Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRAURONIES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 48-49).
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BRAURONIES. s. f. pl. Fêtes de Diane, surnommée Brauronie, de Brauron, Bourgade de l’Attique, où se voyoit cette célébre statue de la Déesse apportée de la Scythie-Taurique par Iphigénie, & qui y demeura jusqu’au temps de la seconde guerre Persique, durant laquelle Xercès la fit enlever Brauronia. (Pausan. in Attic & Arcad. Pollux, l. 8 c. 9.) Ces fêtes étoient données une fois tous les cinq ans par les Décemvirs surnommés Ἱεροποιοὶ, c’est-à-dire, Intendans des choses sacrées. Hésychius dit qu’on y immoloit une chévre, & que l’on y chantoit l’Iliade d’Homère. L’Ornement de la solemnité étoient plusieurs vierges depuis l’âge de cinq ans jusqu’à dix, habillées de robes de couleur de safran. (Κροκωτὸν) Voici, selon Suidas, l’origine de cer usage. Dans un bourg de l’Attique étoit un ours si apprivoisé, qu’il mangeoit familiérement avec tout le monde, & badinoit sans faire le moindre mal à personne ; mais une jeune fille ayant un jour voulu badiner avec lui d’une manière un peu trop familière, & contraire aux loix de la nature, l’ours se jeta sur elle & la mit en pièces. Ses freres vengèrent sa mort sur le meurtrier. Cette vengeance fut suivie d’une peste horrible qui désola toute l’Attique. Pour en faire cesser les tristes effets, on abandonna à Diane, suivant la réponse d’un Oracle, plusieurs jeunes filles, pour appaiser la colère que lui avoit causé la mort de son ours, & l’on fit une loi qui défendoit à aucune fille de se marier, sans avoir servi de Prêtresse à la Déesse. Harpocration & Hésychius nous apprennent que ces jeunes filles étoient appelées Ἄρϰτοι, ursæ ; & l’initiation Ἀρϰτεία, qu’Aristophane nomme Δεϰετείς, à cause qu’il ne falloit pas avoir plus de dix ans, pour être mise au nombre des filles consacrées à Diane.