Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIÈVRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 897).
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BIÈVRE. s. m. Espèce de loutre & de castor, qui vit dans l’eau & sur terre. Castor, fiber. Cet animal est couvert d’une peau pleine de poils mous & drus. il a la tête semblable à un rat. Ses yeux, sa langue & ses dents, ressemblent aux yeux, à la langue & aux dents, d’un cochon. Son museau ressemble à celui d’un barbet : ses pieds de devant sont semblables à ceux d’un singe, ses pieds de derrière à ceux d’une oie. Le bièvre a au-deçà & au-delà de ses parties naturelles deux tumeurs, de la liqueur desquelles on se sert en Médecine. On prend des bièvres dans la province de Batta, dans la basse-Ethiopie, & leur peau est si chère, qu’elle est du prix d’un esclave ; c’est pourquoi personne n’en porte que par la permission du Roi. Dapper.

Bièvre, est aussi un oiseau de rivière, gros comme une moyenne oie sauvage. Il a le bec long, menu, dentelé, crochu par le bout, & semblable à celui de la piette de mer. Il a une crête sur le cou, la tête grosse & de couleur fauve, & le dessus du dos cendré, tirant sur la couleur plombée. Son ventre est presque blanc, & ses pieds rougeâtres. Ses yeux ne sont pas grands, ses ailes petites, eu égard à la grosseur de son corps ; elles ont une ligne blanche qui les traverse : son bec est long de trois doigts, rouge par-dessous & brun par-dessus. L’on y voit deux trous qui servent à la respiration. Sa queue est ronde comme celle des oiseaux de rivière. Il fait son nid sur les arbres & parmi les rochers. Il a une cavité ou bourse dans le corps, composée de membranes. Elle sert à conserver l’air ; c’est une partie qui est particulière aux oiseaux qui plongent. L’on ne fait pas grand cas de la bonté & de la délicatesse de sa chair. On le nomme en latin mergorum maxima. On le nomme bièvre en françois, parce qu’il est du naturel de l’animal amphibie nommé bièvre, qui fait grand dégat de poisson.

Menage dérive ce mot de bebrus, que les Latin des bas siècles ont dit pour fiber, aussi-bien que baver & beveron. Les Anglois & les Allemands l’appellent bever, les Anglo-Saxons befer. Voyez Castor.

BIÈVRE. Bivara. Petite rivière qui passe à Paris, & qui y sert aux belles teintures de la manufacture des Gobelins. Les eaux de la Bièvre ont des qualités singulières pour les teintures, sur-tout pour celle de l’écarlate. Cette rivière a été nommée Gobelin, d’un Jean Gobelin qui demeuroit sur ses bords. T. Corn. On la nomme aujourd’hui communément la rivière des Gobelins, ☞ & de Gentilly. Après avoir coulé dans les terres de chevreuse, elle passe au Pant-Antoni, Arcueil, à Gentilly, aux fauxbourgs de la porte S. Bernard. Elle entroit autrefois par des canaux dans la ville, & passoit sous la rue de Bièvre. Elle est sujette à des inondations qui ont fait quelquefois de grands ravages.