Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRIGUER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 73-74).
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BRIGUER. v. a. Tâcher d’obtenir quelque chose par brigue, par cabale. Ambire, prensare. Quand on peut prouver qu’on a brigué les voix, les suffrages d’une compagnie, l’élection est nulle. A Rome dans les derniers temps on briguoit les charges assez ouvertement : on gagnoit les suffrages par des présens, qui étoient plutôt des corruptions que des libéralités. On rapporte là-dessus un mot célèbre de Crassus, briguant le Consulat, & n’osant flater, ni caresser le peuple devant Scévola, avec lequel il marchoit dans les rues de Rome, il le quitta brusquement : vous m’empêcher, lui dit-il, d’obtenir le Consulat, car je n’ose faire des sottises en votre présence. Voyez Brigue & Candidat.

Briguer, signifie quelquefois rechercher une chose avec ardeur, avec empressement ; & alors il se prend en bonne part pour désigner les voies légitimes d’obtenir quelque chose. Il brigue les bonnes graces de son Prince.

Briguer, avec un infinitif ensuite, est mal. Il lui faut un nom pour régime.

Quoi donc tant de Romain, Tibérinus sons frere
Briguent de me venger, sans espoir de me plaire ?

Voltaire
.

Il falloit dire briguent la gloire, ou l’honneur de me venger.

BRIGUÉ, ÉE, part. Cette charge est bien briguée.