Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIGAMIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 898).
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☞ BIGAMIE. s. f. Crime d’une personne qui est mariée en même-temps à deux autres. Digamia, ou Bigamia. Mariage avec deux personnes vivantes, dans le même-temps.

Ce mot vient du grec διγαμία, qui signifie un double mariage.

Bigamie, est aussi une qualité contractée par le mariage de deux femmes qu’on épouse successivement, & par un mariage avec une veuve, ou avec une femme débauchée. La première espèce de bigamie s’appelle réelle, & la seconde, interprétative. La Bigamie cause une irrégularité qui exclut un homme de l’entrée aux Ordres, tant sacrés que mineurs, & qui l’empêche d’exercer ceux qu’il a reçus. Confer. d’Ang. Tr. des Irrégularit. Le Pape Innocent I, dans sa Décrétale à Victrice, Evêque de Rouen, déclare qu’il y a bigamie, & par conséquent irrégularité, quand même le premier mariage auroit été contracté avant le baptême, parce que le mariage n’est pas comme les péchés qui sont effacés par le baptême.

Il y a une troisième espèce de bigamie, qu’on appelle par ressemblance : elle est encourue par le mariage qu’un homme engagé dans les Ordres sacrés, ou qui a fait profession dans quelqu’Ordre religieux, contracte avec une fille : l’Evêque peut dispenser, au moins en certaines occasions, de l’irrégularité qu’elle produit. Ducasse.

Bigamie, se dit aussi dans les choses spirituelles. Quand on possède deux bénéfices incompatibles, de même nature, comme deux Evêchés, deux Cures, deux Chanoinies, sub eodem tecto, &c. on commet une bigamie spirituelle. Voyez la déclaration du Roi, du 12 de Février 1681, sur l’incompatibilité des bénéfices.