qui est plus estimée que celle des perles. Le dehors de cette coquille est gris, brun, noir & blanc ; & quand on l’a bien décrassé, elle devient argentée, & d’une grisaille si lustrée, que tout l’art d’un Emailleur n’en sauroit approcher. Pour cela on la fait passer sur la meule douce, par l’esprit de vinaigre, de sel, ou l’eau seconde, qui lui ôte toute sa crasse, & la fait devenir comme une grande opale marbrée de blanc, de vert & de noir. Le poisson qu’elle renferme a une écaille ronde, noire, & mince comme une feuille de papier, attachée à sa tête, mais qui est plus dure & plus forte que de la corne. C’est une muscle avec lequel ce poisson bouche & serre si fortement le trou de sa coquille, qu’il est impossible de l’en tirer, sans la rompre ; mais quand ils sont cuits, on les en tire aisément. C’est la nourriture ordinaire des gens peu à leur aise. Ce poisson a un certain boudin amer, que l’on dit être fiévreux, & qu’il faut tirer par l’extrémité du limaçon. On ne mange guère que ce qui est tourné en limaçon, & rempli d’une certaine masse verte, que quelques-uns disent être ses excrémens ; d’autres veulent que ce soit les herbes qu’il a mangées, mais qu’il n’a point encore digérées. C’est le sentiment du P. Du Tertre, qui dit aussi que c’est une mauvaise nourriture.

L’autre Burgau, qui est plus petit, n’est estimé que parce qu’il est plus délicatement ouvragé que le premier. Il est plat par dessous, & a un petit trou rond, dentelé, qui va depuis le milieu jusqu’au haut de la coquille, tout en tournoyant comme un limaçon ; cette coquille est de la largeur d’un écu, & de la longueur d’un pouce. P. Du Tert. Hist. des Antiq. T. IV, C. § 5. Voyez Coquillage.

Burgau. Ville & Château d’Allemagne, dans le cercle de Suabe, capitale du Margraviat du même nom, situé dans la Suabe, entre l’Evêché d’Augsbourg & le Danube, appartenant à la maison d’Autriche.