Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOULEAU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 995).
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BOULEAU. s. m. Betula. Arbre qui ressemble au peuplier noir, mais qui en diffère par son bois & ses fruits. Son écorce change de couleur suivant son âge, car elle est roussâtre dans les jeunes troncs, blanchatre dans les plus avancés, & gersée sur les vieux pied. Cette écorce se sépare en plusieurs lames plus fines que du papier, transparentes & blanches. L’extérieure est rousse, ou brune, lorsque l’arbre est encore jeune. Ensuite elle blanchit un peu, & on peut en séparer plusieurs peaux déliées : après elle devient plus blanche, & pleine de fentes : au-dessous de cette écorce il y en a une autre qui est fort mince, polie, & transparente. L’écorce des plus grosses branches est aussi blanche, mais celle des plus petites est d’un rouge éclatant. Ses branches sont composées de verges fort menues, longues, pendantes dans quelques individus. Elles sont garnies de feuilles alternes, semblables à celles du peuplier noir, plus petites cependant, d’un vert plus foncé, visqueuses lorsqu’elles sont jaunes, amères au goût, & un peu odorantes. Ses fleurs sont des chatons qui n’ont pas tout-à-fait deux pouces de long, ni plus d’une ligne & demie d’épaisseur ; ils sont à plusieurs écailles, entre lesquelles sont placées des étamines. Les fruits naissent sur le même pied dans des endroits séparés : ce sont d’abord de petits épis étroits qui n’ont pas un demi-pouce de longueur, & qui en grossissant deviennent longs de plus d’un pouce sur cinq lignes environ d’épaisseur. Ils sont verts, cylindriques & composés de plusieurs écailles coupées en trefle, & attachées à un pivot commun qui occupe le centre du fruit ; entre chaque écaille est placée une semence bordée de deux ailes ou feuillets membraneux. Le bouleau donne par incision au printemps une eau douce & agréable qu’on recommande pour les goutteux, les graveleux & les phthisiques, pour ôter les tâches au visage, pour rendre la peau belle, &c. Le champignon qui vient sur le bouleau est merveilleux pour les hémorroïdes. Cet arbre est très-commun en France. Il croit facilement partout.

On se sert des petites branches du bouleau, pour faire des verges & des balais. En plusieurs endroits on en fait des cercles pour relier des tonneaux, & des côtes pour faire des corbeilles. Comme l’écorce est fort résineuse, on en fait des torches pour brûler la nuit. Plusieurs croient qu’avant l’invention de faire du papier, on se servoit de petites écorces blanches de bouleau pour écrire, à quoi elles semblent fort propres.

Ce mot vient de butelellum, ou betula, qui sont deux vieux mots gaulois qui ont été latinisés, comme Pline le témoigne. Mais Matthiole dit qu’il a été appelé betula, à cause du bitume dont il est plein.